Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes La venue de l'arrière monde.

La venue de l'arrière monde.

Elle culbute plusieurs personnes, puis en écrase d’autres, mais désormais plus rien ne compte à ses yeux que de se réfugier chez elle.


Dehors, c’est également une atmosphère de fin du monde, des personnes se battent et s’entre-tuent. Les véhicules sont stoppés par la furie de certains. Carole parvient à éviter ces centaines de voitures arrêtées dans les rues. Devant elle, un énorme 4x4 monte sur le trottoir et balaie tout sur son passage. Elle en profite pour s’engager à son tour derrière le puissant véhicule, qui lui ouvre le passage à travers la cohue. Des gens sont pendus aux lanternes, les vitrines des magasins sont fracassées et les commerces pillés. C’est une ambiance de fin du monde qui semble s’installer !


Enfin, elle arrive chez elle sans trop d’encombres. Sa petite bourgade semble plus calme, mais c’est un calme inquiétant. Elle ne traîne pas car la nuit s’est accentuée. Les lampadaires sont demeurés éteints, elle ouvre son portail puis pénètre dans sa propriété. Elle sort de son véhicule actionne son boîtier pour refermer enfin son lourd portail forgé. Mais malgré la nuit noire sans lumières, au moment où le portail allait se verrouiller fermement, elle est saisie brutalement par ce qu’elle entrevoit. Son cœur lui déclenche un choc d’adrénaline et la frayeur envahit son esprit. Son regard se trouble. La terreur la visse au sol.


Des yeux rouges, d’un autre monde, flanqués sur des créatures noires informes, d’une laideur repoussante, se sont approchées de son portail. Elles sont subitement apparues, provenant de l’obscurité la plus profonde, celle d’un autre monde, celle du monde Noir. Carole est parcourue par une révélation. Elle comprend et elle accepte la réalité, comme résignée. Pierre n’était pas fou mais c’est désormais le monde qui est fou. Toujours au bord de la crise de panique, Carole se précipite chez elle montant quatre à quatre les marches d’escalier de son perron puis referme sa porte d’entrée qu’elle verrouille fébrilement. Elle s’affaire hystériquement à fermer toutes les persiennes de toutes les fenêtres de sa maison. Mais alors qu’elle est au premier étage elle entend subitement du bruit dans la cuisine. Des bouteilles qui tintent entre elles, les placards qui s’ouvrent et se ferment.


Carole ne bouge plus, elle vient de réaliser qu’elle a omis de fermer la porte arrière de service. Livide, elle est paralysée par une frayeur indescriptible. Elle n’entend plus que les battements de son cœur qui frappent contre sa poitrine. Elle se décide de verrouiller la porte de sa chambre et d’attendre. Oui mais attendre quoi ? l’arrivée du jour ? Mais il est…au fait quelle heure est-il ? Sa montre s’est arrêtée. Son réveil électronique également. Forcément car il n’y a plus d’électricité. Elle vérifie par acquis de conscience en cliquant nerveusement à plusieurs reprises l’interrupteur de sa chambre mais elle demeure dans la pénombre. Elle pense subitement qu’il y a dans la salle d’eau un autre petit réveil de voyage qui lui, cependant, fonctionne à piles. Elle se précipite dans la pièce voisine mais il est également éteint. Elle a tout à coup un étrange sentiment, l’impression que le temps s’est arrêté. Elle sursaute lorsqu’elle entend ses voisins de droite les « Galland » appelés au secours et pousser des cris de terreur. Mais dans cette nuit cauchemardesque personne ne viendra au secours de personne. A l’extérieur, Carole entend parfois des cris, des tirs d’armes à feu mais aussi des sirènes de pompier ou de police. Elle est si épuisée qu’elle s’endort sous son lit où elle s’est réfugiée.


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Le monte-charge poursuit sa lente descente, Milène me regarde.


— Ecoute moi bien, mon Pierre, ce que tu vas voir, va te choquer, t’effrayer sans doute. Surtout ne t’attarde pas, ne te laisse pas envahir par l’ambiance générale, si tu bascules psychologiquement je ne pourrais pas te récupérer. Alors mes sœurs et moi allons te prendre par la main, et t’entraîner au plus vite vers l’extérieur. Dans cette aire des souffrances, nous perdons nos pouvoirs, Il y a comme une attraction psychique qui plombent les initiatives et enchaînent nos forces. Et puis il y a les Artrides et leurs chiens de garde les Dantasques. Tu sais comme il est difficile de leur échapper. Il faudra courir le plus vite qu’il t’est possible.


La Plate-forme arrive au point zéro, elle est stoppée par une forte secousse.


La grande herse est tirée par les puissants gardiens du lieu. Armés de longues perches terminées par un double crochet en forme d’hameçon, ils tirent à eux les centaines de captifs crasseux et apeurés tandis que les Dantasques assènent des coups de griffes et plantent leurs dents sur les jambes des déportés. La scène qui s’offre à mes yeux semble surréaliste. De toute part et à perte de vue des milliers d’êtres humains, hommes et femmes cloués à une potence sont fouettés par des Artrides armés de longues chaines terminées par une gerbe de crochets. A chaque flagellation, les dizaines de crochets se plantent profondément dans les chairs. Et leurs retours arrachent des lambeaux de chairs assénant de cruelles blessures. Certaines personnes n’ont pratiquement plus de chair et laissent découvrirent les tendons, les muscles ou les organes. Des cris à glacer le sang semblent provenir d’outre-tombe


Mais il y a là une ambiance de folie, une forme de dégénérescence de l’espèce humaine. La vision pénible de ces personnes ne gardant plus que l’apparence d’humain car leur vrai nature s’épanouit uniquement dans la perversion et le vice. je passe sous un des soumis qui m’interpelle puis m’insulte.


Et salopard, viens sucer ma queue.


Les sœurs damnées me tirent et me poussent à la fois, pendant que le débauché s’amuse à redresser son pénis à volonté, d’une érection spontanée puis éjacule avec un éclat de rire lubrique. L’une d’entre elles nous indiquent la sortie.


Par-là, vite sortons !


Nous nous dirigeons vers la sortie en accélérant le pas, accompagnés d’un groupe de personnes, puantes et crasseuses, elles gémissent telles des bêtes traquées que l’on mène à l’abattoir. Derrière nous, les perches crochetées harponnent nos compagnons d’infortune, je remarque que le sol est creusé d’une multitude de rigoles de toute part, dans lesquelles se déversent avec abondance du sang et des matières fécales à profusion. Tout à coup, c’est une des sœurs de Milène qui se fait crocheter à l’épaule laissant sortir un cri de souffrance et de désespoir. Je ralentis, Milène me dit qu’il faut continuer de courir mais je ne peux pas me résoudre à l’abandonner. Je rebrousse mon chemin de quelques pas, Je me saisis de cette saloperie de perche et la tire à moi de toutes mes forces, laissant découvrir des plaies profondes sur l’épaule de la jeune femme. Je la soulève et je la prends dans mes bras, puis je poursuis notre course effrénée, vers la sortie monumentale. Nous atteignons l’extérieur et traversons un parc tapis de cendres, plantés d’arbres calcinés.


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13 commentaires

MiXado

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Il y a 6 ans

Wow, la description est magnifique, j'aime bien le language cru. On remarque une histoire d'amour plus que complexe et ça j'adore !

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Bonsoir merci de m’être fidèle. Oui effectivement les choses de la vie sont toujour complexes seules les histoires à l'eau de rose,les films hollywoodiens tres commerciaux ou les contes paraissent toujours simples

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Alors nous y voilà une pénétration des mondes et mon sentiment est Carole sous le lit et elle s'endort, je vois bien la scène, je me dis qu'il va y avoir une porte de sortie sinon on va être dans le gore sans possibilité de revenir en arrière. Puis tu sautes vers Pierre, j'adore ces transitions dans lequel tu nous fais bien voir le côté parallèle de ces mondes tout en ayant une jonction par un trou dans l'espace temps, une vision d'horreur dans ce probable envahisseur qui trouverait la faille pour ne plus vivre à côté mais avec. A ce jour les scientifiques disposent de la merveille théorie d'Hawking qui dit que "notre univers n'est pas unique mais qu'il existe des univers parallèles qui coexistent." (révélation comme une prémonition avant son décès), imaginons ce rapprochement romancé que tu fais, cela pousse aux frissons. Bonne suite de ton écrit c'est un volcan du bouleversement de mon esprit face à mes convictions profondes de ces mondes qui ne peuvent se croiser sauf à quelques élus comme Pierre->les médiums entre autres ;). Je te suis avec fusion totale à ton histoire. Merci de ce partage.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Merci c'est bien résumé tu ressent bien l'histoire.

Cyril L

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Il y a 6 ans

J'étais un peu en retard... Désolé...

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Mieux vaut tard que jamais. T’inquiète pas
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