Fyctia

Alors que je débarque le lendemain matin dans la cuisine de Sandy, Zach m'interpelle.

— Possible que tu reviennes dès samedi midi ?

— euh oui pourquoi ? Il y a un problème ?

— oui, tu connais pas tous les secrets du coin et rappelles-toi, faut que je t'initie.

Je souris amusée.

— Des secrets ? Lesquels ?

— Faut d'abord que tu passes les épreuves, ensuite on verra si t'en es digne.

— Tu sais tous les jours ici sont une épreuve. Je crois que je vais me re-faire une pause loin de tous dans mon p'tit appartement à Chicago. C'est bon, j'ai mon compte pour les épreuves. T'as pas trouvé de copine à inviter ce week-end ?

— Non Lila, rappelle-toi : ordre de Sandy Et moi, les ordres, je les respecte. Surtout s'ils viennent de ma sœur. Donc si tu veux pas que je me prenne une rouste, t'es obligée de venir.

— C'est Sandy qui t'as demandé de partir en balade avec toi ?

— Tu en doutes ?

— J'lui demanderai. Je pars pas n'importe comment à l'aventure avec l'acharné du sexe du coin et juste en tête à tête. Je suis pas dingue !

— L'acharné du sexe ? Faut que tu te détendes Princesse !

— Princesse ? Purée mais qu'est ce que vous avez tous avec ça ! J'suis pas une princesse !

— Prouve le !

— OK je vais te prouver que c'est pas le cas !!

— Et bien voilà ! J'aime mieux ça !

Il sourit victorieux : Samedi 3 zéro zéro ici, avec des fringues pour crapahuter dans la forêt et de quoi te changer. Je t'emmène dans un coin de fou.

Merde !

— Sandy ? Je crois que je me suis faite avoir par ton frère. Dis moi que tu lui as demandé de m'emmener en bivouac dans la forêt.

— Ah oui mais t'inquiète ! C'est aussi parce que j'en ai marre qu'il ramène une blonde différente tous les soirs et je te fais confiance. Et puis si ça peut te faire découvrir le coin, c'est parfait.

— Ok. Bon... je sais pas dans quoi je me suis embarquée... mais bon ok...

Samedi 3h00

— Capitaine, mon commandant, colonel Major chef ! Recrue Lila a vos ordres, garde à vous !

Je fais un semblant de salut militaire façon clown qui essaye d'être sérieux.

— N'importe quoi. Moi c'est Zach et je suis Commandant.

— Ben purée, tant que ça ?

— Ca t'étonne fillette ?

— Oui.

Il me regarde avec ses yeux noirs qui me font frémir.

— Si tu ne te tiens pas à carreau, je t'abandonne dans la forêt et t'es pas prête de rentrer. Donc fais bien attention à ce que tu dis.

Je le regarde d'un air moqueur, la bouche relevée d'un coin, haussant les sourcils

— Fais voir ton sac.

— Tu vas quand même pas fouiller dans mes affaires !

— T'as quelque chose à cacher ?

— Non !!!

— OK donc :

Chaussettes

T-shirt

Short

Brosse à dent

Dentifrice

Savon

Culotte... mmm jolie..

— T'es pas obligé de commenter !!!

— Tas oublié qui commande ?

Frontale

Papier toilette - ca t'oublies

Un coupe vent

Un couteau

Une boussole

Un sac en plastique

De la ficelle

Et bien... t'es pas tant que ça une princesse... je m'attendais à une valise à roulette avec du gel douche et un masque pour dormir en fourrure rose...

— Putain Zach ! oui je sais à peu près gérer un sac. J'ai fait léger. Par contre j'ai rien prévu d'autre. J'ai pas de sacs de couchage ou le reste de l'équipement.

— T'inquiète, j'ai pris de quoi allumer aussi un feu, une bâche pour bloquer l'humidité, une toile de tente et des duvets. Pour la bouffe et l'eau j'ai pris aussi. Et... une trousse à pharmacie.

Je hoche la tête.

— Ok. Bon t'es prête ?

— T'es sûr que tu l'es toi avec moi dans les pattes ?

— J'en ai dressé des plus coriaces que toi.

— Ça m'étonnerais !

— Tu veux que je te montre vraiment ?

— Non non, ça va! Les épreuves de force j'en ai vraiment ma claque pour tout te dire. La paix et la sérénité, c'est bien. Je suis vraiment fatiguée, tu t'en rappelleras ? Je fais ça juste pour m'intégrer et montrer à Sandy que j'essaye de faire un effort.

On part à pied de la maison et il m'emmène directement dans le bois. Il ne parle pas et ça me va.

J'aime bien marcher sans rien dire, j'ai besoin de calme. Je suis juste épuisée. Ça fait 7 mois que je suis arrivée, j'ai pas pris un jour de congés et je pense sérieusement à poser bientôt un ou deux jours pour souffler.

Mais la, ça va. C'est cool, tranquille.

Je pense à Anton et notre première sortie. Il m'avait emmenée aussi.

Depuis, c'est surtout un homme de la ville que j'ai pu voir à l'œuvre. Il gère admirablement bien son agence et je le trouve impressionnant. Je ne sais pas quels sentiments j'éprouve pour lui. Les frontières entre boulot et perso n'existent pas chez lui. Et je ne sais pas si je suis prête à prendre de tels risques. Je ne sais pas si c'est vraiment ce que je veux. Mais il n'a fait que m'aider. Toujours. Il me soutient, prends soin de moi. On fonctionne à merveille en phase de travail intense, on ne se dispute jamais. Il me fait rire aussi et a une culture artistique énorme. Et puis, il a beaucoup d'autres atouts !

Tout à coup, la voix grave de Zach me surprends dans mes rêveries...

— Fais attention à ce que tu fais et où tu marches Lila ! On entends que toi dans cette forêt.

Marches plus discrètement si tu veux qu'on ait une chance de voir des animaux.

— Pardon, je ne pensais pas

— Arrête de t'excuser !

— Tu réagis pareil que ta sœur ! Explique moi s'il te plaît comment faire pour ne pas penser automatiquement que j'ai pu causer du tord ! Surtout quand on vient de m'aboyer dessus.

— Ben tu réfléchis !

— Putain, je te déteste !

— Ouais mais j'ai raison.

Je suis énervée, automatiquement je grommelle :

— Tais toi et marche ! On n'entends que toi dans cette forêt !

Il se retourne vers moi,

— Joue pas à la maligne Lila si tu veux pas que je te laisse toute seule dans la forêt.

— Tu me montres où on va ?

— Plus tard. On avance, je veux qu'on arrive pas trop tard au lieu du bivouac.

— mmh ok, je me demande pourquoi je te fais confiance...

Zach ?

— Quoi encore ?!

— Steplé, je veux vraiment faire un effort d'intégration, mais j'en peux plus de me battre. J'ai besoin de calme, de gentillesse... pas d'un instructeur des marines !

— La nature est là pour ça, alors avance en silence... et tu verras. L'instructeur t'aurai juste dit : tais toi et marche et si t'es pas content tu feras 100 pompes.

je hoche la tête passablement décue par son attitude aggressive. je soupire.