Fyctia
Le gardien.
J’ai l’impression de ne pas voir la fin de ce long couloir, comme le précédant au niveau supérieur, mais où donc cette femme veut elle m’emmener ?
Le sol est mouillé, j’entends les clapotis de nos pas lourds à cause des infiltrations d’eau dégoulinant le long des parois. Nous dépassons de nombreuses allées transversales, puis nous arrivons à la hauteur d’une galerie, qui s’enfonce par un escalier étroit et courbe. Mais là encore, le temps de descendre me paraît long.
Nous dévalons les unes après les autres, les multiples marches qui le compose. J’entends que la Dantasque a entamé également le long et interminable escalier. Ma compagne l’a entendue également.
— Je sais, ne vous retournez pas concentrez-vous sur les marches, nous n’allons pas tarder à atteindre le passage.
Puis enfin nous achevons la descente de l’escalier. Nous parcourons à vive allure une large avenue pavée, le plafond est très haut et les parois dégagent une sorte de lueur fluorescente, qui nous permet de voir notre environnement. L’espace des grands volumes me change des endroits étroits, que j’arpentais jusqu’à présent. Au bout de l’avenue à cent mètres, un pont.
— Voilà, il est devant nous. On fonce !
Je n’en peux plus, j’ai du mal à reprendre mon souffle, mais mon étrangère me ressaisit la main.
— Il faut y aller sinon dans une minute, on est mort !
Nous reprenons notre course de survie, la Dantasque s’approche de plus belle, dans un court instant, elle sera à une distance lui permettant le dernier bond de mise à mort. Nous atteignons le pont, puis nous le traversons. La Dantasque l’atteint également.
Alors que nous en achevons la traversée, elle me tire subitement sur la gauche. Si brutalement, que nous glissons et nous dérapons, chutant sur les pavés humides. C’est alors, qu’un bruit grinçant, comme lorsque des rouages se mettent en marche après une longue inactivité, se fait entendre.
Là, à deux pas de nous, un colosse sort de la pénombre, le torse nu bardé de cicatrices, revêtu d’une longue robe traînant au sol et casqué, se met à se mouvoir péniblement. Je n’en crois pas mes yeux …et mes oreilles ! Car il traîne une lourde épée sur les pavés, ce qui a pour effet de générer un bruit strident, extrêmement pénible, désagréable à entendre. Je suis obligé de me boucher les oreilles avec les paumes de mes mains ! Apeuré, je demande à ma compagne.
— C’est quoi ça ?
— Le gardien ! On l’appelle le gardien. - Me réponds-t ’elle affolée. - Il garde ces lieux et tue quiconque à l’impudence de passer le pont sans autorisation.
J’entends l’ogre s’exprimer dans une langue étrangère d’un autre temps, ça ressemble à une incantation, comme une plainte surgie du plus profond de ce qu’est le siège de la douleur ! C’est une voix puissante et caverneuse qui en émerge, pendant que l’épée continue de dégager un bruit assourdissant.
La Dantasque ne voit que nous. Elle a fixé son attention sur ses proies, comme le fait un prédateur, et ignore absolument le colosse de trois mètres !
C’est alors, qu’avec une dextérité surprenante et une rapidité déconcertante, le puissant bras musclé, qui traîne la lourde épée, la soulève, et en un instant, juste le temps d’entendre le bruit furtif de l’air fendu par le terrible couperet, tranche sur toute la longueur, la Dantasque qui n’a rien vu arriver.
Tous les boyaux, du terrible prédateur, se répandent sur le sol. Et son sang se déverse sur la chaussée du pont. Pendant que la créature continue encore, pendant quelques instants, à cisailler dans le vide avec sa terrible mâchoire.
— Ne restons pas là, si nous ne voulons pas subir le même sort. - Me dit mon inconnue -
Je remarque, juste avant que nous quittions les lieux que le colosse n’a pas de visage, en fait, il n’y a pas de tête sous le casque. Ce qui est inquiétant, c’est un halo sombre, qui la remplace. Il se tourne vers nous, et je sais qu’il nous regarde. Il s’apprête à se diriger, cette fois-ci, dans notre direction.
— Ne traînons pas, il faut y aller, maintenant ! - Insiste ma copine. -
Nous ne pouvons franchir le pont car le colosse nous barre le passage, nous dévalons alors le flanc du fossé, pour remonter aussi vite sur l’autre berge. Déjà, le géant, retourne péniblement vers son antre obscur, tout en continuant de s’exprimer d’un verbe haut, dans une langue d’outre-tombe.
C’est une voix tonitruante au ton incantatoire. Il y a là, quelque-chose de sinistre. En traversant le fossé asséché, j’aperçois furtivement des monticules d’ossements, de toutes sortes. Ce charnier est sans doute celui des créatures, qui ont dû tenter de franchir le pont.
Nous nous éloignons de la douve, pendant que la jeune femme me tend la main en se présentant.
— Nous n’avons pas été présentés Monsieur, je m’appelle Milène, Milène De Beaumont.
Je rétorque.
— Avec vous, c’est quoi le problème. Vous allez me sauter dessus à quel moment de notre périple ?
— Je vous demande pardon ?
— Non rien, ne faites donc pas attention. Moi, c’est Pierre Maurel. Racontez-moi plutôt comment vous vous êtes retrouvée ici ?
— Vous semblez étranger à ce monde vous provenez du monde de la lumière ?
— Eh bien oui, si c’est comme cela que vous le nommez.
Nous nous arrêtons et nous nous appuyons sur un muret, pendant que je frotte ma main sur ma tête comme pour réfléchir, Milène me raconte,
— Horacio m’expliquait comment était son monde à son époque, Horacio c’est l’une des deux personnes qui s’est fait déchiqueter par une Dantasque
— Je suis désolé pour votre ami. Il est certainement mort maintenant.
Elle se met à éclater de rire, prise par des spasmes convulsifs, elle tente de me répondre.
— Ici, la mort comme vous l’entendez n’existe pas ! C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas peur de la mort mais en revanche ce qui nous terrifie, c’est la souffrance !
— Oui, je me rappelle maintenant, c’est ce que Guerda m’avait dit à l’intérieur du temple.
— Tu es rentré à l’intérieur du temple des damnés ?
— Oui, mais si tu fais immédiatement la relation avec Guerda, c’est que tu la connais bien ?
— Tu sais, ici nous nous connaissons tous plus ou moins.
...
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Sand Canavaggia
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Samantha Beltrami
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Jean-Marc-Nicolas.G
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ManuG
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Plume Jamais
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