Fyctia
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— Elle a tenté de me tuer, elle y est presque parvenue, lorsque les gardiens sont arrivés et ont interrompu mon calvaire. Je peux raisonnablement affirmer que les Artrides m’ont sauvé la vie. Et dans mon monde, nous en avons qu’une de vie !
— Mais ça s’est passé où cet événement ?
— Chez moi ! Enfin chez ma Carole, dans mon monde…le lumineux comme tu l’appelles.
Milène demeure stupéfaite, elle semble réfléchir un court instant, puis elle réagit…
— La salope, elle a trouvé le moyen de franchir le passage, et elle ne nous en a rien dit !
— Comment la salope ?!
Milène rugit de rage !! Elle se transforme en une créature difforme et repoussante, sa peau devient verdâtre, des taches grises apparaissent, elle prend l’apparence d’un corps en décomposition.
— Ça y est, ça recommence !
Je me recule, paniqué par ce que je vois. J’ai devant moi un être effrayant, la copie conforme de Guerda. Elle dégage comme l’autre une odeur nauséabonde, sa bouche se transforme en une horrible et redoutable gueule, difforme et démesurée, plantée de dents sur plusieurs rangées, longues et fines, ressemblant à des épines de poisson.
Je n’avais pas eu vraiment l’occasion d’observer Guerda en détail, mais là, la créature vampire est face à moi. J’ai l’opportunité de l’examiner attentivement. Elle s’accroupit, prête à bondir, ses mains en appuis sur le sol. Puis là, « Milène » s’élance ! Elle plaque ses longs pieds sur ma poitrine et ses longs doigts griffus me saisissent à la gorge, ils me serrent, je sais qu’il est impossible de pouvoir desserrer l’étreinte de ce genre de créature. Elle m’étrangle, pour m’étouffer, c’est la technique de ces vampires femelles.
Je ressens les ongles acérés se planter dans ma chair. Puis, par la seule force d’un bras, elle me soulève, mes pieds quittent le sol, ma position devient plus pénible car je commence vraiment à manquer d’air.
A ce moment précis, il me vient à l’esprit ce que m’avait dit l'Émissaire, « Ici, il n’y a personne pour t’entendre crier, si d’aventure tu te hasardais vers l’extérieur ». La voix rauque de Milène interrompt ma pensée.
— Ne t’inquiètes pas mon chou, tu n’es pas mon genre !
Puis elle me lâche subitement, je m’écrase alors comme une masse lourde sur le sol, et ma cheville droite se réceptionne mal, je sens une vive douleur, je comprends que le tendon s’est déchiré, je m’étale au sol, comme une vulgaire carpette. La créature pose alors son long pied sur mon visage, me le tenant plaqué contre le sol humide.
— Vous les humains, vous vous croyez tellement supérieurs aux autres espèces, votre orgueil, votre vanité, votre cynisme, votre perversité nous ont emmenés là.
Pendant que Milène me parle, elle jette un regard de contemplation, et telle une grande prêtresse, étend ses mains en écartant ses bras, comme pour me présenter la scène !! Elle s’exhorte !
— C’est vous les responsables de ce désastre, alors nous vous haïssons, nous vous maudissons à tout jamais.
Puis la femme vampire retire son pied et met sa tête dans ses mains pour pleurer à gros sanglot. Peu à peu, elle reprend sa forme humaine et adopte à nouveau la physionomie agréable de la jeune fille qu’elle était.
Touché, cette jeune fille me trouble, je ne comprends pas tout à fait ce qu’elle a à nous reprocher, je ressens un profond désespoir.
J’ai déjà vécu ce genre de sentiment, c’était lorsque j’avais perdu ma femme et ma petite fille. Je m’aventure à poser ma main sur l’épaule de Milène pour la consoler, en espérant qu’elle ne va pas réagir à nouveau avec violence. Elle se retourne et appuis sa tête sur ma poitrine alors qu’il y a encore un instant cette fragile jeune femme avait tenté de me tuer !
— Pour quelle raison vous transformez-vous ainsi ? Comme avec Guerda, toi et moi avons fui devant une menace commune, ça créé des liens tout de même ! Nous nous sommes aidés, nous avons uni nos forces et puis, vous vous êtes retournés contre moi ! Pourquoi ?
Milène me répond en sanglots,
— Tu connais la vie de Guerda ? Je veux parler de sa partie humaine, dans ton monde de lumière. Guerda était une fille pleine de vie, sportive, mélomane, elle jouait magnifiquement du violon. Son professeur avait convaincu ses parents, pour qu’elle étudie à l’école supérieure de musique. Elle était douée. Puis un jour, elle a rencontré Patrick, un jeune homme à la beauté insolente et il le savait, il en jouait. Ils se sont mis en ménage, puis ils ont eu deux enfants. La famille a évolué à peu près normalement, mais au bout de six années, Patrick a changé de comportement, il a commencé à être violent, puis il l’a battu. Il lui réclamait toujours plus d’attention, d’argent et pour le reste…
— Pour le reste ?
— Oui, je veux dire qu’il la mettait dans les bras des autres hommes moyennant de l’argent, et il en avait besoin de toujours plus, à cause de la drogue.
— En clair, il la mettait sur le trottoir ?
— Oui, même si ça se déroulait directement chez les clients ou à l’hôtel.
— Mais pour quelle raison elle n’a pas réagi, elle était une femme intelligente, cultivée, enfin je veux dire qu’elle appartenait à une famille instruite de la moyenne bourgeoisie.
— Elle était amoureuse, follement amoureuse de cet homme et elle avait une peur incontrôlable d’être abandonnée. A cause de son père, qui l’avait menacée de l’abandonner, si elle ne se pliait pas à ses exigences. Si elle était une gentille fille, accommodante, alors ses parents l’aimeraient et ne l’abandonneraient pas ! Un jour, une dispute a éclaté, Patrick a fait sa valise, puis il est parti. Enfin, parti, ce salop n’avait pas encore passé le seuil de la porte, que Guerda s’était accrochée à ses jambes en le suppliant de ne pas la quitter. Cet enfoiré lui a rétorqué, que si elle l’aimait vraiment, elle le suivrait sans les enfants. Alors, elle a enfermé ses enfants dans le placard sous l’escalier, puis est partie avec cet homme. Mais au bout de quelques semaines, elle fut prise de remords et dans la journée, lors d’une absence de Patrick, elle s’est enfuie précipitamment.
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6 commentaires
Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
Clair d'eau
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Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans
IrisL
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Il y a 6 ans