Fyctia

Je bosse comme une acharnée depuis maintenant 5 mois et j'ai l'impression d'avoir été là depuis toujours et que je viens à peine de démarrer. C'est la fin février, le projet est colossal et on attends un redoux pour engager les opérations. Pourtant, j'ai l'impression que tout m'est accordé.

J'ai carte blanche. J'avance à mon rythme, effrené quand même, mais tout se passe sans accrocs. Anton m'a libéré les moyens, les gens, afin que je ne sois jamais bloquée. J'ai l'impression de jouer à un super jeu de stratégie, mais où aucun effort particulier n'est à faire; ça déroule, facile, facile et intense.

Mes demandes sont toutes satisfaites et je n'en reviens pas de voir tout le monde participer allègrement à mon projet sans hésitation.

Je me dis que c'est parce qu'Anton supervise et que c'est ce que fait l'agence avec tous les petits nouveaux. Ben tant mieux, j'en profite.

Voilà, donc après des semaines à bosser avec tout le monde, la roadmap du projet est assez claire.

On va avancer progressivement même si le gros du chantier va concerner en premier la mise en place d'un système d'épuration des eaux sales et grises pour qu'aucun polluant ne soit rejeté.

Du terrassement en perspective.

Ensuite, il faut revoir la destination et l'organisation des bâtiments et ce sont les charpentiers et menuisiers qui seront principalement à l'œuvre.

Ensuite, on passera à l'aménagement intérieur et la déco.

Nous avons réalisé des maquettes d'intention, afin de convaincre nos commanditaires. J'avais suffisamment passé de temps avec eux pour avoir compris le fond de leurs envie, leur rêve. Et avec mon séjour sur place avec Anton, j'avais pu faire des propositions nouvelles qui avaient plus à toute l'équipe.

Un gros travail de sélection d'artisans a été fait. Je me suis appuyée sur Angela et Tessa qui connaissent tout le monde et ont été capable de m'orienter vers les bonnes personnes.

Ensuite, les contrats avec les différents prestataires, les vérifications budgétaires...

L'hiver à Chicago est tout simplement exceptionnel. Après les fêtes d'octobre... Halloween, il y a Thanksgiving. Aussi bien l'atmosphère magique des forêts, la lumière du soleil toujours chaleureuse, il y a cette déco partout, ces odeurs de cannelle... en fait j'ai l'impression en permanence d'être dans un téléfilm. C'est pour de vrai par contre ! Et enfin l'hiver est arrivé, ses températures hallucinantes : -12 C !!!! La glace sur le lac faisant une immense banquise, les trottoirs pleins de neige... attention ça glisse, mon cul s'en rappelle encore !

Et de nouveau cette déco partout.

Angela m'a invitée à fêter Halloween, Thankgiving et Noël chez elle. J'ai accepté avec émotion, car je n'avais personne.

Je m'en suis donné à cœur joie, cuisinant et gâtant les petits autant que je pouvais. C'était tellement magique !

Ella, la petite dernière d'Angela a été déguisée pour Halloween en petite abeille, tellement chouquette ! 🐝 nous avions aussi une fée 🧚‍♀️ de l'automne, un petit robot 🤖et un Harrry Potter 🧙pour aller toquer aux portes.

Je n'en revenais pas de voir autant de monde déguisés.

Et puis, est arrivée le jour de l'an.

Anton m'a demandé de le rejoindre pour un dîner de gala avec d'autres membres de l'agence, les leads des trois projet principaux. J'ai dû donc m'acheter une robe ultra chic pour l'occasion, je sais qu'ils n'y vont pas de main morte losrsqu'il s'agit de tradition.

Robe du soir, escarpins, pochette et surtout un grand manteau....

J'avais choisi une robe dans mes moyens mais carrément hallucinante. J'espérais pouvoir la réutiliser un jour, mais je ne voyais pas bien quand...

J'avais hésité longuement... et puis... je me suis dit « pourquoi pas » !

Quand j'avais vu ce tissus, tellement couture j'avais craqué... et puis je me suis dit que c'était carrément trop osé... et puis... non sérieux, elle est trop belle ! Je n'aurai pas souvent ce genre d'occasion, et... on n'a qu'une vie d'abord !

Je crois qu'Anton a failli faire une crise d'apoplexie lorsqu'il m'a vue. Hihi! C'était ce que je voulais ! Mais j'avais bien l'intention de le tenir à distance même si j'étais ravie que cette fois ci, c'était lui qui se sentait au bord du malaise. Non pas que je détonnais, il y avait un nombre de robes ultra sexy à décolleté pigeonnant tout autour de moi, mais je me sentais carrément jolie. Sure de mon choix et heureuse de mon petit effet !

Oui, une pure allumeuse ! Et puis zut, quand même ! J'ai 24 ans maintenant, on sait jamais, je tomberai bien sur un beau gosse qui ne soit pas mon patron ?

Depuis que je suis arrivée, la bande de NewLiv's s'éclate. On a directement démarré par du champagne. Ce boulot acharné nous doit bien ça. Anton s'est approché de moi pour me glisser à l'oreille alors qu'il me tendait une flûte : « Quand arrêterez-vous de me subjuguer ? »

C'était tellement au delà de la réaction que j'espérais susciter que j'en avais rougis.

Levant mes yeux vers lui, j'avais bégayé un truc grotesque, totalement naze, pour ne pas rester sur le registre beaucoup trop élégant et séducteur qu'il employait :

« Euhhh cette petite chose là ? Non, c'est pour le fun ! j'ai mise à donf sur les paillettes ! Vous devriez mettre des lunettes de soleil si vous ne voulez pas perdre un œil ! »

Il m'avait alors regardé dans le fond des yeux un long moment... à tel point que j'avais de nouveau rougis et senti ma petite culotte s'embraser. Et c'est moi qui me suis sentie tout à coup ridicule.

Merde !

Énervée de ma réaction, j'avais attrapé le bras de mon voisin, un pur inconnu et lui ai lancé !

— Vous voulez danser avec moi ? J'adore cette chanson !

Le mec surpris, m'avait reluque de la tête au pied et m'avait entraîné sur la piste de danse aussi sec.

Très mauvais danseur, et aux mains baladeuses... j'ai joué la fille pompette et lui ai écrasé les orteils instantanément.

Anton, en revanche, n'a pas cherché une seule fois ensuite à m'inviter ou à discuter. Il m'a superbement ignorée tout le restant de la soirée. Il m'a juste embrassé sur la joue après le fameux décompte.

— je ne vais pas vous laisser m'empêcher de vous embrasser pour vous souhaiter une très belle année Lila.

— bonne année à vous aussi Anton. Qu'elle vous soit remplie de pleins de petits bonheurs. Parce que ce sont avec tous ces petits bonheurs qu'on s'en fabrique de grands, n'est ce pas ?

— alors sachez ce baiser en est le tout premier de l'année...

Il m'avait sourit avec cette profondeur qui me faisait me liquéfier et s'était ensuite tourné vers mes autres collègues pour les embrasser également.

———

Voilà, après toutes ces bulles de champagne et ces paillettes, désormais, je passe à la phase bottes de chantier pour superviser le terrassement et le gros oeuvre. J'espère qu'ils accepteront de suivre les ordres d'une midinette française, fluette et inexpérimentée... Espérons sinon que l'ombre d'Anton derrière moi sera suffisante.