Fyctia

Au camps, un vendredi soir, fin juin - 12h environ...

— Je vous ai tous rassemblés aujourd'hui pour vous inviter à célébrer la fin de cette phase de travaux.

Je dois vous avouer qu'en débarquant il y'a maintenant 3 mois, je ne m'étais pas attendue à apprendre autant de choses, à me trouver confrontée à autant de difficultés. Je suis venue la fleur au fusil, mais prête pour l'aventure et celle ci a dépassé mes plus beaux rêves :

J'ai rencontré des gens magnifiques, qui ont su m'accompagner dans cet apprentissage, généreux dans leur manière de travailler et qui ont partagé le meilleur de leur savoir faire pour préparer le terrain dans les règles de l'art. Règles que vous avez contribué à re-inventer. Et ça c'est énorme !

J'ai beaucoup grandi à vos côtés, j'ai un tout petit peu pris confiance en moi. Et si je me suis efforcée de cacher mes inquiétudes et mes paniques quotidiennes, tentant de rattraper mes trop nombreuses maladresses, vous avez réussi à me rassurer.

Merci de m'avoir acceptée. D'autres équipes vont se joindre à nous, d'autres vont s'arrêter dans ce beau projet. Mais c'est comme tout, comme pour une colonie de vacances : des amitiés se sont crées et on restera je l'espère en contact.

Bon, passons aux choses sérieuses :

Rendez vous ici ce soir à 19:00 pour faire une grosse teuf !

Les gars crient des hourras, et viennent me serrer la main.

— Bien joué princesse, tu peux compter sur nous !

Tout à coup, je sens que je fais partie vraiment de l'équipe et je me retrouve toute timide face à eux. J'ai les yeux qui brillent et je reprends le micro :

— C'est pas le tout les gars, mais faut que vous débarrassiez le plancher pour que l'équipe qui gère la fête puisse installer de quoi bien manger et bien s'amuser. Allez, houste ! dehors ! Je compte sur vous pour vous faire tout beaux ! Rendez vous tout à l'heure !

Sandy me rattrape alors que je m'apprête à rentrer dans le bâtiment principal pour aller voir l'organisation du barbecue gigantesque qu'on prévoie.

— Ma belle c'est une super idée, d'habitude les gars du chantier font la fête de leur côté. C'est la première fois qu'un client les remercie de la sorte alors même que le chantier n'est pas terminé.

— Tu sais, c'est tellement important pour moi ! J'avais vraiment envie de célébrer la fin de cette première phase. Pfiouuu ça le mérite bien non ?

— Lila ?

— oui Hayden ?

— Tu veux de l'aide ?

— Oui, merci ! J'allais te demander de m'aider à sécuriser le périmètre de la fête. Je veux pas retrouver des gars en coma éthylique au fond d'un trou. Tu peux guider s'il te plaît l'équipe de la fête pour mettre en place des barrières. Il faut briefer les gars de la sécu aussi. Je veux vraiment pas que ça dérape, OK ?

Hayden se penche vers moi :

— Bien sûr princesse, tes désirs sont des ordres !

— Ouh fais gaffe, je vais y prendre goût !

Il me sourit

— J'y compte bien ;) !

— A toutes ! Et merci !

— Yes ! Mais tu m'en dois une maintenant !

— Ok, mais une quoi ?

— Tu verras tout à l'heure !

— Je peux encore refuser ?

— Trop tard si tu veux tes barrières de sécurité, t'as pas le choix.

— Bon.... Ok, deal.

— A tout à l'heure princesse !

Anton a accepté qu'on organise cette petite sauterie pour me faire plaisir, il a eu aussi l'accord de Nate, le fils de notre client, celui qui gère ce projet d'investissement. Depuis notre baiser avant le restaurant, je reste le plus distante possible d'Anton et lui aussi. Mais je vois bien qu'il se retient. Pour ma part, je suis les conseils de Sandy : je prends le temps de savoir ce que je ressens. Je ne veux pas me sentir redevable et garde au mieux mes distances. Le sentiment de culpabilité et de malaise que j'ai ressenti après avoir cédé à mes pulsions me donne suffisamment de force pour ne pas commettre deux fois la même erreur.

Pourtant, je me rends compte qu'il est vraiment adorable avec moi, se comportant si généreusement sur le plan professionnel. J'hésite à lui demander s'il est comme ça avec tous ses collaborateurs. Je sais qu'il est un boss génial, hyper proche de son équipe, mais de là à soigner tout le monde comme il le fait avec moi, cela me semble pas si professionnel que ça. Je veux pas le fâcher non plus et risquer de perdre cette complicité ou mon job. Peut-être que je ne devrai pas vouloir le beurre et l'argent du beurre... ma moralité en prends un coup à chaque fois que je le voie.

Il vient désormais tous les lundis et moi je le retrouve tous les vendredis à Chicago.

Il n'ose pas m'inviter à diner et attends que ce soit moi qui fasse le premier pas.

J'ai peur de trop le faire attendre. J'oscille donc entre culpabilité de craquer et culpabilité de tenir mes distances au risque de le perdre pour de bon... au top du top !

Finalement, c'est plus simple quand je reste seule au chantier, l'équation est légèrement plus simple. Malgré tout, il y a deux autres "paramètres" là bas qui me rendent aussi la vie difficile...

Hayden, qui est tout le temps adorable et qui me cherche juste assez pour me faire rire et me rendre folle. Je guette désormais en permanence sa présence alors que je ne devrai pas non plus. J'ai l'impression qu'il se pose encore des questions quant à ma relation avec Anton. Il a fait deux trois fois des allusions à mes week-ends à Chicago. Mais je n'ai rien laissé entrevoir.

Zach, qui passe son temps à me faire des compliments pleins de sous-entendus et à cause desquels je rougis en permanence comme une gamine de 14 ans face au Quaterback du lycée. Il est carrément torride. Bâti comme un dieu, il se meut de manière fascinante, avec souplesse, puissance. Il sait jouer de ses yeux noirs insondables, qui projettent un désir brut et qui me rendent très très faible dès que je les croise. Heureusement que je tiens à Sandy, car j'ai été à deux doigts de céder. Il est très intéressant en fait. Je sens qu'il a vraiment envie de se poser. Par contre, j'ai l'impression que je suis devenue un défi pour lui. Je dois être une des premières à ne pas le laisser approcher et cela l'excite. Comme si j'étais une citadelle à conquérir. Ça ne l'empêche pas de se ramener une blonde régulièrement chez sa sœur... ce qui a le don de m'énerver passablement.

Et donc, pour rendre ma vie encore plus simple, ce soir, tous ces messieurs seront présents...

— Lila, maintenant tu viens, tu les laisses gérer. Toi aussi tu dois te pomponner et clairement, je veux que tu sois tellement sublime que tu les paralyses tous et qu'ils te fassent un tapis rouge en s'alignant par terre devant toi ! C'est moi qui m'occupe de toi. J'ai invité les filles et on va se faire un après-midi au salon de beauté. Au programme : massage, gommage, ongles, cheveux, maquillage... Ils vont nous en baver des ronds de chapeau tu vas voir. Autant en profiter non ?

— Toi tu es vraiment la meilleure copine de la terre ! J'avais rien prévu, je pensais juste avoir le temps de prendre une douche mais l'équipe gère et Hayden va s'occuper de la sécu.

Je crois que je suis prête à te suivre.