Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes Le Maître des automates.

Le Maître des automates.

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Nous restons là sur le seuil de ce hall d’exposition. Mon instinct me commande presque de reculer, je me retourne et je contemple la longue coursive sombre, sans fin qui se perd dans la nuit glauque, j’en viens presque à la regretter comme une vieille compagne familière. Tout à coup, subitement Milène s’écrit.


Danger !!


En même temps, elle se transforme prenant sa couleur vert de gris tout en se déformant, ses membres s’allongent et ses pieds ainsi que ses mains deviennent de mortelles armes acérées, tandis que sa bouche forme un champ de plusieurs rangées de dents longues et fines comme des épines de poisson.


Le cri de Milène m’a fait sursauter, mon cœur bat désormais la chamade, après un choc électrique qui l’a subitement réveillé. Elle grimpe précipitamment par une tenture et se fixe sur le plafond. Pendant le temps que j’observe sa réaction, du coin de l’œil, je crois percevoir un mouvement, tandis que j’entends en même temps le craquement d’un disque de phonographe, et une voix déformée qui se met en marche pour chanter une vieille sérénade des années trente « J’attendrai » .


Je reconnais la chanteuse, car mes grands-parents se berçaient de ses chansons, c’est Rena Ketty. Face à moi, la multitude de mannequins semblent atteints d’un soubresaut. Ces pantins désarticulés prennent vie et leur regard qui étaient perdus dans le vide, s’animent. Je feins de reculer mais je me heurte à un mur, je me retourne et c’est à travers une glace invisible que je vois encore le long tunnel noir. Je viens de comprendre que je suis pris au piège.


J’ai beau marteler la surface invisible avec mes poings mais rien n’y fait. Je me retourne à nouveau face aux marionnettes sans fils qui avancent dans ma direction, d’un mouvement saccadé et mal assuré. Leur regard est menaçant, je plaque mon dos et mes paumes de main contre le mur transparent et je me glisse vers le côté. Je remarque tout à coup que chacun d’entre eux tient un scalpel dans sa main et commence à amorcer des mouvements dans le vide comme pour trancher dans l’air.


J’ai l’impression de regarder ces vieux films d’animation qui étaient tournés image par image, mais là je suis dans le film et c’est moi que l’on veut disséquer. Milène, telle une furie s’élance dans la « mêlée », déséquilibrant les poupées en mouvement, mais j’entends en même temps des cris de douleur car les mannequins prenant plus de dextérité, parviennent à entamer sa chair. Quelques-uns d’entre eux se liguent contre elle et subitement, Milène ne parvient plus à rebondir aussi aisément qu’elle le faisait jusqu’à présent, une main puis deux l’ont saisies à la cheville, c’est une troisième qui lui saisit le mollet, une autre encore se saisit de sa vieille robe usée, mais finalement seul un lambeau de tissu lui reste dans la main.


Elle se tourne, se retourne, se contorsionne, telle un élastique difficile à saisir et assène de terribles coups de griffes de ses longs doigts acérées. Elle entame la chair des mannequins comme s’il s’agissait d’une cire molle y creusant de profonds sillons. Leurs membres se détachent, tandis que les visages se déchirent et prennent une forme grotesque de monstres de cirque ! Mais je dois intervenir, j’arrache une des énormes tentures pour les lancer sur ces rangées malfaisantes de poupées tueuses, renversant ces folles agressives par dizaines.


J’arrive à la hauteur du groupe qui s’acharne sur Milène, c’est une scène surréaliste, elles ont été démantibulées par la violence de ses mouvements, alors que certaines n’ont plus de tête ou seulement une partie, d’autres sont privées de leurs membres ; celles qui n’ont plus de jambes, déstabilisées se retrouvent à terre, j’en profite pour écraser brutalement mon talon de pied sur leur tête, leurs membres ou leur torse.


Mon pied pénètre une matière molle, tiède et chaude comme la vie, une impression qui me trouble un instant. Après avoir dégagée Milène, nous nous saisissons par la main et nous nous précipitons vers l’ascenseur. Nous arrivons devant la herse qui reste fermée, j’appuie violemment à plusieurs reprises sur ce gros bouton rouge comme si mon insistance allait accélérer l’arrivée de celui-ci. Un bruit s’est déclenché.


Il arrive.

—Oui mais il faut qu’il arrive très vite putain sinon dans un instant nous allons passer un sale quart heure.


Nos yeux se croisent, Milène pose un regard d’inspection sur moi m’observant de bas en haut.


Merci pour le coup de main, tu as vu, tu saignes, tu saignes beaucoup !


Je n’avais pas remarqué que j’avais une quantité de plaies, des lésions finement découpées mais profondes. Milène était également recouverte de multiples meurtrissures mais elle ne saignait pas. Nous nous retournons pour jauger la situation, les mannequins se reforment lentement, comme si des mains invisibles les remodelaient. Leur visage, puis leur tête, leurs jambes, leurs bras se recomposent puis s’assemblent.


Comme des danseuses classiques, elles se contorsionnent dans tous les sens, leurs jambes et leurs bras se plient, se tordent, se courbent, s’arquent et s’infléchissent, elles donnent l’image d’une vulgaire caricature de l’être humain. Une pâle copie de sa physionomie. Milène s’écrie.


L’ascenseur ! L’ascenseur ! Putain ce satané élévateur des déportés approche ! Jamais je n’aurais cru me réjouir à ce point de son arrivée !


Ce n’est pas un ascenseur qui arrive à ma hauteur mais un immense monte-charge, une vaste plateforme. Les mannequins reprennent le rythme de leur ballet fou et toujours avec un mouvement saccadé se dirigent vers nous. Milène pousse la herse et me tire à elle, puis la repousse pour entendre le clic qui déclenche la reprise de la descente. Juste à temps, car des dizaines de bras passent à travers les mailles du rideau métallique et leurs mains armées de leur scalpel tranchant cherchent à couper dans le vif gesticulant dans des va et vient mortels.


Le monte-charge est rempli de centaines de personnes crasseuses et atones, leur regard perdu. Les plus proches de la herse subissent des blessures cruelles dans leurs chairs profondément lardées en laissant jaillir des giclées de sang éclaboussant le sol et les autres détenus. Le sang se répand partout. Les poupées tueuses sont parvenues à faire plusieurs victimes.


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13 commentaires

Leoden

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Il y a 6 ans

je vous sert un peu de devil may cry, mais sans dante le tueur de démon. excellent, tu me fait passé pour un amateur, quelque part c'est vrai ^^

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Mais non,pas du tout 'tu as tes qualités propres

Clair d'eau

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Il y a 6 ans

Intéressant cette théorie quantique, d'où vient-elle? cela me rappelle la théorie de cause à effet, lorsqu'un événement est toujours lier à un autre ce qui fait que le hasard ne peut exister, bref, histoire à suivre...

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Oui il est clair, que fondamentalement,le hasard n'existe pas,C'est l'homme ,qui a inventé le concept,c'est juste un système de pensée ,quelque chose d'abstrait,de subjectif,une vue anthropique de l'esprit humain pour expliquer ce qu'il ne peut pas expliquer.Nous évoluons en vérité dans une réalité qui dépasse largement ce que nous percevons la lois de cause à effet comprise. Voir la théorie du chat de Schrodinguer.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

merci

Clair d'eau

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Il y a 6 ans

Coup de pouce:)

ChristineS

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Il y a 6 ans

Mon aide +30 avec mon rattrapage lecture, j'ai adoré lire et les rebondissements multiples me plaisent. Où Pierre sera au prochain chapitre ? Est ce que Milène aura une part dans le dénouement ? Le professeur Thaubh et Bernard ne sont pas si bienveillants ! La Madame Berton est perdue le fait plonger, alors je pense que l'amour pour Carole pourra être la clé avec l'aide des émissaires et des anachorètes, non ?

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Je suis tellement heureux de pouvoir emmener mes lecteurs dans mes voyages d'outre monde. Les professeurs ont noués des contacts avec ce monde depuis quelques années mais Pierre ne le sait pas encore.Il existe dans ce monde Noir,L’arrière monde comme le nomment les Émissaires,un lieu,ou évoluent des créatures encore plus terrifiantes que ce que Pierre a rencontré jusqu'alors bien au delà de ce que nous puissions imaginer. Elles sont le reliquat non plus de l’espèce humaine mais d'une autre civilisation,celle ci ,bien plus évoluée que la notre qui a oublié désormais le produit de ses propres erreurs! Ces créatures existent au confins du monde Noir .On pourrait dire que l’arrière monde de l'arrière monde.Je te dévoile en exclusivité une petite partie de ce qui va arriver.Carole est la personne qui pourrait le sortir de son état d’âme,en lui prodiguant de l'amour.Elle est jeune,a beaucoup de caractère ,sait ce qu'elle veut et n'a pas été atteinte par les drames de la vie.

FleurD'or

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Il y a 6 ans

Je vois XD Mais quel monde ! Quel est le lien qui va réunir tous ces mondes et Pierre ? Que va-t-il faire pour s'en sortir ? si il s'en sort.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

C'est plus compliqué que cela du moins dans notre esprit d'humain.Dans la théorie quantique il existe un principe qui consiste a penser que chacun de nos actes créé une nouvelle possibilité cela s'appelle univers alternatifs.Suppose que tu adore peindre mais tu est médecin,et bien dans un monde parallèle,il existe un "TOI" qui est peintre mais dont le passe temps consiste a lire des bouquins sur la médecine.Tu as rencontré étant jeune un garçon qui te plaisait beaucoup mais tu rates un RDV et vous vous perdez de vue quelques années plus tard tu le rencontre avec ton maris et tes deux enfants et bien il y a un monde alternatif dans lequel tu n'as pas raté ce RDV et vus vous êtes maries avaient eux des enfants et tu rencontre le copain avec lequel tu t’étais marié dans le premier monde. Merci de m'avoir lu .Vraiment merci beaucoup et je reste à ta disposition si tu as besoin que nous développions plus en avant cette théorie des mondes alternatifs.
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