Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes Dédales du paradoxe temporel.

Dédales du paradoxe temporel.


Nous arrivons sur le boulevard, et continuons à courir, derrière nous, les fuyards poussent des cris aigus et désespérés, Les Dantasques s’emparent de certains d’entre eux en refermant leur puissante mâchoire. Milène m’indique la direction du temple des damnés.


Par-là, vite.


Devant nous, au loin, j’aperçois un homme, figé, qui nous observe. Il est immobile. Alors qu’il s’apprête précisément à rebrousser son chemin, une femme l’interpelle, puis continuant de courir vers sa direction, s’approche de lui et s’écroule à ses pieds. Elle semble le supplier. Puis m’approchant de la scène, Milène me dit.


C’est Guerda, regarde c’est elle, c’est Guerda ! Guerda c’est moi, c’est Milène !


Alors que je continue de courir désespérément pour échapper aux terribles Artrides, je m’approche de l’homme que j’avais aperçu de loin et je peux désormais le voir, et ce que je vois est stupéfiant ! Je me reconnais, c’est moi en train de relever Guerda pour l’aider à fuir vers les dédales de l’oppressante cité noire. Je suis sidéré, comme hébété. J’entends Milène qui me ramène au présent.


Hé ! Pierre tu m’entends ? Bouge-toi, il faut que l’on se sorte de là, et vite ! Ils arrivent, ils sont à nos trousses. Tu me raconteras plus tard ce qui te préoccupe.

Je viens d’être le témoin d’une scène de ma vie qui s’est déroulée il y a plusieurs semaines de cela. Mais en même temps, je réalise que, lorsque Guerda se jeta à deux reprises, à des instants différents, à mes pieds, elle précédât à chaque fois un groupe de personnes dans lequel il me semble avoir aperçu Milène et moi. Mais je le comprends seulement à présent.


Nous arrivons au bas des marches du grand escalier du temple, j’ai une appréhension qui me saisit à la gorge. C’est quand même à l’intérieur que j’ai faillis y passer. Mais je me résous à gravir tout de même le monumental escalier ou errent de nombreuses personnes. elles déambulent nonchalamment, montent, descendent ou l’arpente en long et en large. D’autres, sont assises et certaines nous observent. Nous gravissons les marches quatre à quatre. Je porte toujours la compagne des damnés aux bras. Elle a posé ses mains autour de mon cou. Je tourne furtivement la tête pour mesurer la distance qui nous sépare de nos poursuivants. J’aperçois les Artrides qui ont déjà rebroussés leur chemin tenant fermement en laisse leur Dantasque qui continuent à tirer sur leur lien avec rage dans notre direction.


Nous sommes arrivés au sommet du monumental escalier et nous traversons l’esplanade pour arriver devant l’énorme porte de bronze vert. Je n’avais pas remarqué l’immensité du bâtiment avec ses colonnes ioniques. Je réalise qu’il est une copie du temple historique d’Artémis à Éphèse. En fait c’est ce monument jusqu’aux moindres détails. C’est quelque chose de somptueux. Qui a construit cet édifice ? Et comment s’y sont-ils pris ? Nous pénétrons à l’intérieur de la bâtisse.


— Tu peux allonger Hétolie ici. Merci Pierre d’avoir sauvé notre sœur au péril de ta vie. Nous te serons éternellement reconnaissantes.


— Oui merci Pierre, nous sommes tous deux, désormais, liés spirituellement et pour toujours.


Reprend Hétolie d’une voix faible.


Hé oui mon petit Pierre, Hétolie te sera attachée à tout jamais, et moi, aussi d’ailleurs, eh bien mon salop, tu en as de la chance !


Puis, je suis rapidement entouré de toute la population du temple qui m’observe avec beaucoup d’attention, posant leur main sur mes épaules pour me tapoter en geste de remerciement et de réconfort, pendant que Milène raconte avec enthousiasme notre aventure dans les dédales du palais des Ambassadeurs.


J’observe mon amie gesticuler au milieu de son auditoire, elle est fière d’attirer ainsi l’attention. Je sais bien que Milène est particulière, son espèce, part en chasse, régulièrement, isolées ou en meute. Ce sont de redoutables prédateurs qui traquent leurs victimes avant la mise à mort ou leur capture qui les mènent alors au supplice. Je plains ceux qui, par malheur sont pris, malgré ce que je connais de leur nature malsaine et corrompue. Il est préférable d’être leur ami. Je pense à ce que me disait Milène dans le palais des Ambassadeurs. Elles forment un clan, une race peut être même un ordre dans l’évolution du monde Noir. J’ai compris qu’elles ont un rôle d’équilibre dans l’harmonie de cette dimension existentielle. Je pense que je la captive par ma position d’être humain du monde lumineux, car c’est la première fois, qu’elle croise un être comme moi. Quelqu’un qui lui porte de l’attention, la flatte, et même je peux le dire, de l’affection. Elle se sent considérée.


Juste le temps d’entendre des voix qui disent.


— Regardez, il disparaît ! Il se dissout !


**************


Je me retrouve dans un espace noir d’encre, je sais désormais ou je suis, malgré toujours, un sentiment d’oppression. Je peux néanmoins contrôler ma peur.


— Bonjour, je vous écoute.


— Bonjour Pierre, je me présente, je m’appelle Kraveῆ, je suis, en quelque sorte ton référent, mais nous n’avons pas le temps de rentrer dans des explications approfondies. Il y a là, une fracture temporelle qui s’est insinuée entre ton monde de naissance et celui-ci. Si tu préfères, les différents mondes peuvent être comparés à autant de connexions et glissent dans un rythme temporel qui est propre à chacun. Ainsi, ils ne se croisent jamais. Mais une anomalie s’est infiltrée dans l’ordre universel des choses. Un humain, de ton époque, a découvert et expérimenté une forme de potion qu’un peuple indigène d’Amazonie possédait grâce au don de la communauté des Émissaires depuis prés de deux milliers de vos années. Ils avaient eu la sagesse de l’utiliser avec parcimonie lors de rituels qui leur étaient propres. Mais l’intervention de tes contemporains a provoqué la modification de cette substance en unifiant deux plantes hallucinogènes puissantes. Elles ont provoqué ainsi une modification chimique de votre cerveau libérant votre esprit vers d’autres plans de réalité. Deux de tes congénères ne sont pas retournés dans ta réalité et sont restés coincés dans l’arrière-monde. Mais il y a plus grave, ton monde est en train de subir l’invasion de l’arrière-monde ou monde Noir comme il te plait de l’énoncer. Par un don que tu possèdes et dont nous ne pouvons expliquer la provenance, tu as la faculté de te transporter de ta réalité à la nôtre, c’est la raison pour laquelle la personne que j’évoque a voulu t’utiliser.


Oui je vois qui vous évoquez, il s’agit du Professeur Bernard.



Tu as aimé ce chapitre ?

7 commentaires

Helen Mary Sands

-

Il y a 6 ans

par un phénomène de paradoxe temporel je lis ces pages, je me laisse emporter par ces évocations et ces tourbillons, et pendant ce même temps je suis ailleurs (mais où ?)

Jean-Marc-Nicolas.G

-

Il y a 6 ans

Celà fait partie des mystères de l'univers. Chacun d'entre eux conservent leur mystère de même que nous qui gardons nos secrets.Quant à savoir où tu es,j'espère de tout cœur que ce ne soit pas dans les dédales du monumental palais des Émissaires,ni d'ailleurs chez le maître des mannequins. Merci pour ton soutien.
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.