Fyctia
Bottes de chantier
— Hey, vire toi de là jeune fille ! Ici c'est un chantier, tu n'as rien à foutre ici. Décampe immédiatement, c'est interdit au public !
Merde alors, c'est qui ce connard là avec son vieux pull et son jean usé qui moule des muscles à damner n'importe quel humain porté sur les hommes bien gaulés et bien testosterronnés....
Je bredouille un vague ... euhhh excusez moi... je.. je vais par là, en désignant le batiment principal.
Oh la la, ce qu'il est canon !!!!
Il me regarde, comme si je ne savais pas écouter.
— J'ai dit que c'était interdit au public !
— Hayden! Y'a John qui t'attends, il veut tous les hommes pour le débriefing. Y'a la responsable du projet de NewLiv's qui sera là d'une minute à l'autre... Il parait que c'est une petite minette qui vaut le détour... il s'étrangle en me voyant alors que Hayden se retourne pour le voir arriver. Avec ses muscles, il devait faire écran. Ça donne une idée de la taille de la bête...
— Lila ? Lila Delahaie ?
— Oui, Hi, Nice meeting you !
— excusez moi, je ne voulais pas ....
— ne vous inquiétez pas... ravie de savoir que je vaux le détour. Surtout si c'est pour mes compétences !
Et je lui fais un clin d'œil.
Hayden me regarde d'un air suspicieux. Jaugeant mon accoutrement finalement suffisamment acceptable pour le suivre sur le chantier. Il me tends son casque.
— OK, suivez moi, mais mettez ça sur votre jolie caboche, pas de tête nue sur un chantier, à aucun moment. Signalez vous toujours à tous les conducteurs d'engin. Vous êtes petite et ils ont autre chose en tête que de surveiller une étourdie. Et pour vos chaussures, ça va, mais ne venez jamais en talons. Ici, c'est chaussures avec coques de sécurité. Compris ?
Je plisse les yeux, et le précède.
— Très bien, je vois que vous appliquez les règles élémentaires de sécurité. C'est rassurant. Bon, ne tardons pas, il y a beaucoup de choses à voir aujourd'hui. Vous n'allez pas nous mettre en retard des le premier jour, n'est ce pas ? Bon, vous me suivez ?
Faut pas qu'il oublie que c'est moi qui supervise tout. Sérieusement !
Je rejoins le grand hall d'accueil du bâtiment accompagnée de mes deux accolytes.
John est nettement plus sympathique, un gars d'une bonne quarantaine d'année, assez costaud. Alors que nous progressons sur la grand place, je vois les regards de tous les hommes présents m'examiner avec insistance. Certains semblent se marrer, se poussant du coude.
Je respire le plus doucement possible pour garder mon calme et ne pas laisser voir avec de grandes inspirations que ma peur est totale, et que je crains de me faire écraser comme une misérable stagiaire.
Je vais utiliser les techniques des maîtresses de maternelle. Silence et parler tout doucement. Exprès pour qu'ils tendent l'oreille et se taisent automatiquement. Je n'ai pas l'intention d'utiliser la force car ma voix ne couvrira jamais la leur et je ne pourrai pas tenir tête à une cinquantaine de gaillards expérimentés ou de jeunes cons ayant besoin de prouver leur supériorité masculine comme ce Hayden là. Jeune... bon, 4-5 ans de plus je pense quand même.
Je me tiens donc devant, en pleine lumière et j'attends. Je laisse le silence.
Puis je constate :
— Bien, tout le monde écoute.
Je les regarde, calme et bienveillante. Je me lance, articulant chaque mot, de manière à les détacher et me faire entendre.
— Je me présente : Lila.
Nous avons un vaste chantier devant nous et votre contribution est majeure. C'est parce que vous allez réaliser ce terrassement en appliquant une méthodologie respectueuse de l'environnement que vous allez donner toute la valeur à ce projet. C'est un travail essentiel et je sais que vous prouverez ainsi qu'un chantier de cette taille peut être mené à bien dans des délais courts sans dépassement de budgets alors même qu'il respecte un cahier des charges méthodologique exigeant.
Un gars commence à élever la voix.
Je l'interromps tout de suite :
— Vous attendrez que je termine. On lève la main avant de parler sinon, avec tout le monde ici présent, il ne sera pas possible d'avancer. Un peu de discipline je vous prie.
Je poursuis comme si de rien n'était. Les gars se taisent et m'écoutent leur raconter mon histoire. En fait, je veux les embarquer pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes.
Je mets un peu plus d'emphase, mais je reste hyper concrète. Mesures de sécurité, planning, phases du projet... tout y passe et ils me laissent parler, m'écoutant presque religieusement.
— Voilà. Je crois qu'on a mérité une pause. Vous pouvez aller déjeuner, et pour les responsables d'équipe, restez encore un peu.
John, vous me présenterez les managers afin que nous puissions détailler les différentes équipes et que vous me fassiez un état des lieux des ressources humaines. Je veux savoir s'il vous manque du monde, que l'on fasse un état des lieux des plannings aussi et me dire si tout est OK pour vous.
Voyant qu'ils restent tous là, je reprends un peu plus fortement :
— A plus tard messieurs, et merci pour votre écoute !
Les gars s'ébrouent tout en sortant. Certains me jettent des regards avant de sortir. Je fais mine de ne pas y prêter attention, je souris, calme. Je tremble pourtant intérieurement comme une feuille.
Purée, je les ai tenu attentifs 2 heures et pas un n'a bronché.
Je suis trop fière de moi. Le coup de la maîtresse d'école : TOPISSIME. A réutiliser !
John me présente les chefs, et forcément, Hayden. Il est responsable de la construction et surveillera la préparation. Bien que son équipe ne soit pas concernée tout de suite, il est là pour s'assurer que la phase précédente préparera bien celle dans laquelle il intervient. Il va devoir être partout, surveiller tout. Les hommes me serrent la main, avec des poignées viriles, mais je sens qu'ils ne sont pas malveillants. Au contraire, j'ai l'impression qu'ils ont vraiment envie de rendre les choses faciles. Seul Hayden semble sur la réserve. Va falloir que je lève rapidement ce qui lui pose un problème parce que sinon, ça va clasher et ça, je déteste.
La journée arrive à sa fin. Les gens se sont détendus et s'ils n'osent pas encore me faire des blagues lourdes, mais je sens qu'ils sont rassurés sur mon compte. Tout n'est pas gagné, loin de là, c'est sur la distance que ça se gère et surtout quand les difficultés commencent.
Je prends mes dossiers, et pars en direction de ma voiture pour rejoindre mon bed & breakfast dans lequel je vais dormir 4 jours par semaine pendant les 7 prochains mois. Je vais devoir trouver un restau sympa pour en faire ma cantine.
Des gars m'invitent à les rejoindre à un bar, tentant un rapprochement direct. Je les remercie et leurs montre ma pile de documents :
— C'est pas encore fini pour moi les gars, une prochaine fois, merci.
22 commentaires
Elodée
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Il y a 3 ans
FleurDelatour
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Il y a 3 ans
ElsaBianchi
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FleurDelatour
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iris monroe
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AaronSaxon
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ElsaBianchi
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KBrusop
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Il y a 3 ans