Fyctia
Vers les mondes virtuels.
Jean m’observe attendant de ma part une réaction. Je demeure perplexe la bouche béate. L’homme est captivant, je bois ses paroles, ainsi je ne me suis même pas aperçu que l’après-midi était passée, nous avons arpenté toutes les allées gravillonneuses de ce magnifique petit parc de la famille Haldeberg.
— « Professeur à titre comparatif afin que je puisse m’en rendre compte dans l’échelle des valeurs dimensionnelles. Pouvez-vous me l’imager ? »
— « Pour que vous vous en rendiez compte, supposez que ce couteau atteigne la taille de notre planète. A cette échelle, les atomes qui le composent ont à peine la taille de cerises et si vous vous en emparez, pour l’observez au microscope vous ne pourrez pas observer le noyau. «
Pierre continue à suivre l’exposé assidûment.
— « Si vous voulez voir quelque-chose, il faut grossir la cerise qui représente un atome et lui faire atteindre la taille d’un immense globe de deux cents mètres. Vous pourrez alors apercevoir la grosseur de notre noyau, pas plus gros qu’un minuscule grain de poussière, c’est déconcertant, n’est-ce pas ? Tous ces éléments qui évoluent finalement dans le vide, l’insaisissable. Vous comprenez où je veux en venir ? «
Pierre balbutie, Jean ne le laisse pas s’exprimer.
— « Ce que je veux vous démontrer, c’est qu’il peut y avoir plusieurs réalités et que celle que vous percevez n’est pas la seule et unique ! Lorsque vous regardez un film, vous ne pouvez pas fixer une à une les vingt-quatre images par seconde qui défilent. Vous ne voyez qu’un ensemble. «
— « Oui, c’est vrai. «
— « Dans ce jardin, vous vous promenez tous les matins et passez devant cette pousse de plante qui vient à peine de sortir de terre. Et bien sûr, tous les jours vous la verrez différente, plus haute, plus grande, plus touffue. Vous pourriez la fixer des heures que vous ne percevriez pas le mouvement de sa croissance. Pourtant le mouvement se fait. Il est juste imperceptible à l’œil humain. Je pourrais vous donner une quantité infinie d’exemples dans le monde qui nous entoure. »
Je réfléchis à ses paroles qui me conduisent à une réflexion profonde de l’existence. Je lui demande.
— « Et Dieu, il est où dans tout cela ? »
Jean se met à sourire et me réponds :
— « Il est plus près que vous pouvez le penser ! Mais il y a peut-être une troisième hypothèse ! Un autre concept de réalité, une autre dimension, un autre monde. Les Quarks par exemple ne sont plus des particules physiques, des particules de matières mais ils seraient plutôt apparentés à des vibrations. Ils restent de l’autre côté de notre réalité, celle qui est observée. Par conséquent et on y vient, on peut considérer que l’on reconnait implicitement que notre réalité est elle-même fondée sur une dimension non matérielle. Une forme d’entité transcendant l’espace-temps. On commence à définir ce champ par le nom de matrice. «
Pierre pense au monde noir avec lequel il a contact. Par rapport aux lois quantiques, ce monde se situerait où ?
— « Nous ne sommes plus dans la réalité physique, de notre point de vue, il n’y a plus rien de tangible, c’est là que nous pénétrons, dans le domaine de l’esprit. Sans doute est-ce dans ces sphères que nous pouvons rencontrer des entités purement abstraites mais extrêmement évoluées, c’est dans cette zone que l’on peut croiser Dieu ! ! C’est le monde des particules virtuelles et des êtres virtuels ! C’est sans doute dans ces niveaux de conscience que se trouve la banque de données de l’intelligence universelle. »
— « Alors Dieu, serait apparenté à quoi ? «
— « A une information, une idée, un concept qui aurait la conscience d’elle-même. «
— « Ah ! C’est une théorie très intéressante. «
— « Ces formes d’intelligences seraient si évoluées que nous ne les percevrions pas. Sans doute, devrions nous évoluer dans notre forme de langage pour reconnaître les processus qui n’attendent que cela pour être découverts. Si nous voulons un jour pénétrer dans ce monde au-delà des Quarks, peut-être l’information pure est-elle la substance de la conscience et des processus vivants. »
La fin de l’après-midi s’installe, la fraîcheur et l’humidité envahissent doucement le parc, je n’ai pas vu la journée passer. Ce Professeur Bernard est vraiment très intéressant.
Il me tend sa carte de visite que je saisis tout de suite mais il la retient un court instant, son regard malicieux posé sur moi puis me dit.
— « Appeler-moi Pierre et venez me voir, je vous raconterais d’autres choses et je pourrais vous faire participer à des expériences amusantes. »
Carole a déjà remercié tous ses invités lorsqu’elle s’est jointe à nous.
— « Alors tous les deux ? Vous avez eu beaucoup de choses à vous dire ! «
Le professeur Bernard semble confus.
— « Pardonnez-moi Pierre ! Je m’emballe, je m’emballe… Je suis si passionné que je ne vous ai pas laissé beaucoup de temps pour me parler. J’ai dû vous saouler ! «
— « Mais pas du tout Jean ! Vous avez aiguisé ma curiosité, vous m’avez captivé. En partant vous me laissez avec mes questionnements. «
— « Eh bien ! Mes petits, je vais vous abandonner, vous avez autre-chose à vous raconter que la théorie des particules quantiques ! «
Le professeur Bernard se dirige vers le portail, nous l’accompagnons, il me serre à nouveau la main en me disant.
— « Alors c’est promis ? Vous passerez au centre de recherches ? »
— « Je vous le promets Jean. »
Le Professeur se tourne vers Carole et l’embrasse.
— « Au revoir ma chérie, ton père serait fier de toi, tu sais ? Appelle-moi toi aussi, je serais ravi. »
Le portail se referme. Elle se tourne vers moi et me saute au cou collant ardemment ses lèvres aux miennes.
C’est un long baisé passionné qui m’enivre.
— « Tant pis, j’en avais envie depuis le début » - Me dit-elle. -
— « Pierre, il est tard, reste avec moi ce soir, dors là, tu veux bien ? «
Je suis gêné mais en même temps j’en ai envie, le désir se pointe, nous avons besoin de rester l’un près de l’autre. Elle me demande si je peux l’aider à tout débarrasser, verres, bouteilles vides, cendriers pleins, assiettes et déchets divers.
Nous vidons tous les cendriers, plaçons les verres et la vaisselle dans le lave-vaisselle, le reste est vidé illico presto dans deux grands sacs poubelles.
— « Nous avons fait l’essentiel, Pierre, demain la femme de ménage arrive à 8h00, elle se chargera du reste. »
Puis Carole devient blanche, elle est prise de spasmes et de hoquets...
6 commentaires
Sand Canavaggia
-
Il y a 6 ans
Caro Handon
-
Il y a 6 ans
EmilyChain
-
Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
-
Il y a 6 ans