Fyctia

— Sandy ? Dis moi que tu es dispo pour m'emmener boire un verre ! Demain, réunion de crise avec les chefs d'équipe. Hayden m'a pété une durite et j'ai du mettre mes ovaires sur la table.

Dis moi oui steplé ! Par contre, on y va soft, faut que je tienne face à eux demain à la première heure.

— Viens ma belle, j'en avais besoin moi aussi. J'en ai tellement marre de mon bonhomme parfois !

— Tu m'emmènes où ?

— Au Red Roosters C'est sympa, et y'a un super groupe de country, on va bien rigoler.

— De la country ? Oh la la, pitié, je vais me ridiculiser !

Nous arrivons devant une bar typique, digne d'un film de cowboys.

— Hey Sandy, How my favorite sugar baby's doing ?

— Oh, Jimmy, toujours aussi dragueur ! Faut que tu te tiennes, j'ai avec moi Lila, et elle est de Paris...

— Paris ! Ouuuu la laaaaa ! Voulez-vous couch...

— Pas de ça avec moi Jimmy, tu sais pas à quoi tu t'avances !

Je me penche vers lui:

— J'espère surtout que tu as de la bud bien fraîche parce que j'en ai bien besoin !

Sandy m'a dit que tu avais le pub le plus sympa du coin. Je vois qu'elle a eu raison.

— Ah, toi tu sais parler aux hommes ! Bienvenue ma jolie. Il parait que tu tiens tête à une cinquantaine d'entre eux toute seule ?

— Jimmy, tu comprends pourquoi j'ai besoin de boire ce soir ?

Je lui fais un clin d'œil.

— Allez, installez vous dans ce coin, je vous rapporte des nachos. Bonne chance ma belle, tu m'appelles si t'as besoin, je rapplique direct !

Sandy me tire par la manche.

— Une partie de fléchettes Lila ?

— Ouh la la, tu ne sais pas à quoi tu t'exposes !

— Ouhhh la laaaa ! Mais si justemeeeeent ! Elle m'imite en rigolant avec mes expressions française.

— Non sérieusement; je suis carrément dangereuse quand il s'agit de jeter quelque chose. Je risque de lancer la fléchette dans le joli petit cul que voilà par exemple !

— Lequel ? Y'a un joli ptit cul dans le coin ? dit-elle un peu trop fort, faisant lever quelques têtes...

— Chuuuuteeeeee, luiiiii là qui joue au billard ! Oh purée, une gorgée de biere et je dis n'importe quoi !

— Lui là ? elle le pointe du doigt.

— Mais arrête, je me barre tout de suite !

Le gars s'est redressé, sa canne à la main et il se retourne pour découvrir qui glousse derrière lui.

Oh merde... je me renverse de la bière sur les pompes en sursautant.

— Un probleme m'ame ?

Il s'approche un air moqueur dans les yeux. Ça lui fait une fossette sur la joue hyper craquante.

— Haydan !

Fais-je comme si j'étais ravie de le voir.... je tire un faux sourire sur mon visage...

Non, non. Je disais juste que je visais toujours mal !

— C'est ça, Princesse, vaut mieux être prudente quand on sait pas faire !

Il s'approche un peu plus.

— Heureusement que les experts sont là.

Je le regarde un air de défi dans le regard, et puis je me lance :

— Vous savez jouer ? Parce que si vous êtes capables de me faire viser comme il faut, je vous donne une prime exceptionnelle.

Putain, je viens de lui proposer quoi ?! Qu'est ce qu'il va comprendre ?

— J'ai pas envie de perdre mon temps.

Son air désintéressé m'énerve du coup, je suis vexée.

— Oui, c'est surtout que vous savez pas ce que vous perdez.

— Ah oui, et je perds quoi selon vous ?

— L'occasion de faire connaissance avec la plus gentille nana venue de Paris que vous trouverez dans le coin. Hélas, elle se fait maltraiter par le pire des prétentieux. Un mec qui croit tout savoir sur tout et qui est même pas foutu de travailler sérieusement sans gueuler comme un putois !

Je suis en train de monter dans les aigus... mais je suis dépassée par la bière que j'ai avalée et la surprise de me retrouver de nouveau face à lui.

— Oui, sauf que je joue pas à la chef des majorettes moi et je parle pas de moi à la troisième personne. J'ai une boite à faire tourner et des gars à nourrir.

— Bien c'est bien ça les responsabilités. Effectivement, faites le boulot pour lequel vous êtes payé et sans faire des caprices de p'tit garçon gâté.

Je lui tape le torse du doigt... tout en lui gueulant dessus.

— mmmhhh dur...

oh la la ! Reprends toi !!! Et vite !!!

Sur ce, bonne soirée, tenez : la bière a .... tourné.

Je lui colle ma bouteille dans les mains

Je pivote pour partir, théâtrale mais il me rattrape par le coude. Je me retrouve tout à coup contre son torse. Il se penche vers moi, à deux centimètres de mes lèvres, il me murmure :

— Je peux partager avec vous tous mes savoirs-faire... pas besoin de prime pour ça, je suis plutôt un type du genre généreux...

Il me hume longuement alors que je flageole.

... mais pas sur un chantier, sur un chantier, seuls les vrais experts ont leur place. Maintenant, bonne nuit Lila, et ... rêvez bien à mon joli p'tit cul !

en français dans le texte et sans accent ! Putain ! Il m'a dit ça en français ?!

Je lui bredouille un bonne nuit du bout des lèvres, abasourdie par les sensations qu'il vient de me souffler dans la figure mêlés à sa provocation qui m'a rendue folle de rage, je fais signe à Sandy, et on se barre en vitesse.

Je boude tout le chemin du retour et Sandy n'ose rien dire.

— J'suis si conne que ça Sandy ?

— Non, il a juste joué de tous ses arguments et l'un deux à fait mouche...

— Je veux pas avoir à me battre sur ce terrain là !

— Tu l'as quand même allumé en parlant de son joli petit cul et qu'il perdait à faire la connaissance d'une gentille française et de la « prime » que tu lui donnerais... d'ailleurs tu sous-entendais quoi là ?

— Mais rien ! Juste de faire connaissance ! Et puis je savais pas que c'était le sien de cul !

— Le connaissant, il s'énerverait pas comme ça si tu l'intéressais pas.

Maintenant qu'il a trouvé un moyen d'attirer ton attention, il va continuer jusqu'à ce que tu craques. Méfies toi !

— Oh non, sérieusement ! Sandy ! Greffes-moi une paire de couilles sur le front et des poils au menton, ptet que ce sera plus facile !

— Tu me fais mourir ma belle ! Je suis désolée de t'avoir trainé dans LE bar où Haydan se trouvait. Tant mieux, au fond, on n'est pas restées trop tard.

— Oui, et moi je vais appeler Anton. Il ne faut pas que je laisse trainer sans le prévenir. Merci Sandy, sans toi pour me confier je pèterai un câble !

— Je t'en prie ma belle. Les femmes se serrent les coudes !

— Oh mais je n'ai parlé que de mes problèmes ! Sandy, c'est quoi qui te fait péter un câble chez ton homme ? Dis moi et je vais lui mettre un coup de cuillère en bois derrière la tête pour lui apprendre à se tenir comme il faut !

— Non, non ma chérie, tout va bien. Il déprime un peu parce qu'il ne trouve pas de travail.

— Il bosse dans quoi ?

— Il fait de tout, c'est un super bricoleur, mais il n'a pas de qualification. Tu sais, tout l'entretien, c'est lui qui le fait. Sans lui, je sais pas ce que je ferai.

Je hoche la tête. Dès la porte de ma chambre refermée, j'appelle Anton.

Ca sonne occupé. Impossible de le joindre même après 3 tentatives. Je m'endors toute habillée, épuisée. Je lui ai envoyé un SMS : SOS Anton, je dois te parler impérativement demain.