Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes L'expérience de Weller. -2-

L'expérience de Weller. -2-

...


Et pendant que Carole est en colère, elle indique de son doigt, les manuels, les dossiers et piles de chemises qui sont posés sur le bureau. Elle happe de sa main en balayant violemment tout ce qui se trouve sur son chemin, jette tout au sol.


Ce n’est pas la santé d’un proche à toi qui est en jeu. Et puis je te prierai de ne pas t’adresser à moi comme si j’étais encore une petite fille. Ton jeu de charme cela marchait encore avec papa quand tu venais lui demander une aide financière pour tes expériences. Où quand tu venais te sauter maman ! Oui, parce que je sais bien ce que vous faisiez maman et toi. J’avais douze ans quand j’ai commencé à comprendre. Lorsque j’étais adolescente tu as voulu me mettre dans ta poche, j’ai laissé choir parce que cela m’amusait. Mais là Jean, c’est de ma vie privée dont il s’agit. Tu t’y immisces aussi sournoisement que le ferait un serpent dans un lit conjugal. Et là, je dis NON !


Pierre tente de calmer Carole d’un air de supplication pendant que le Professeur Bernard se plante au centre de la pièce, les bras croisés, le teint blanc et le visage renfrogné. Quant au Professeur Thaubh, il semble désolé ne sachant plus où se mettre. Carole s’exclame.


Je ne reste plus une minute de plus dans ce bureau.


Et prenant Pierre par le bras.


Viens Pierre, partons.


Mais Carole ne te met pas dans tous ces états.


Pierre se tourne vers le Professeur Bernard d’un air désolé, la mine déconfite.


Je suis désolé Jean, je …


Pierre ne parvient pas à terminer sa phrase car Carole le tire déjà vers l’extérieur du bureau. Il y a un long silence dans l’ascenseur. Puis après être montés dans la voiture


Carole, je ne t’avais jamais vu dans un état pareil.


— Chéri, je n’ai pas un bon pressentiment. Ces types nous manipulent.


— Oui, mais bon ! On pouvait discuter sans s’énerver. Je le connais déjà ce monde Noir.


Carole lui coupe la parole.


Pierre, tu es en analyse depuis cinq ans, tu as subi un grave traumatisme, conséquent à la perte de ta femme et de ta fille. Cette fragilité, cette faille, peut devenir une fracture et je peux te perdre à tout jamais.


Le trajet dans la voiture de Carole se termine dans un lourd silence.


Il est clair que Carole ne tient pas à ce que j’entreprenne ces types d’expériences avec le Professeur Bernard. Je vais sans doute me résigner, tant pis, après tout si je ne parviens jamais à comprendre pour quelle raison, je vis ces effrayantes épreuves.


Finalement, je m’en suis très bien tiré jusqu’à présent.


La journée à l’agence se passe à peu près normalement, Paul s’est absenté toute la matinée comme tous les mercredis matin car il tire la femme de Monsieur Henri. Pendant que "Monsieur caractériel" aiguise ses dents de sarcasmes.


Aujourd’hui, il va pleuvoir, Magali est arrivée à l’heure. -Lance-t-il en passant devant l’accueil. –


Mais cette fois-ci la jeune secrétaire ne se laisse pas démonter.


— Ici, nous sommes à Paris Monsieur, il pleut souvent, je suis donc rarement en retard.


— Oui, oui, moquez-vous bien, vous jouez la maligne ! Mais croyez-moi je vous ai à l’œil !


Monsieur Henri cligne de l’œil d’une manière suspicieuse et la désigne de l’index. C’est à ce moment là que Paul arrive, juste avant midi.


Ah vous voilà vous, vous n’aviez pas rendez-vous à onze heures au bureau ? Visiblement votre belle montre à vingt mille euros ne fonctionne pas correctement !


— Il a été reporté Monsieur.


Une fois que Paul tourne le dos à Monsieur Henri, il nous regarde Carole et moi relevant les sourcils comme pour dire « Pauvre con, parle toujours, je me fais ta femme. Et toi, tu te fais quoi ? Tes ongles parfois ! »


Le temps de donner quelques coups de fils et Carole rentre ensuite dans mon bureau.


Chéri, nous allons déjeuner dans la brasserie d’à côté ?


— Au « Grand Panache Blanc » ?


— Oui, à midi ils font une excellente blanquette de veau avec du riz et tout ça…


— Toi, les contrariétés ça te donne de l’appétit !


— Non, mais j’adore la blanquette de veau.


Nous arrivons à la fin de la journée, déjà ! Carole me demande si j’accepte de passer la nuit chez elle. Mais ce soir, je préfère rentrer chez moi. Elle me propose alors de m’accompagner en voiture. Je préfère rentrer à pied, j’ai un quart d’heure de marche, j’aime me promener nonchalamment en regardant les vitrines. Sur le seuil de l’agence, elle m’embrasse tendrement, puis me regarde dans les yeux.


Ça va aller, n’est-ce pas ?


— Mais bien sûr ! Allez, rentre chez toi.


J’ai le temps de passer chez le traiteur mais Madame Collombey m’attend devant la sortie de l’ascenseur tel un garde du corps, avec une petite assiette recouverte d’un papier d’aluminium.


Pierre, j’ai fait des beignets de courgettes, j’en ai gardé un peu pour vous.


Elle est plantée là, devant l’ascenseur, m’empêchant de sortir. Je dois en quelque sorte forcer le passage. J’ouvre la porte d’entrée de mon appartement, tout en l’écoutant me parler.


Vous n’étiez pas chez vous hier soir ? Oh ce n’est pas que je sois curieuse, mais j’ai tapé chez vous pour vous apporter quelques crêpes et vous n’avez pas répondu.


— Forcément Madame Collombey, puisque je n’étais pas chez moi.


— Oui, mais ce qui était curieux, c’est que j’ai entendu du bruit comme des « tocs tocs tocs » sur le parquet.


— Vous avez dû rêver Madame Collombey, en mon absence il n’y a personne chez moi.


Il est dans les environs de vingt heures trente, lorsque tout à coup j’entends taper à ma porte. Décidément cette Madame Collombey est agaçante.


J’ouvre la porte en m’apprêtant à lui remonter les bretelles. Mais je découvre surpris, planté là devant moi, le Professeur Bernard.


Excusez -moi Pierre, je ne voulais pas vous importuner à une heure aussi avancer mais j’avais besoin de vous parler.


— Eh bien ! C’est-à-dire comme vous n’avez pas sonné à l’interphone, je ne m’attendais pas à vous voir, je pensais plutôt que c’était ma voisine.


— Je n’ai pas sonné en bas, parce que juste lorsque j’arrivais un voisin sortait.


— Vous m’invitez à rentrer Pierre ?


— Pardon Professeur, oui bien sûr, je vous en prie.


J’ouvre plus largement ma porte d’entrée pour l’inviter à pénétrer à l’intérieur de mon appartement. Je lui indique par un signe le chemin à suivre pour se rendre dans le salon. Il me précède tout en me parlant…


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5 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Après la colère et cette défense du "c'est un proche" la notion de distance des deux scientifiques face à l'amour de Carole c'est trop beau, une joute entre besoin d'études et sentiments. Puis retour au bureau où tout peut sembler étrange quand on sort d'un tel rdv. Pierre rentre seul chez lui et cette Madame voisine qui finit par m'énerver...si j'étais Pierre je déménagerais XD

Dariane

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Il y a 6 ans

Bon j'arrive à ce moment de la lecture où je me dis c'est certain elles arrivent. ils ne peut pas y avoir tant de détails si on prend pas la grande claque après XD. Bravo faut continuer cette histoire est de ouf ! Bon écrit en plus, et mené tambour battant. Tout est si précis que je suis aspirée dedans.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Merci beaucoup c'est mon plus beau compliment quel'on me fait lorsque je sais que j'ai pu mener mes lecteurs exactement là ou je le souhaitais.A bientot
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