Fyctia
Le temple des âmes perdues.
Nous pénétrons dans une vaste salle ponctuée d’une multitude de fauteuils rouges, sales et vieillis. Au-devant, une scène et des rideaux cramoisis, on court vers le podium et on s’y hisse. Nous sommes visiblement dans un très vieux cinéma
Une fois sur le plateau, nous nous retournons, nous constatons que nos poursuivants sont également entrés dans la salle. Leurs bêtes de chasse ne laissaient apparaître qu’une énorme mâchoire composée d’une multitude d’épines acérées prêtent à mordre et déchiqueter.
Ces créatures n’ont pas d’yeux et pourtant elles nous voient. La femme s’écrit :
— « Vite ! Vite par-là ! »
On franchit une porte métallique coulissante, elle s’efforce de pousser le lourd vantail pour le refermer mais elle est lourde et semble figer par le temps dans sa position.
— « Aidez-moi bon sang ! « - s’écrie-t-elle. –
Je me mets à pousser, pousser, la porte commence à glisser, glisser, grincer, on pousse toujours plus fort. On entend les créatures qui arrivent près de la scène, nous poussons encore et encore cet immense panneau d’acier dont les crissements ressemblent à des gémissements et des plaintes qui font penser à une bête blessée, elle pèse des tonnes !
Mais la grosse structure semble s’être enfin libérée de l’oxydation de ses galets et poussant toujours de toutes nos forces, la lourde porte coulissante nous lâche subitement comme libérée et va se heurter contre l’embrasure.
C’est à ce moment précis que la première créature arrive sur le seuil. Elle tente de le franchir et se fait écraser dans un bruit de craquement d'os par le lourd vantail coulissant. La femme rabat promptement la manette de fermeture clôturant la fixation.
Au sol, se répend les viscères de l’Artride, nous nous regardons soulagés. Nous sommes en nage. Derrière la porte massive, nous entendons les cris de colère et les grincements des griffes sur la porte métallique !
— « Je m’appelle Guerda, et toi ? »
— « Je m’appelle Pierre. Mais Guerda c’est un nom de quelle origine ? »
— « D’origine allemande. » - Me répond-elle. –
— « Ah ! Vous êtes allemande, vous n’en avez pas le type ! «
Elle se met à rire.
— « Pourquoi ? Par ce que je ne suis pas blonde aux yeux bleus ? Venez, ne restons pas là ! « - Me dit-elle. –
— « La porte en fer ne les arrêtera pas indéfiniment. Je connais un lieu où nous serons en sécurité. »
Elle me prend la main et m’entraîne vers un long corridor, sombre, à peine éclairé par de faibles néons crasseux qui scintillent en crépitant, certains s’éteignent puis s’éclairent tour à tour.
Nous passons plusieurs portes qui semblent donner accès à des loges prévues pour les artistes. Au bout du couloir, Guerda pousse la lourde porte métallique et nous nous retrouvons à nouveau vers l’extérieur sur l’arrière du cinéma.
Au moment où nous sortons, on entend un bruit assourdissant.
— » C’est la porte en métal de l’intérieur qui s’est fracassée. ». - Me dit-elle. -
— « Ils arrivent. Ne restons pas là. « - Rajoute-t-elle. –
Nous reprenons notre course folle, arpentant les rues, trouées ça et là par des crevasses. Nous longeons des immeubles éventrés, nous nous hissons difficilement sur les tapis de gravats entravant souvent les avenues.
Nous devons alors gravir péniblement chaque talus de décombres pour redescendre de l’autre côté pris dans une glisse dangereuse accompagner par le dévalement d’un tas de débris.
De nombreux squelettes parsemant le sol, jalonnent notre trajet, puis nous arrivons devant un temple grec.
— « Vite ! » - Me répète-t-elle. –
On monte les marches du monumental escalier, de part et d’autre sur deux podiums, deux immenses lions, l’air menaçant, semblent monter la garde. Puis nous passons entre les colossales colonnes cannelées de style dorien, poussons une porte de bronze cyclopéenne puis la refermons.
— « Voilà ! ici nous sommes en sécurité, du moins pour un moment. « -Me dit Guerda. –
J’aperçois d’autres personnes, certaines semblent perdues, leur regard dans le vide, d’autres, enchaînées semblent prier à genoux.
— « Que font ces gens ? »
— « Ils prient pour se faire pardonner. Viens ! « - Répondit Guerda. -
On passe derrière un mur pour pénétrer dans une salle aux multiples colonnes.
— « Je suis épuisée. » - Dit Guerda en s’asseyant sur une banquette. -
Elle se gratte les jambes puis la tête et me regarde.
— « Je pense que tu as besoin de prendre un bain, tu ne crois pas ? « -Lui dis-je. -
Elle se met à rire.
— « Mon pauvre Pierre, il n’y a pas d’eau ici, il n’y a pas d’eau tout simplement. C’est comme le ciel il n’est jamais bleu, comme les arbres ils n’ont jamais de feuilles. »
— « Jamais ? «
— « Jamais. «
— « Il n’y a pas de papillons, pas d’herbes, pas de joie là, le bonheur n’existe pas ? Mais d’ailleurs « là » c’est où ? « - Remarque Pierre. -
— « C’est nulle part, ce n’est pas un endroit même si tu le perçois ainsi, c’est le fruit des pensées conçue par des vibrations produites pas des hommes ! «
— « Je ne comprends pas ! «
— « Ici c’est un monde de souffrance créé inconsciemment par nous, par notre débauche, par notre méchanceté et par la cruauté de certains d’entre-nous. Le pire est que ce monde est nulle part et que tous ceux qui ont fait du mal se retrouvent prisonnier dans celui-ci. Il y a dans ce lieu les pires psychopathes que la terre ait engendré. Les criminels les plus notoires, les plus cruels, les fous et les plus grands sadiques de l’histoire humaine. Nous sommes chez les Anachorètes, les moines noirs. » - Répond Guerda. –
— « Des démons ? « - Répondit Pierre. –
— « Pire que des démons. Ici ce n’est pas l’enfer, c’est pire ! «
— « Mais merde ! Je dois rentrer, je ne peux pas rester là ! «
— « Tu vas rester encore un peu de temps car sortir maintenant serait risqué pour toi ! Et puis je n’ai pas eu l’occasion de te remercier ! Tu m’as sauvée la vie mon petit Pierre ! «
— « Oui c’est vrai, je t’ai sauvé la vie. »
Elle se met à rire, je ne comprends pas ! Elle rit aux éclats, ne s’arrête pas.
— « Pourquoi ris-tu ? « Lui dis-je. -
— « C’est toi qui me fais rire ! Tu m’as sauvée la vie ! « - Me répète-t-elle. –
Son corps est pris d’un tremblement et ses reins même peu proéminents se secouent sous sa robe déchirée laissant sortir ses tétons à cause d’une large échancrure. Assise, ses cuisses galbées s’écartent laissant entrevoir qu’elle ne porte pas de culotte.
Visiblement cette jeune-femme n’est pas pudique et ne semble pas farouche. Pendant cette scène, les autres personnes semblent habituées, ils se sont rapprochés de nous et se mettent également à rire aux éclats. Ils répètent en riant :
— « Il a sauvé ta vie, il a sauvé ta vie ! ! «
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MiXado
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Il y a 6 ans
Sand Canavaggia
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Carmin
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Carmin
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Simon Saint Vao
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Il y a 6 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 6 ans