Fyctia
Epreuve de l'eau
Le voilà suspendu à sa corde d'assurance, la tyrolienne est tombée en morceaux dans le torrent plus bas.
Et tout à coup, il chute !
— Non, mon dieu !
Il plonge dans une grande gerbe d'eau. Pourvu que l'eau soit assez profonde ! Je le voie remonter à la surface. Il ne bouge pas, l'eau l'emporte à tout allure vers le lac.
Je ne réfléchis pas, je cours pour me rapprocher de l'eau et plonge pour le rattraper. Il doit être inconscient.
L'eau est froide, et le courant est abominablement fort. J'espère pouvoir ne pas dévier et être éloignée de Zach.
Il semble ralentir à mesure qu'il arrive dans le lac Michigan. Je n'ai toujours pas réussi à le rattraper même si je nage de toutes mes forces. Après 15 minutes d'effort intense, je le rejoins enfin. Il est blessé à la tête et ne bouge toujours pas.
— Zach, s'il te plait réveille toi !
Je l'allonge sur le dos pour qu'il fasse un semblant de planche et ne coule pas. je vérifie ses constantes, il respire et son coeur bat tranquillement. Ouf, il n'est pas noyé. J'ai tellement peur !
Je me glisse sous lui et je tente de regagner la rive en m'éloignant du courant qui nous pousse vers le large. Il est hyper lourd. Je puise dans toutes mes forces. Je tremble, je suis épuisée mais je me bats. On arrive enfin sur la rive. Je suis totalement HS, mais je veux tenter de le ranimer. Je le tire sur le bord, hors de l'eau. Il est tellement massif, je fais de mon mieux en le tirant, en le poussant.
J'examine ensuite sa blessure. Il ne bouge toujours pas, pas un frémissement. J'extirpe de son sac à dos la trousse à pharmacie et m'emploie à le soigner. J'examine ses jambes, ses bras, son ventre. Aucun hématome ou quoi que ce soit qui pourrait justifier de son état. Je cherche son téléphone : éteint et verrouillé. Le mien est resté sur la rive avec mon sac.
— Zach.... je gémis. Qu'est ce que je dois faire maintenant !
Rien ne se passe, il ne bouge toujours pas.
Sa carte ! Je farfouille de nouveau pour retrouver le chemin et identifier le premier signe de civilisation à proximité.
Je vois des petits carrés noirs rassemblés comme un hameau. J'en ai pour au moins 30 minutes de marche dans le marais, mais je peux y arriver.
Je fais un oreiller avec mon pull et le met en position latérale de sécurité.
Je laisse la gourde à proximité.
Ensuite, avec trois bouts de bois, je lui indique la direction que je prends.
Je sors ma boussole, et je pars cap sur les maisons, espérant trouver de quoi appeler les secours.
Je marche, je cours, je trébuche, je tombe. Mes jambes sont toutes écorchées, mes mains aussi. Je me suis coupée dans les roseaux. J'ai du faire des détours pour ne pas m'enfoncer trop profond dans les marais. C'est potentiellement dangereux, et j'ai pas envie de mourir. Au moins une chose dont je suis sûre : ici il n'y a pas de crocodiles.
Enfin j'aperçois des arbres au loin. La terre ferme ! Je redouble d'efforts. J'espère qu'ils auront au moins une radio et qu'il y a quelqu'un.
Là, un maison semble habitée, en bois, peinte en rouge. Deux pickups sont devant. Le reste semble être des hangars.
Je cours toquer à la porte. J'ouvre la première pour tomber sur la deuxième en moustiquaire habituelle. S'il vous plait ! S'il vous plaît !
La silhouette d'un homme apparait derrière.
— Lila ? Je m'étrangle en le voyant.
— Hayden ?
Un immense soulagement me prends.
— Hayden ! S'il te plait ! Zach ! Il est blessé. Il est tombé dans le torrent, j'ai réussi à le ramener sur la terre ferme mais il est inconscient. Il ne bouge plus. Vite, il faut appeler les secours, et aller le chercher. S'il te plait ! Hayden ! Mais réagis bon sang !
Il ne réponds rien, et me regarde de toute sa hauteur, les yeux bouillants de colère. Tout à coup il se met à gronder.
— Tu peux pas avoir fait ça avec elle ! Non, sérieux ! Je peux pas le croire !
— Quoi ?
Il a dit quoi ? Il s'adresse à qui ? Je me retourne, et je vois Zach derrière moi. Je tombe des nues.
Hayden me bouscule. Il est fou de rage. Il pousse Zach.
— Bordel ! Putain, frère, tu peux pas avoir fait ça !
Zach le regarde, bras croisés. Il fulmine aussi.
— Bien sur que si ! J'ai le droit, elle le mérite parfaitement. Et elle a passé haut la main les trois épreuves, elle en est parfaitement digne !
— Je suis pas d'accord ! Tu n'avais pas le droit de lui faire LE parcours d'initiation ! Tu peux pas avoir fait ça !
Je suis liquéfiée sur place, anéantie par ce que je voie et ce que j'entends.
Hayden ne veut pas de moi. Il me déteste vraiment. Zach s'est aussi largement foutu de ma gueule en me faisant vivre la pire des peurs alors que je suis littéralement épuisée. 2 connards en puissance ! A croire qu'ils veulent me dégouter de vivre ici.
Mes larmes montent en même temps qu'un immense chagrin. Ils m'en trop font baver. Je suis anéantie, et je n'arrive plus à retenir mes larmes. Je peux plus. Je suis clairement dépassée par ce qu'ils e me font endurer. Je ne tiens plus et il faut que je parte, tout de suite, que je mette un coup d'arrêt à tout ça.
Une colère noire me fait relever la tête, je tends ma main avec une haine incommensurable.
— Zach, tu me donnes tes clés maintenant. Tu rentreras avec ton pote, je veux plus jamais vous revoir. C'est terminé, je me casse.
Ma voix n'a plus la moindre part d'humanité, elle est grave et terrible.
Zach proteste : Lila, mais non, enfin !
— Lui adresse pas la parole PUTAIN hurle Hayden. Donne lui tes putains de clés ! Laisse la partir !
Je les lui arrache des mains et monte dans son pickup, presque aveuglée par les larmes et mes hoquets de douleur. Je laisse ces deux enflures, je quitte ce putain d'endroit. Je vais rendre mon tablier. Anton avait raison, à un moment, faut que je sache appeler à l'aide. Je refuse d'être la proie de ces mecs qui se jouent de moi et ne me respectent pas.
Une fois revenue enfin au bed & breakfast, j'appelle Sandy.
— Sandy, j'arrête. Je suis désolée. Je dois m'arrêter. Je pars, je retourne à Chicago et je demande à Anton de gérer la suite du chantier. Je suis désolée, tu as été adorable, et tu es et tu seras toujours une merveilleuse amie. Mais là, je dois vraiment m'en aller.
Sandy tente vainement de me retenir, mais je n'écoute plus personne. Je n'ai plus que l'énergie de fuir, et à toutes jambes.
Après avoir vidé ma chambre, je bourre le coffre et les sièges arrière de la voiture de toutes mes affaires. Je m'installe au volant et décide d'appeler Angela. Je tremble, je suis dans une colère noire, aveuglante, je suis consternée par tout ce qui s'est passée et j'ai l'impression d'avoir échoué lamentablement.
— Angela, j'ai...besoin...de toi.
— Ma chérie, qu'est ce qui se passe ?
— Je.... je peux pas.... expliquer... maintenant... tu... me prendre chez toi quelques jours ... s'il te plait ? Je .... stop.
14 commentaires
KBrusop
-
Il y a 3 ans
ElsaBianchi
-
Il y a 3 ans
FleurDelatour
-
Il y a 3 ans
ElsaBianchi
-
Il y a 3 ans
Oona Rose
-
Il y a 3 ans
Cassi J. S.
-
Il y a 3 ans
JennyLY
-
Il y a 3 ans
KBrusop
-
Il y a 3 ans
Vinciane Leroy
-
Il y a 3 ans
ÉmilieC28
-
Il y a 3 ans