Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes La Curée.

La Curée.

Une ombre vient se poser dans la salle et sur la totalité du bâtiment, leur visage se déforment. Je les regarde tous, surpris et désemparé, leur peau se flétrit, leur bouche se déforme.


Je tourne à nouveau mon attention vers Guerda, son visage s’est émacié, les yeux affaissés. Elle s’adresse à moi d’une voix rauque.


— « Viens m’embrasser mon beau Pierre. «


Elle s’approche de moi, puis tout à coup ce qui n’a plus rien à voir avec Guerda devient extrêmement menaçant, deux canines pointues et longues apparaissent de sa bouche pleine de dents fines et coupantes. Ses yeux noirs deviennent très sombres.


Elle me saute dessus et tente de me mordre à la jugulaire, je parviens à la retenir en serrant ma main sur sa gorge mais ses ongles acérés parviennent à s’enfoncer dans la chair de mes épaules.


Je la repousse violemment, elle est vigoureuse et s’accroche sur la verticale d’une colonne y demeurant comme plantée, il semble que la gravité n’ait pas d’incidence sur la créature « Guerda ». C’est le signe de la curée. Je me saisis d’un candélabre en bronze pour frapper tout azimut, heurte des cranes qui éclatent ou s’arrachent de leurs épaules.


Je suis encerclé par des êtres qui ressemblent à s’y méprendre à des vampires ou des zombies, enfin ! Je ne sais trop quoi en penser.


Je me mets à courir aussi vite qu’il m’est possible mais au passage de ces créatures leurs ongles pointus et sales ouvrent de profondes blessures dans la chair de mes bras et de mes jambes, j’atteins la grande porte en bronze vert, je pousse cette lourde masse métallique pour la refermer derrière moi.


J’entends Guerda me crier :


— « Tu ne peux pas avoir sauvé ma vie mon chéri ! Il y a bien longtemps que je ne suis plus vivante ! Mais reviens , je te ferais l’amour. « - Et elle se mit à rire hystériquement !


Des personnes passent plus bas, désormais je me méfie, sur qui vais-je tomber ? Je redescends le monumental escalier et m’assois sur la dernière marche. Une femme inconnue qui passe par là, s’arrête pour me parler.


— « Hé mon gars ! Tu as pénétré dans le grand temple ? C’est là que se réfugie les personnes qui ont assassinées leurs enfants. Il n’y a que des infanticides ici et ce que tu as vu d’eux n’est que le reflet de leur âme, la lourdeur de leur esprit, la sécheresse de leur cœur ! «


Je relève la tête et observe la femme.


— « Et vous, Qu’avez-vous fait ? Vous avez torturé des gens ? Assassiné votre mari ? Toute votre famille ? « - Lui dis-je. -


— « Non Monsieur, moi, je me suis suicidée, j’ai abandonné ma famille, les gens que j’aimais, qui comptaient sur moi. » - Elle pose sa main sur mon épaule. –


Je ressens alors un immense désespoir, une peine incommensurable, je retire la main de cette personne de mon épaule. Elle me dit qu’elle s’appelle Hélène et me raconte sa vie, assise près de moi. Puis elle me dit qu’il faut maintenant que je rentre, car ici, ce n’est pas ma place.


Elle connaît une personne qui était comme moi, enfin qui s’est retrouvée là à cause d’une dépression nerveuse. Offusqué, je lui réponds que je ne suis absolument pas en dépression nerveuse !


— « Mais si, Pierre ! »


— « Pierre ?? Vous connaissez mon nom ? ! «


— « Là n’est pas la question, vous vous ennuyez, vous souffrez horriblement de la mort de votre femme et de votre fille. «


Cette femme vient de me poignarder droit au cœur. Je réalise la mort de ma femme et celle de ma petite fille chérie. Cela s’est passée il y a cinq ans déjà !


Un accident somme tout banal, un type avait bu et faisait la course avec d’autres types sur le boulevard principal. Ma femme avait passé la journée chez sa mère et venait de la quitter pour rentrer à la maison.


Les jeunes du quartier nord de la cité des Muriers furent jugés et écopèrent de six à douze mois de prison avec sursis. Ils avaient été libérés après le procès. Il m’arrivait parfois d’en croiser l’un d’entre-eux, j’étais habité par une haine indescriptible, d’autant plus que deux d’entre-eux me croisaient parfois avec un sourire narquois. J’avais dû faire preuve d’un effort considérable pour ne pas les étrangler ! ! Je savais qu’ils faisaient partie d’un gang redouté dans le quartier nord et tenaient plusieurs cités d’une main de fer pour le trafic de drogue et la prostitution


Mon beau-frère m’a dit d’être prudent car ses types sont armés et « Ils ne rigolent pas » pour reprendre ses propres termes. Je reviens à la réalité, la femme est demeurée près de moi, une alarme générale comme celle qui annonce midi dans ma ville se met à sonner.


Les gens pénètrent précipitamment dans les bâtiments, se mettent à courir, je me redresse et me dirige vers le grand escalier.


La dame se lève et part en me disant de rentrer très vite chez moi, je me précipite vers l’escalier que je gravis rapidement. J’entends derrière moi les cris et les gloussements caractéristiques des Artrides et de leurs gargouilles édentées à quatre pattes. Il est préférable de ne pas trop moisir sur place.


Décidément, je ne suis jamais tranquille dans ce monde de fous ! Que se soit en arrivant ou en partant je suis toujours poursuivi par des monstres. Je vais arriver à la fin de l’escalier et aborder l’esplanade dans une minute.


Je ressens de l’appréhension et si les grossières créatures anthropophages qui vivaient là-haut m’attendaient patiemment ? Ils me barreraient alors le passage ! Je ne tenais pas à devoir affronter ce genre de comité d’accueil.


La brume épaisse disparaît et je découvre les trente dernières marches apparemment il n’y a personne. Arrivé enfin sur l’esplanade j’aperçois ma chambre au bout de l’allée voûtée, les murs de mon salon commencent à se reformer, je ne dois pas traîner. Je me précipite dans sa direction pendant que les cloisons se referment et clôturent définitivement ma pièce dans la grande salle hypostyle.


L’odeur de la chair en putréfaction me provoque des hauts le cœur, j’entends l’un de ces anthropomorphes se précipiter vers moi en poussant des cris de colère et de désespoir, je ne l’avais pas vu en arrivant sur la terrasse. Il devait probablement être caché derrière l’une de ces épaisses colonnes.


J’ai juste le temps de me jeter tête en avant dans mon salon pour terminer brutalement sur le sol. C’est alors que je me retourne pour voir, juste regarder de plus prés ce lourd et grossier bipède à la démarche chaloupée se précipiter vers moi.


J’ai alors brièvement la possibilité de l’apercevoir à quelques mètres de moi avant que le mur de mon salon ne se referme définitivement. Juste le temps de croiser son regard profond à l’expression tintée de cruauté. En un instant, je compris ce qu’était la haine profonde et l’envie de tuer pour le plaisir au point d’atteindre l’orgasme !


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10 commentaires

chocotean

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Il y a 5 ans

JMNG, ces premiers chapitres de ce premier opus, me laisse encore une fois ébouriffée! je ne regrette pas d'avoir changé d'histoire pour te suivre dans ce monde encore plus noir!

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 5 ans

Tu fais des infidélités à Elisabeth de Beaupond à cause de Pierre, Guerda, Mylène, Hétolie et Cauchemar !! Ne te perd pas dans les plans de conscience des Émissaires tu pourrais ne plus retrouver ton chemin de retour.

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

La curée, je n'ai pu m'empêcher en lisant le titre en lisant ma réf littéraire Zola (second chap des Rougon-Macquart), bon après lecture ce n'est pas vraiment la même chose sauf si on pense au côté destructeur...Une rencontre Hélène, va t-elle revenir dans l'histoire et quand ? Premier contact avec une forme de cohérence, douceur, explication, Pierre visiblement "presque" blasé déambule après une frayeur. C'est étonnant comme tu arrives à faire retomber la température quand elle a culminé qq minutes avant… Ce bipède grossier juste avant la fin et son mur qui se referme comme une trappe où l'on doit entrer sinon on reste sans revenir dans l'autre monde, c'est impressionnant et me laisse la boule aux tripes, tout en me disant ouf, passée, sauvée et moi pas Pierre parce que là j'étais dans l'histoire un peu trop ;) Je poursuis...
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