Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes Les chasseurs d'âmes.

Les chasseurs d'âmes.

Devant moi, un paysage de ruines et de désolation. Des vestiges d’anciens monuments aux styles mélangés. Puis des bâtiments encore debout mais éventrés aux ouvertures béantes, des fenêtres dépouillées de leurs boiseries et de leurs huisseries ne conservant que leurs ouvertures maçonnées.

A leurs pieds, des décombres, fait de pierres, de gravas et de ferrailles tordues. Ailleurs ça et là des temples encore habillés de leurs colonnes corinthiennes, plus loin des temples mais au style hindous, flanqués de milliers de statues grimaçantes, et s’étirant vers le ciel noir des flèches de pierres sculptées comme de la dentelle de Calais.


Certains bâtiments de style Art-déco noircis, encore fumants. Partout il n’y a que ruines et malheurs, je perçois des plaintes et des gémissements entrecoupés parfois de cris qui proviennent de toutes part.

Je marche sur une avenue grise parsemée de véhicules carbonisés des automobiles de toutes les époques. Ces carcasses calcinées et ces ruines dégagent quelque-chose de pathétique, je continue à arpenter cette large avenue et je me demande ce qu’il a bien pu se passer ici ?


Où suis-je ? Quel est ce monde ? L’ambiance dégage une forme de désespoir où l’amour n’existe pas. Tout à coup au loin, j’aperçois des hommes et des femmes qui sortent précipitamment d’un bâtiment grisâtre, une bâtisse cyclopéenne de forme parallélépipédique. Il se dessine sur le côté une rampe qui la gravit jusqu’à son sommet.


Mais sur sa façade au milieu d’un jardin noircis aux multiples arbres calcinés, ces gens effrayés semblent fuir quelque-chose. Tout à coup, des êtres aux formes physiques ingrates et aux cris animal, ces choses noires et informes aux contours imprécis sortent du bâtiment à la poursuite de ces pauvres « bougres » pour les renverser au sol et déchiqueter leur corps en morceaux !

Les corps disloqués continuent à crier d’horreur et de douleur ! Une femme parvient à se soustraire du terrible supplice, elle m’aperçoit et se met à courir vers moi en criant.


— « Monsieur, je vous en supplie, aidez-moi, je vous en prie, sauvez-moi ! «


Elle est assez jeune mais malgré son visage avenant, elle est couverte de crasse et ses vêtements sont en lambeaux. Elle s’agenouille à mes pieds et s’accroche à ma jambe. Elle pleure et sa voix est cassée à cause de ses cris et de sa peur, elle me supplie de l’emmener.

Je vois que certaines formes noires l’ont aperçue et commencent à se diriger vers nous. Plus elles approchent, mieux je les perçois. Elles ressemblent à des êtres d’apparences grossières, effrayantes, la peur me paralyse, je suis saisi comme à la gorge.


J’essaie de me défaire de l’étreinte de cette femme qui s’accroche à ma jambe en rebroussant chemin mais je me déplace péniblement car son poids me ralentit dangereusement. Là, tout près, ces créatures aux traits grossiers à la peau couverte de pustules, aux yeux enfoncés dans le creux de leurs orbites, arrivent à notre hauteur.


Ils tiennent en laisse des créatures qui ressemblent vaguement à des gargouilles, elles ont de longues dents plantées sur leur mâchoire inférieure dépassant de leurs babines telles des lames acérées et courbes. Leur glotte laissant découvrir leur tube digestif pour s’enfoncer plus bas dans leur poitrine. Leur gorge apparaît ouverte et béante, leurs yeux sont dépourvues de pupilles laissant juste apparaître des orbites blanches sans expression. Elles lâchent des sons qui s’apparentent à des gloussements hideux mélangés à ce qui pourrait ressembler de loin à des aboiements étouffés


Soudain, une de ces créatures enfoncent farouchement ses dents dans la jambe de la femme puis une deuxième dans le flanc de son ventre puis c’est la curée, toutes ces créatures, genres de chiens de chasse s’acharnent sur cette pauvre inconnue. Puis les Êtres aux formes grossières s’emparent de la femme, lui déchire tout ce qu’elle porte et la soulève en l’air d’un seul bras, l’exposant tel un trophée de guerre !


La pauvre femme est désormais entièrement nue, une main grossière la soutenant par les reins elle est exagérément cambrée.

Tant et si bien que ses seins semblent disparaître dans la cambrure générale de son corps meurtris, le grossier personnage aux multiples pustules tourne sur lui-même pour exposer sa prise à ses congénères


D’autres lui écartent les jambes comme pour l’offrir en sacrifice sexuel et un cinquième s’empare de son vagin avec sa grosse bouche, l’embrasse ardemment, goulûment. J’entends ce bruit significatif comme lorsque mon père mangeait sa soupe sans aucune discrétion.

Puis la femme a un orgasme, je suis stupéfait ! Elle crie de plaisir, se contorsionne, un râle rauque de délectation sort de sa gorge et ses yeux mi-clos ne laissent percevoir qu’un trait blanc


D’un seul coup, subitement ! Ils arrachent les membres de son corps, prennent chacun l’une de ses parties ! La tête tombe lourdement sur le sol puis roule jusqu’à mes pieds. Elle est toujours vivante ! Son râle de plaisir continue à se faire entendre, ses yeux hagards clignent de bonheur et sa langue lèche ses lèvres en un mouvement rotatif.

Les monstres repartent, ils m’ont ignoré même s’ils m’ont vu, leur cri rauque, saccadé à cause de leur marche lourde, ils s’éloignent de moi. Puis la femme m’adresse la parole.


— « Tu veux que je te suce chéri ? » -Une longue langue sort de sa bouche pour toucher mes pieds. –


Je l’enjambe et je reprends ma marche. Au détour d’un temple gréco-romain en haut des marches de son haut escalier, un homme est en feu et semble ne jamais se consumer.

Il gémit à la fois de souffrance et de plaisir.


Je comprends qu’ici il n’y a rien à espérer, tout n’est que désarrois, peur et souffrance. L’ambiance est lourde, elle m’imprègne de son tissu ambiant.

Je ressens toujours cette peur insoutenable mais je suis également triste, profondément triste. J’aperçois au loin des êtres humains qui se consument lentement, ils conservent encore leur forme humaine mais ils semblent être composés de cendres agglomérées.


Pris d’une curiosité malsaine, je décide de continuer à arpenter ce monde apocalyptique mais tout à coup, je me sens aspirer vers l’arrière. En quelques secondes, je me retrouve dans mon lit sur l’esplanade au sommet du grand escalier. La bête immonde aux dix pattes velues s’approche de moi.


— « Tu as vu maintenant ? Si tu ne veux pas y être prisonnier à jamais, tu devras me nourrir des autres. »


J’ouvre les yeux, ma chambre est intacte, j’entends le chant des oiseaux, la lumière du soleil filtre à travers les interstices des persiennes, dessinant des fentes lumineuses sur mon lit et sur le mur du fond. Je me lève, dans la salle de bain, je me regarde à la glace, j’ai une mine épouvantable, mes paupières sont boursouflées et mon teint est gris. Je me rase, je prends une douche, je m’habille, je prends rapidement mon café et dévale les escaliers du vieil immeuble haussmannien quatre à quatre. Mon bureau est à un quart d’heures seulement de chez moi et je m’y rends tous les jours à pied.



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12 commentaires

Leoden

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Il y a 6 ans

Je viens de lire les deux premiers chapitres. Je reçois une claque. Autant le premier m'a envoûté, le second me prend par les tripes. Tu n as pas à être jaloux, tu as l'air aussi barré que moi^^. Un style lovecraft, que j'aime beaucoup. La suite risque bien de me plaire. Donneras ou donneras pas? Côté écriture, tu t'en sors beaucoup mieux que moi, qui suis très rudimentaire et scolaire.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Merci mon Ami.

Madi nina

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Il y a 6 ans

Drôle d univers plaisir et peur mêlée

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Un descriptif étonnant, j'adore l'architecture et mon crédo sur l'art-déco me fait visualiser ce monde avec justesse. C'est frissonnant, Pierre a l'air d'un spectateur qui navigue dans l'horreur sans pouvoir être attaqué, une notion d'immunité surnage tout en lui permettant d'être associé à ce calvaire avec cette femme qui le voit et lui parle, s'attache à lui dans un ultime désespoir. Et ces créatures qui tiennent en laisse des formes de gargouilles la vision effraie. Pour ce qui est de ce second chapitre mes questions sont du genre : "Où veux tu m'emmener ?", " "Est-ce que ces mondes ne sont pas des créations de terreur de cet homme ?", " Dans quelle dimension vit-il réellement ?" "As t-il une raison pour être là ?"... J'ai effectivement lu tout ton texte mais là je reviens pour mes coms et je te renvoie mes impressions de première lecture, même si je sais plus ;)

Carmin

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Il y a 6 ans

A la fin juste après mon annotations, c'est pareil un autre ( je ) en moins et ça aurait été juste parfait ! Hé ben, ça change de décors, on s'évade dans une dimension infernale, j'apprécie. Je me sens un peu moins hors-sujet, mais bon... J'ai un peu la même manière de narrer la première personne du singulier. Le rythme, le chant qui découle en lecture vocale et fort agréable, vraiment. Je vais suivre de près ton histoire de près. Merci.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Bonsoir,merci de t’intéresser à mon texte.Oui à me relire je trouve à mon sens qu'il y a un peu trop de "je" A vouloir maintenir une cadence,un rythme j'ai fait une overdose de pronoms.Il sera sans doute nécessaire que je refaçonne cette histoire en lui donnant encore plus de consistance.Je devrais reconstruire mes chapitres avec plus de détails.Mais le petit soucis est que chaque chapitre est limité à sept milles caractères.Par conséquent si par malheur on est trop prolixe, on est alors obligé soit de raccourcir soit d’amputer le chapitre précédent pour déverser la suite sur le chapitre suivant.Bof! ce n'est pas très constructif. Je vais allé te visiter pour un coup de main

Carmin

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Il y a 6 ans

Merci pour ta réponse, JMNG. Je comprends, c'est le point faible de la narration à la première personne. Comment manier ou remanier la phrase sans y intégrer trop de "je", c'est pas un exercice facile. Pour part, c'est les incises que je devrais élaguer, Mais je verrai ça en relecture finale. Je confirme ton propos sur le nombre de caractères : il peut parfois restreindre, mais je pense qu'il faut passer outre et c'est surtout lié à l'interface de Fyctia (pour le lisibilité, je crois). C'est avantageux ou pas, tout dépends comment on écrit, pour ma part je fais du minimum 700 mots par jours, donc ça peut-être un avantage. Pour ce qui écrive plus, là c'est un peu plus frustrant, en effet... Le mieux c'est d'amputer le chapitre à un point clef, si j'ose dire. Tu peux compter sur moi pour une lecture attentive, par moment, je n'ai pas osé annoter. A bientôt !
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