Fyctia

Des heures à passer à pianoter sur mon ordi pour préparer mon visa.

Des heures à chercher un logement dans un quartier pas trop mal famé et proche de l'agence.

Des heures à chercher le meilleur tarif pour mon vol et gérer la vente et l'envoi des quelques affaires que je voulais conserver.

Impossible de laisser quoi que ce soit en France. Personne pour me les garder.

Et puis oui, pourquoi pas m'installer définitivement ?

Donc voilà, les roues du 747 se sont posées après 7h d'avion, je viens enfin d'arriver dans cet immense aéroport de Chicago, dans ma nouvelle vie.

J'avance comme un mouton obéissant suivant la file des voyageurs, tend au douanier mon passeport et le document rempli dans l'avion affirmant que je ne suis pas une terroriste.

Je lui sors un sourire gentil, le remercie avec chaleur, je m'en fous je suis heureuse et m'engouffre dans les couloirs jusqu'à trouver le métro aérien qui me permettra de rejoindre le centre de Chicago.

Je lui sors un sourire gentil, le remercie avec chaleur, je m'en fous je suis heureuse et m'engouffre dans les couloirs jusqu'à trouver le métro aérien qui me permettra de rejoindre le centre de Chicago. Le El est comme une série de boites de conserves argentées mises bout à bout et circule sur des rails suspendus au dessus des immenses rues très fréquentées de la ville.

Je découvre des quartiers avec des immeubles de brique rouge, d'autres plus cossus aux façades blanches.

Une femme un peu grosse et rougeaude s'assoit en face de moi et entame la discussion.

Oui, ils sont un peu étonnants ces américains, parler à des inconnus dans les transports en commun... on ne voit pas ça à Paris !

J'apprends qu'elle rejoint sa famille qui habite l'Indiana et va fêter Thanksgiving avec eux. Sa sœur a une ferme et accueille tout le monde cette année. Ils vont être au moins 50.

Je lui souris et la complimente d'avoir une grande famille si unie.

Elle me demande ensuite qu'elle est ma religion et d'où je viens. Je m'excuserai presque d'être française. Oui, ça m'avait frappée la première fois : poser la question de la religion est tout à fait normal. Être athée, en revanche est très surprenant pour la majorité d'entre eux. Fort heureusement je ne me suis jamais sentie jugée, juste parfois, l'objet de beaucoup d'espoirs de conversion !

Et voilà mon arrêt.

— Take care !

— Thank'you ! You too and happy thanksgiving !

Angela m'attends devant notre point de rendez-vous juste après le pont sur la Michigan Avenue.

Cette avenue, la principale de la ville est facile à reconnaître. Vous l'avez vu des tas de fois dans des films ou des séries, il se relève et il y a des drapeaux bleus et blancs clair avec 4 étoiles rouges alignées au milieu ? Vous voyez ?

Elle me prends dans ses bras, un gros hug comme si on se connaissait depuis des années.

— Alors, comment ça va ? Tu as fait bon voyage ? Je suis ravie de te rencontrer !

— Moi aussi ! C'est chouette de te rencontrer et enfin d'arriver ! Merci pour ton accueil, c'est vraiment tellement gentil de m'héberger !

— Ne t'inquiète pas ! Tu sais, j'adore l'idée d'accueillir une jeune française à la maison. Tu aimes cuisiner ?

— oh la la ! Je risque de te décevoir, je suis une bille en cuisine !

Mais je peux tenter le coup ! Tu ne me jetteras pas dehors si c'est immangeable ?

Elle éclate de rire.

Bon je sens que ça va bien se passer.

Angela est l'assistante de direction de l'agence et elle va m'héberger pendant quelques jours dans sa maison le temps que je puisse emménager dans mon appartement. Je compte sur elle pour m'aider à bien intégrer l'agence. Elle a l'air géniale.

Angela a 4 enfants, un mari jovial et est une adorable maman. J'ai l'impression de faire partie de la famille au bout de quelques minutes, tenant l'un d'entre eux sur mes genoux pour l'aider à faire ses devoirs pendant qu'elle s'affaire à régler la participation de la plus grande à la parade de la fanfare de l'école.

Je me retrouve enfin à 21h, totalement épuisée par mes 7 heures d'avion et mes 7 heures de décalage horaire, dans un grand lit avec des draps de flanelle et une grosse couverture en patchwork. Je me sens comme une bienheureuse. C'est juste rétro, douillet, chaleureux comme une maman...

Voilà ! Ma nouvelle vie commence, et je suis choyée comme un bébé.

Quelques larmes d'émotion me gagnent que je réprime vite.

Je suis un petit peu triste aussi de constater encore une fois que je n'ai pas de famille aimante comme celle-ci, mais je suis aussi excitée de démarrer une nouvelle vie. Un sentiment de gratitude m'étreint, j'ai énormément de chance p d'être là où je suis et démarrer un métier passion. Je m'endors très vite.

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— Tu viens ? Je dois déposer Ella, Mike et Josh à l'école et ensuite direction le bureau !

Tu veux du café ?

Oh mon dieu, ce qu'ils appellent un café est un mug immense emplis d'un liquide marronnasse à l'odeur nauséabonde qu'eux seuls identifient comme du café. Il y a de la vanille, de la cannelle, un tas de trucs qui couvre le gout. Ça s'apparente plutôt à du jus de quelque chose mais certainement pas du café.

Je lui souris et la remercie poliment prétextant préférer le thé pour refuser plus facilement. Il me faudra trouver une machine à expresso rapidement... Ils ont bien George Clooney, les machines à expresso doivent exister chez eux !

Nous voici enfin arrivées en bas de l'agence.

Je ne me suis pas habillée sur mon 31 mais suffisamment élégante pour être à la hauteur de la réputation française mais pas trop pour passer pour une prétentieuse.

Donc pour résumer : un pantalon paper bag taille haute avec une ceinture nouée en un gros noeud très parisien, un chemisier fluide blanc avec des pois noirs, et une paire de mocassins avec une grosse boucle dorée suffisamment grosse et travaillée pour faire design. Une veste en cuir noir, quelques colliers fins, des bracelets variés bohème et les cheveux lâchés légèrement ondulés. Un maquillage léger et hop! Emballée pour la journée. Féminin, classique mais pas trop.

Arf le sac ? Ben le seul que j'ai et qui aille avec tout : noir, matelassé avec une chaîne dorée. Pas de marque de luxe, ça les américaines devraient le voir, ce sont des spécialistes et moi je n'y connais rien du tout. Je préfère surtout garder des sous pour de plus grands projets et je dois être prudente, personne pour me rattraper si je me retrouve en galère.