Fyctia

Alors que je passe le pas de la porte de ma chambre, j'entends ma charmante hotesse au téléphone : Oui, elle est là. Tout va bien elle est déjà dans sa chambre. ... Oui ça semble s'être bien passé... non, elle n'avait pas l'air inquiète ou soucieuse. OK, je vous tiendrai informé, comme promis. Vous savez c'est vraiment important pour nous que le camps se développe et ramène un peu d'activité par ici. Je veillerai sur elle, c'est promis. Je vous appelle si besoin. Oui; bonne soirée à vous aussi.

OK, donc Anton a demandé à mon hôtesse, Sandy, de veiller sur moi et de le tenir informé... C'est gentil. En même temps, je pensais qu'il lui suffisait que je lui parle...

J'ai potassé mes dossiers jusqu'à tard dans la nuit. Je m'étire à m'en décrocher la mâchoire, dérouille mes muscles et enfile rapidement un jean. Je dois conserver un look qui en impose, mais il faut que cela reste adapté. Donc : bottes de chantier, pull moelleux beige en cachemire chic, bonnet et grosse veste tout temps. Je suis prête à affronter le printemps boueux qui s'annonce.

— Bonjour Sandy ! Qu'est ce qu'on dors bien dans votre lit ! J'ai dormis comme une souche et j'avoue que je resterai bien paresser ici sous la couette !

Elle rosit de plaisir et me propose aussitôt du café et tout un tas de pancakes, oeufs, bacon, fruits, jus de fruit... Je la regarde surprise :

Je vais pas pouvoir avaler tout ça, et avec le stress qui me noue l'estomac, y'a rien qui va passer !

— Mais non, il faut que vous mangiez pour affronter tous ces gars là dehors. Je vous assure qu'à midi, vous allez avaler votre repas comme un gars qui sors de prison !

Je rigole.

— Vous me direz si je m'y prends mal ? Je vais avoir besoin d'une amie pour me soutenir face à cette montagne de muscles, et je vois bien qu'avec votre caractère, ils ne sont pas prêt de mener la danse !

— Vous inquiétez pas Lila, vous pourrez tout me dire et puis, on ira se boire un verre de temps en temps pour décompresser. Vous verrez, ils sont impressionnants, mais au fond, je crois que c'est vous qui les impressionnez. Vous pensez, une parisienne de 23 ans toute fluette et jolie comme vous à la tête d'un des plus gros chantiers du coin ? Ils se doutent que si on vous a confié les rênes c'est que vous valez plus que ce qu'on peut imaginer d'une jeunette. Et puis, si le projet réussi, vous allez redonner vie au tissu économique de la région, et tous ont de la famille que ça pourrait intéresser. Vous pouvez être sûre qu'ils se donneront à 100%.

Par contre attention. Certains voudront quand même vous tester, et peut-être qu'il y a d'autres gens dans le coin que votre aventure n'arrange pas. Ils auraient peut-être aimé être à votre place et n'ont pas envie de changer leurs habitudes. Vous savez, les bobos écolos, ça les fait doucement marrer, alors en plus une étrangère qui leur donne des leçons alors même qu'elle n'a jamais conduit de chantier...

OK, OK, c'est pas pour me rassurer tout ça ! Je vais au casse pipe, et Anton me laisse toute seule !

Je l'appelle ce soir.

Bon, il est temps.