Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes La boucle du temps.

La boucle du temps.

Tout s’assombrit, l’atmosphère devient lourde et humide, ma pièce disparaît et mon canapé se trouve au milieu d’une vaste salle aux multiples voûtes de pierre. Tout est noir ou gris, une forte odeur d’humidité emplit mes narines.


A quelques mètres de moi, des créatures bossues de formes lourdes s’efforcent de mâcher et déglutir, j’entends le bruit des os craqués sous leurs mâchoires massives.


Je me retrouve à nouveau dans ce monde qui m’angoisse au plus haut point. Je n’ose bouger et je demeure blotti dans les coussins de mon canapé. J’essaie de faire le moins de bruit possible, le moins de mouvements pour ne pas attirer l’attention, j’ose à peine respirer.


Les créatures ne se sont pas encore rendues-compte de ma présence. Tous les murs de la pièce ont désormais totalement disparu ainsi que les meubles et les objets.


Seul mon canapé subsiste dans la salle hypostyle dans laquelle je me trouve. J’aperçois au loin le grand escalier aux centaines de marches qui s’enfoncent plus bas dans une brume grisâtre à l’épaisseur incommensurable.


Je me décide à quitter mon canapé et me diriger vers le grand escalier qui dévale vers l’autre monde. Une odeur âcre emplît l’atmosphère. Arrivé devant la multitude de marches, je m’arrête un court instant, j’ai un mauvais pressentiment.


Je me retourne, les créatures ont cessé de se repaître des charognes qui s’empilent à l’autre bout de la grande salle d’un autre temps. C’est alors que j’aperçois un amas de corps humains en putréfaction.


Les formes immondes se sont interrompues dans leur festin et elles m’observent, j’entends leurs grognements rauques et inhumains. Elles commencent à s’agiter et à s’avancer vers moi s’appuyant sur le dos de leurs mains.


Leur démarche chaloupée me fait penser à des primates d’un autre ordre d’évolution. J’ai le sentiment que si je me mets à dévaler les marches de l’escalier rapidement, ce serait un élément déclencheur d’une course à la mort.


Je me résous à les ignorer en leur tournant le dos et j’entame tranquillement les premières marches du grand escalier. Mais en même temps un frisson court le long de mon échine, mes cheveux se hérissent, mes poils se redressent également.


Mes oreilles se relèvent malgré moi, ça m’a toujours fait cela depuis mon enfance lorsque je me sentais menacé d’une présence hostile derrière mon dos. Je commence à descendre l’escalier, je suis déjà à la dixième marches quand les créatures abordent à leur tour la première marche.


Je ne peux plus conserver mon calme, mon instinct de survie telle qu’une proie en sursis me commande de courir et le plus vite possible ! Ce que je me mets à faire.


Je dévale désormais les marches deux par deux au risque de me rompre le cou. Les créatures sont derrière moi à quelques pas seulement, je peux sentir leur haleine fétide.


Je pénètre enfin dans l’épais nuage noir, je ne vois pas à deux mètres mais j’aperçois mes pieds et les marches de l’escaliers que je continue à dévaler puis leur gloussement rauque commencent à s’éloigner, pour ne former plus qu’un gémissement lointain.


Bizarrement ces choses n’ont pas osé me poursuivre plus loin. J’étais sauvé ! J’arrive enfin à la dernière marche, devant moi la grande avenue pavée qui m’est désormais familière, elle semble datée d’un autre temps ;

Toujours parsemée de décombres et de carcasses de véhicules calcinées, noircis par le feu.


Je marche plus rapidement que la dernière fois, je connais déjà cet endroit. Au loin des bâtiments brûlent et dégagent de nombreux panaches de fumée épais. Je les vois se perdre vers le ciel presque aussi noir, parsemés de flash produits par les éclairs.


Des cris affreux et des gémissements à fendre le cœur proviennent de toute part, ils sont à peine étouffés par la distance et les murs épais des bâtiments qui longent la grande avenue.


Je remarque comme lors de ma première visite les corps humains calcinés gisant à l’intérieur de la multitude de véhicule tout aussi noir !


Au loin à cent pas, sortant d’un grand bâtiment de pierres aux formes d’une immense mastaba, un groupe de personnes courent, crient, effrayés, apeurés ils semblent fuir quelque-chose.


Puis tout à coup, des êtres noirs aux formes impropres sortent de l’immense parallélépipède, se lancent à la poursuite des hommes et des femmes qui courent vers une autre rue que je n’aperçois pas encore.


Ces êtres parviennent à rattraper les pauvres fuyards. Elles les renversent au sol et se mettent à arracher leur chair puis leurs membres. Ils tiennent en laisse des créatures effrayantes, genres de chiens de chasse qui s’acharnent sur les personnes désespérées pour les déchiqueter, alors que leurs maîtres s’emparent de ces pauvres victimes pour en disloquer en plusieurs morceaux les derniers fragments


Ces pauvres corps démantibulés, continuent à bouger, à gesticuler, les têtes séparées du tronc roulent au sol, les yeux exorbités tournoient de manière circulaire, leurs bouches grandes ouvertes, la langue dehors laissent échapper des cris abominables à entendre.


Des cris de souffrance, des cris d’horreur.


Une femme aux cheveux longs, bruns et à la silhouette agréable m’aperçoit et se met à courir vers moi, me suppliant de la secourir. Tout à coup, j’ai un flash !

Je réalise que j’ai déjà vécu la scène lors de ma première visite, la femme arrive à ma hauteur, se met à genoux, s’accroche à mes jambes, me supplie de lui venir en aide, son visage agréable noircit par la crasse ou la cendre ; Ses haillons recouvrant son corps me font penser qu’elle a dû vivre mille tourments.


Les formes grossières à la peau couverte de pustules que j’avais aperçues se dirigent vers nous, je savais quelles allaient s’emparer de cette femme, la déchirer de leurs griffes acérées.

Elles me sont dorénavant familières, elles s’approchent, je peux enfin les distinguer en détail, elles tiennent par un harnachement complexe leur « chiens de chasse » des dents en forme de couteau sortant de toute part, à la fois de leur mâchoire supérieure et de leur mâchoire inférieure ; elles sont aiguisées comme des rasoirs, j’ai pu voir ce qu’elles peuvent générer comme blessures cruelles dans la chair de leurs victimes.


La femme crie, me supplie, elle est effrayée, désemparée. Je me penche, la saisit sous le bras.


— « Relevez-vous Madame, je vous en prie, venez. »


Puis je me mets à courir vers le grand escalier à cinq cents mètres de nous. J’entends alors qu’elle me dit :


— « Non Monsieur, pas par-là ! Les Artrides nous rattraperont avant que nous puissions atteindre l’escalier ! »


Elle m’indique alors une direction en étirant son bras et en pointant son index vers une bâtisse de style Art-déco. On se met à courir vers le bâtiment, gravissons les quelques marches du large escalier qui le précède, traversons une large esplanade pour atteindre l’entrée.


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7 commentaires

MiXado

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Il y a 6 ans

Le retour dans le monde! J'adore Pierre et on remarque son stress qui n'est pas si facile à écrire !

Madi nina

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Il y a 6 ans

Il revit ça visite dans ce monde mais cette fois si protège la femme. Mais pour Colbie. De temps. Quel monde sombre, et toute ces creatures étranges

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Retour dans le monde de peur pour moi, mais qu'est ce que j'y suis bien, j'aime les décors bizarrement vivants, qui vibrent dans mon imaginaire. Une description des lieux toujours très présentes et du coup je me noie dans le décor en observant Pierre et son stress, il revoit la femme et l'écoute, elle lui indique un chemin et là…de larges marches, une esplanade et j'appréhende la page à tourner… (Malgré ma première lecture faite j'arrive encore à avoir peur de la suite)

Jaimelire777

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Il y a 6 ans

C'est horrible non seulement il est dans une sorte de géhenne sans fin mais ilse met à revivre ce cauchemar, j'espère que comme dans certains film ou lon revit la même journée il va apprendre de son premier passage afin d'aller de l'avant et s'en sortir avec le moins de séquelles possible. À moins que tout cela ne soit que dans sa tête.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Petite réponse rapide.Pardon d’être tardif.Je suis toujours honoré lorsque quelqu'un se penche sur mes histoires.Ma motivation est toujours de vous emmener loin très loin de la vie commune de ce monde.
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