Fyctia
L'agence de Monsieur Henri.
Je travaille dans une grande agence immobilière, il y a Magali à l’accueil, une gentille fille, douce, un peu simplette, aux formes avantageuses.
La pauvre femme est déjà veuve, si jeune, son mari s'est tué en faisant une chute d’un étage d’un chantier, il lui a laissé deux enfants à charge.
Lorsqu’elle s’est présentée, il y a deux ans déjà, Monsieur Henri l’avait immédiatement embauchée. Il était demeuré courtois, prévenant, compréhensif à son égard.
Mais la belle avait résisté à ses avances, peut-être a-t-elle cédée à un moment donné puis le boss s’en était lassé et là, il est devenu ou redevenu l’être abject qu’il est habituellement !
Égocentrique, dénué de toute empathie, cet homme sait être foncièrement désagréable. Il a toujours ses têtes de turcs qu’il harcèle de ses sarcasmes jusqu’à ce que la « victime » n’en puisse plus !
Il passe alors à la personne suivante et quand il a fait le tour de son personnel il recommence.
Moi, je réalise mon chiffre d’affaire, il me laisse alors relativement tranquille, certes j’ai droit à mon petit quart d’heure « de torture » pendant lequel, il se moque de moi en prenant à témoin mes collègues de travail.
Ils peuvent se moquer de mes chaussures parfois, usées ou bien de mon accoutrement un peu vieillot c’est vrai, quand ce n’est pas ma coiffure ou mon gros nez ! ! !
Cet homme a besoin de sa cour et le fait qu’il commercialise des « biens haut de gamme » nous permet de gagner confortablement notre vie.
Par conséquent, on fait l’effort de supporter cet égocentrique, pervers-narcissique. Magali ne peut pas démissionner, elle a besoin de ce travail pour vivre et éduquer ses deux enfants.
Son salaire est bien au-dessus du revenu type d’une secrétaire, mais depuis que Monsieur Henri s’en est lassé, il regrette bien entendu les avantages sociaux qu’il lui a octroyé.
Tout est possible pour ce monstre d’égoïsme pour décourager Magali et pour l’humilier.
Carole ma consœur le déteste vertement et fait tout son possible pour effectuer des visites ou bien entreprendre de la prospection, l’essentiel est qu’elle soit à l’extérieur de l’agence !
Elle a dû, elle aussi, supporter les avances de Monsieur Henri jusqu’à ce qu’arrive la jeune Magali ; Carole a compris qu’il ne faut surtout pas réveiller l’animal, elle se maquille peu, a toujours ses cheveux tirés et ne porte jamais de jupe, ni de robe courte.
Monsieur Henri aime chez les femmes que leurs cheveux soient détachés. Elle vit seule comme moi mais elle a fait croire à notre patron qu’elle vit en couple depuis quelques temps.
La journée s’est passée tranquillement, Paul mon collègue de travail est rapidement passé au bureau prétextant de nombreuses visites, mais à part notre patron, on sait tous qu’il a une liaison avec la femme de celui-ci !
Ce "crétin des Alpes" qui se pavane tel un coq de basse-cours toute la journée, ne se doute pas que son épouse s’envoie en l’air avec Paul son « vendeur préféré » bien que parfois aussi il passe à la moulinette.
Mais enfin, il est relativement épargné. Paul cependant ne lui a jamais pardonné une affaire qu’il suivait consciencieusement depuis plusieurs mois mais il se l’était fait détourner par Monsieur Henri ! !
Ce jour-là alors que Paul était absent, le couple en question était passé à l’agence pour revoir une maison de banlieue et s’il est vrai que Monsieur Henri parvint à les décider définitivement, les clients étaient néanmoins acheteurs d’un bien !
Une magnifique maison de maître d’un million trois cent mille euros ! A 8% de commission ! !
Ce fut une frustration, une trahison pour Paul que celui-ci ne lui pardonna jamais. Sa manière de se venger ? ? ? Ce fut de se « taper » sa femme qui plus est à l’impertinente aisance financière.
Cette femme avait hérité d’un patrimoine familial démesuré ! Un jour Paul était arrivé avec une magnifique montre de fabrication artisanale ! Une « Master grand réveil » ! Elle coûtait vingt mille euros. Le boss en la voyant lui avait rétorqué.
— « Dîtes donc mon vieux, vous êtes sacrément gâté ! ! Vous ne vous privez de rien, vous ! ! J’ai la même, c’est ma femme qui me l’a offerte pour nos vingt ans de mariage, mais la mienne c’est le modèle Circa 1990 à dix mille euros ! »
Ce jour-là, Paul avait du bien rire dans son for intérieur bien sûr, car c’était la femme de Monsieur Henri qui la lui avait offerte.
La nuit commence à tomber, Monsieur Henri semble préoccuper, il quitte le bureau avant l’heure en disant à Magali.
— « Dîtes donc Magali, vous fermerez l’agence, surtout n’oubliez pas l’alarme ! «
— « Bien Monsieur. « -Répondit-elle. –
— « Je me moque de votre « bien Monsieur », la semaine dernière vous avez oublié de l’enclencher à deux reprises. »
Il passe devant moi en me disant :
— « Bonsoir Pierre, à demain et tachez d’être à l’heure. «
Il est con ce type ! j’ai toujours été à l’heure ! Réflexion gratuite, juste pour le plaisir d’agacer ! Mais il ne gâchera pas ma soirée.
Je quitte l’agence en écoutant ses plaintes et ressentiments. Je rentre tranquillement chez moi en m’arrêtant à la boulangerie puis chez mon traiteur.
Ce soir-là, je décide de prendre le vieil ascenseur jusqu’au troisième. Devant ma porte, Madame Collombey ma vieille voisine qui guette mon arrivée me dit :
— « Pierre, j’ai fait un bon gratin dauphinois, je vous en ai réservé une petite portion. »
Elle est adorable cette Madame Collombey. Je m’affale sur mon canapé et allume la télévision. Je dévore avidement ma portion moelleuse de gratin puis je me laisse bercer par un documentaire animalier.
Je commence à m’assoupir, le son de la télévision se met à ralentir ainsi que le tic-tac de la vieille pendule pour cesser finalement de s’entendre comme si le temps venait de s’arrêter !
Tout s’assombrit, l’atmosphère devient lourde et humide, ma pièce disparaît et mon canapé se trouve au milieu d’une vaste salle aux multiples arcades de pierres. Tout est noir ou gris, une forte odeur d’humidité emplit mes narines.
6 commentaires
MiXado
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Il y a 6 ans
Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
Carmin
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Il y a 6 ans