Fyctia
Le jour des fous
Pendant que Carole, désespérée, entend les paroles inquiétantes du personnel médical, elle reste plantée là, devant la fenêtre du couloir. Des personnes remarquent quelque chose vers une direction qu’elle ne peut pas encore apercevoir, elles se regroupent plus bas sur le parking de la clinique et dans le parc arboré. Certaines pointent du doigt en direction du ciel, comme pour le préciser à d’autres qui cherchent encore de leur regard perdu pendant quelques secondes. Mais elle a beau essayer de scruter ce qui intrigue les dizaines de personnes qui se sont regroupées pour commenter ce qu’elles observent, elle ne parvient pas à apercevoir quelque chose.
Elle se décide alors à traverser le couloir pour se présenter sur la fenêtre du versant ouest du bâtiment. A ce moment précis une zone d’ombre envahit le ciel recouvrant le parking, le parc arboré puis les autre rues et avenues et enfin à la suite d’un court instant la totalité de la ville. Le soleil a disparu, l’atmosphère devient pesante. Les chants des oiseaux se sont tus, le ciel est devenu lourd d’un noir intense, Carole pense qu’il va se produire un gros orage. Mais ce qui est curieux, c’est qu’il y a encore un instant le ciel était bleu et il n’y avait aucun nuage à perte de vue.
Le plafond nuageux se transforme, il semble tellement bas. A travers cet épais voile cotonneux et crasseux, quelques puissants éclairs crépitent, laissant passer désormais le seul filament de lumière que le monde puisse encore recevoir. Les alarmes des voitures puis celles des maisons environnantes se mettent toutes à sonner, déchirant le vide qui s’installe. Désormais, la nuit a complètement remplacé la lumière du jour. Les éclairages de l’établissement s’interrompent puis se sont le tour des moniteurs cardiaques de s’arrêter, les portes des cellules des sous-sol fermées électriquement ainsi que les grilles de sécurité se désactivent.
Carole commence à entendre des cris d’affolements, mélangés à d’autres cris, mais ceux-là de rage, de colère, des cris de folie ! Elle comprend alors que se sont les malades mentaux les plus dangereux qui remontent précipitamment les escaliers qui les relient aux niveaux supérieurs, que désormais plus rien ne peut séparer.
Ces fous semblent animés d’une extraordinaire énergie, rien ni personne ne peut plus les arrêter! Ils s’emparent de tout ce qui peut blesser ou tuer pour frapper avec acharnement les visiteurs et les autres malades. Ils se ruent dans les chambres et sur le personnel qui tente de les arrêter. Son dernier réflexe est de pénétrer dans la chambre de Pierre désormais vide pour refermer précipitamment la porte et la verrouiller.
A travers la lucarne de verre, elle observe pétrifiée les membres du personnel et le Docteur De Grangier être larder de coups de couteaux ou se faire frapper à coup de barres de métal ou d’extincteurs. Le crâne d’un des médecins éclate sous le choc répété d’une lourde chaise métallique. Elle aperçoit dans la cohue un homme aux yeux exorbités rouge de sang grognant de colère et de fureur, laissant échapper une quantité importante de bave gluante, s’être emparé d’une hache de pompier et se diriger vers le docteur De Grangier.
Elle crie désespérément pour avertir le médecin du danger, tapant également des points contre la lourde porte, mais rien n’y fait. Cette porte est conçue pour isoler les chambres du bruit et du feu. Et puis dans cette mêlée de dégénérés, son cri de désespoir se perd dans le brouhaha général pour terminer dramatiquement par la tête du docteur De Grangier qui tombant lourdement au sol pour rouler vers la porte de la chambre où Carole s’est barricadée et cogner contre celle-ci. Il y a désormais tant de sang au sol que les fous furieux glissent et tombent fréquemment au sol !
Ils réunissent les corps des victimes qui se comptent désormais par dizaines formant avec ceux-ci un épouvantable monticule de cadavres. Certains commencent à en découper des morceaux pour s’en repaître. Devant la vision de cet épouvantable carnage, Carole est prise d’une crise de nerf et ne peut s’arrêter de pleurer ni cesser les spasmes nerveux qui secouent son thorax et l'oppresse au point de ne pouvoir respirer facilement. Elle se glisse au sol, le dos contre la porte.
Puis ce sont tout à coup des coups de pied répétitifs et des coups de poings violents qui secouent avec insistance la porte. Elle est solide mais combien de temps va-t-elle encore tenir ? Une panique animale s’empare d’elle, telle une proie que des prédateurs ont désormais repérée, elle se relève et s’empare du carnet de Pierre et d’un stylo avec lequel elle écrit d'une main tremblante.
"Pierre je suis chez moi si tu te réveilles rejoint moi surtout n’ouvre pas la porte passe par la large corniche extérieure, tu n’es qu’au deuxième étage, tu pourras descendre sans trop de difficultés. Je t’aime mon chéri. Ici tout est devenu noir le personnel et tous les visiteurs ont été massacrés. Surtout n’ouvre pas la porte."
La porte est toujours martelée, les fous se sont emparés d’une lourde table métallique pour tenter de la fracasser. Carole pousse le lit contre celle-ci, puis dans un dernier effort, arrache la barre de rideau pour la passer à travers les poignées archets, fixées sur la porte et le dormant. Elle défonce ensuite la vitre avec la petite table à desserte et enjambe la fenêtre vers l’extérieur pour longer la large corniche. puis elle s’arrête subitement.
Ses clefs de voiture ! Où sont Elles ? Elles sont restées sur la table de chevet, elle retourne rapidement dans la chambre et se saisit du trousseau pour repasser aussitôt la fenêtre éventrée, s’écorchant cruellement l’épaule par un tesson de vitre pointue. Qu’importe, dans la terreur on ne sent plus la douleur !
En bas dans le parc c’est le chaos, quelques fous enragés ont déferlés à travers le parking pour s’acharner sur des pauvres bougres terrorisés, poussant des cris déchirants. Elle se pend sur la corniche et se laisse tomber sur un épais bosquet. Ce gros buisson lui sert de matelas, amortissant bien sa chute, mais l’une de ses branches la harponne sur le bas des reins. Là aussi, qu’importe la douleur vive qui traverse son dos. La terreur s’est emparée de Carole et de toutes les personnes ! Alors fuir, fuir vite, le plus vite possible ! Elle fixe sa voiture comme pour être reliée à elle par un élastique invisible, se met à courir au milieu des mises à mort. Avec son " bip" elle ouvre son véhicule arrivé à quelques mètres de celui-ci puis s’enferme à l’intérieur pour se verrouiller, juste à temps, car un homme hagard se précipite sur elle pour l’embrocher avec une longue barre à mine.
Il commence alors à frapper sur la carrosserie pendant que la clef du démarreur déclenche le moteur. Le temps de passer la première et Carole écrase la pédale de l’accélérateur faisant crisser les pneus arrière ; sa vue s’est floutée, elle ne voit plus grand-chose devant elle, roulant vers le portail de sortie qui par chance est resté ouvert.
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Clair d'eau
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Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans
Clair d'eau
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Jean-Marc-Nicolas.G
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Helen Mary Sands
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Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans
Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans