Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes Vers les mondes adjacents. -1-

Vers les mondes adjacents. -1-

Mercredi matin, j’arrive au centre de recherches des sciences quantiques. Nous pénétrons dans le grand hall au centre duquel se trouve un comptoir d’accueil et deux hôtesses.


Bonjour Mesdames, nous avons rendez-vous avec le professeur Bernard.


Un petit instant, je vais vous annoncer.


L’hôtesse décroche son téléphone et appuie sur une des multiples touches.


Allo ? Professeur Bernard ? Il y a deux personnes à l’accueil pour vous. ….. Très bien Monsieur….


Le professeur vous attend, c’est au deuxième étage, vous prenez l’ascenseur derrière moi puis c’est à droite en sortant.


Merci beaucoup.


Nous prenons l’ascenseur qui annonce avec une voix fluette « Deuxième étage ». Puis à droite en sortant, nous nous dirigeons vers son bureau. De la passerelle que nous parcourons, nous pouvons apercevoir par-dessus la rambarde le hall d’accueil. Sur la porte, une plaque gravée :


« Professeur Jean BERNARD – Agrégé de la Faculté des sciences quantiques ».


Nous toquons sur la porte et entendons d’une voix tonitruante « ENTREZ ».


Ah ! Mes amis, comment allez-vous depuis samedi dernier ?


L’homme, toujours très démonstratif nous prend dans ses bras pour nous porter l’accolade, puis il nous précède.


Venez, venez, approchez-vous. Là, voilà ! Asseyez-vous ici !


Il fait le tour de son bureau s’assoit sur le grand fauteuil noir, puis appuyant ses avant-bras et croisant ses doigts, il nous regarde avec un sourire accroché sur son visage.


Que puis-je faire pour vous ?


Eh bien voilà Professeur, je vais vous raconter une histoire. Et puis tant pis si vous me prenez pour un mythomane.


Je me mets à tout lui déballer. La visite de la bête, le monde Noir, les Artrides, Guerda, les Anthropophagus du grand palais à colonnades. Le phénomène qui s’est produit dans le train, la disparition des quatre voyous. Enfin, tout y est passé, je ne lui ai rien caché, y compris le suivi de mon psychiatre, de ma psychologue et la réaction de cette dernière la veille.


Je lui déploie le journal de dimanche matin et l’invite à se pencher sur les trois articles qui ont attiré mon attention. J’ai parlé sans m’arrêter pendant un long moment, cette fois-ci le Professeur Bernard est resté très attentif à tout ce que je lui racontais.


Lorsque je cesse finalement de parler, un silence prend la suite, le Professeur Bernard m’observe d’un regard grave. Je me dis qu’il va me reconduire à la porte en me disant qu’il va falloir que je me fasse soigner ou interner.


Finalement au bout d’une trentaine de longues secondes de silence.


Pierre, en vous écoutant, j’ai été très impressionné et vous voulez que je vous dise pourquoi ? Nous menons des recherches dans le plus grand secret auprès de quelques personnes de cette planète, et vous n’êtes pas plus d’une centaine à nous raconter la même histoire. Hors Pierre, dans la probabilité la plus absolue, vous ne pouvez pas vous connaître, vous n’avez pas pu vous contacter au préalable pour vous entendre en toute complicité et nous raconter le même récit. Les gens qui ont vécu la même expérience que la votre sont éparpillés à travers les cinq continents, ils proviennent de cultures différentes, ils sont de sexes différents, appartiennent à diverses couches sociales . Enfin rien ne peut définir le plus petit point en commun que vous pourriez avoir sauf précisément cette expérience-là. Je ne jette pas l’opprobre sur les psychanalystes mais ils analysent que les faits, alors que nous, nous cherchons à analyser la cause, ce que l’on ne voit pas forcément de prime abord.

Ce monde où cette réalité, appelez-le comme vous le voulez, peut être considéré comme un sous-produit de l’espèce humaine, de sa nature profonde ! En vérité, je pense que rien n’est anodin dans nos pensées et nos actes. Les conséquences se répercutent quelque-part sans que nous en soyons toujours conscient.


Pendant que le Professeur Bernard m’explique tout cela, il s’est levé et se déplace à travers son bureau en va et vient chaotiques tout en animant par une gestuelle appropriée ses explications. Et il continue.


Vous comprenez Pierre ? La plupart des membres de notre espèce ne réalise pas que les objets, les événements sont étroitement liés à chacun d’entre-nous. Vous pensez que la théière que vous voyez là est indépendante de notre personne et bien, il n’en est rien, vous créez « inconsciemment en vérité » cette théière.


Je me mets à rire.


Excusez-moi Professeur Bernard, mais votre théorie est un peu tirée par les cheveux. Vous allez me dire que je peux à cause de ma mélancolie, à cause de mon état, ce matin en ouvrant les volets ,influer sur le temps de la journée donc si je suis maussade alors le est temps gris. Alors non quand même Professeur, restons sérieux !


Ha ! Ha ! - Me dit-il, d’un rythme saccadé avec cette onomatopée très caractéristique qui veut signifier (vous touchez précisément du doigt ce que je tente de vous expliquer.) –


Et en reprenant la parole, il tend son index comme pour être catégorique.


Pierre, vous avez une vue étriquée de la réalité que je tente de vous expliquer, ce n’est pas votre état d’âme dépressif ou maussade du petit matin qui génère le temps couvert de votre monde. D’ailleurs, il peut y avoir du soleil ce jour-là, mais votre angoisse va se placer ailleurs. Ces millions d’angoisses, de peurs, de frustrations, de colères générées par notre race se réunissent pour former un amalgame que vous appelez le monde Noir. Voilà précisément ce que je veux vous faire comprendre. Nos comportements, je veux parler des millions d’actes que génèrent notre espèce dans le passé, dans le présent et dans l’avenir, créée ce que j’appelle son sous-produit ou réalité alternative, vous me suivez Pierre ?


J’acquiesce pour lui répondre dans l’affirmative.


...

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6 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Le rdv, le Professeur a l'air complétement habité et ne laisse pas vraiment Pierre dans sa réalité, je me dis que c'est normal puisqu'il défend sa théorie et que celle-ci appuie bien le contexte de l'histoire et me confirme ces réalités superposées, ni futur, ni passé qui finalement se juxtaposent à notre monde et sont le reflet de nos passés et futurs cumulés, dans lequel on peut se projeter par l'étendue de la capacité de notre inconscient quand on sait que nous n'en utilisons que 10% de ce cerveau complexe, ton histoire prend la dimension d'une réalité entre futur probable et imaginaire. J'ai adoré ce chapitre.

Gaïane MILLER

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Il y a 6 ans

Je vois à présent ce que vous avez voulu dire. Peut être qu'en ajoutant un adjectif ou… quelque chose qui donnerait : j'acquiesce avec fermeté pour lui… Non ?

Gaïane MILLER

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Il y a 6 ans

Coucou ! La dernière phrase ne serait-elle pas une redondance (acquiesce et affirmative) ?? Encore un joli chapitre !

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Bonjour Gaïane,je comprends votre réaction,les deux mots peuvent êtres presque similaires je vous l'accorde aisément, mais j'ai souhaité insister comme pour souligner une réaction. Pierre accepte, il est en accord avec le professeur Bernard, il approuve ses dires donc il acquiesce. Mais avec affirmation!! Il affirme que....il est catégorique, brutal, péremptoire en l’occurrence sans appel!! A mon sens, ce n'est pas une redondance, juste un affinage, une précision, une direction, de la pensée de Pierre. Bonne journée Gaïane. Merci de vous intéresser au monde des Anachorètes.
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