Fyctia

Je regarde la pièce par-dessus mon écran. Je ne vois rien, il n'y a personne. J'ai déjà fait le tour quelques minutes plus tôt et c'était vide. Peut-être est-ce quelqu'un qui revient, car il a oublié quelque chose, ou juste pour travailler ? Je sais que des personnes travaillent aussi de nuit, ici. J'essaie de ne pas paniquer, mais comment après avoir lu le dossier du tueur de femmes ? C'est plus fort que moi, l'angoisse monte petit à petit, je sens mon sang pulser dans mes veines. Mon cœur bat à une vitesse folle. J’essaie de respirer, mais l’air est lourd, comme suspendu dans le temps.

Quelque chose cloche ici, je le sens jusqu’au fond de mes tripes.

Un deuxième bruit sourd. Comme si quelqu’un taper du poing sur la porte en bois du commissariat.

La panique me prend de plus en plus, comme une antilope effrayée devant un lion. Mes poils se dressent. Mon cœur bat fort, trop fort. Des gouttes de sueur perlent sur mon front.

Je ne paniquais pas autant, avant. Pas depuis ce drame.

J'avance vers le bruit en question, en sortant le plus silencieusement possible mon arme que je pointe droit devant. Petit pas par petit pas. Je suis armée, il ne peut rien m’arriver.

Ah oui ? comme la dernière fois… me fait putain de flipper ma conscience.

Qui serait assez idiot pour se pointer dans un commissariat hein ? Qui serait assez bête pour se jeter dans la gueule du loup ?

Ça doit juste être un agent qui a oublié les clés. Ou juste un oiseau qui s’est fracassé sur la porte malencontreusement. Oui, je trouve des excuses pour me rassurer…

J’avance encore jusqu’à être devant la grande porte bleue. Je pose mon oreille, mais j’entends seulement le bruit de la pluie qui a commencé à tomber.

BOUM.

Je sursaute et file tout droit derrière un bureau au hasard.

Je me cache ? Non mais qu’est-ce que je suis devenu ? Je veux être une femme forte. Une femme policière qui résout des enquêtes ne se cache pas derrière un bureau dès le premier bruit venu.

Je prends mon courage à deux mains, sors de ma cachette et pointe mon flingue vers l’entrée. Je l’ouvre vite, avant que mon courage ne s’envole. Je pointe mon arme sur une silhouette.

— Mais ça ne va pas ! hurle le type qui se trouve sous mon arme.

Je fronce les sourcils avant de reculer. C’est Josh. Mon collègue de travail.

—Judith ! tu veux le flinguer bordel !

Je fronce les sourcils avant de reculer. C’est Josh. Mon collègue de travail.

—Mais… Quoi ? Je… pardon…

Je me confonds en excuse, tellement que j’en perds mes mots. Non mais quel genre de dingue vient taper sur la porte du commissariat aussi tard aussi ?

— C’est toi qui ne vas pas bien ! Tu m’as foutu une peur bleue !

— Je suis désolée, le chef m’a dit que tu étais là et j’avais oublié toutes sorte de papier et aussi les clés…

Je pousse un grognement, le laissant entrer pour s’abriter de la pluie.

— T’as bien failli me tuer quand même… ricane-t-il.

Je hausse les sourcils en soupirant. Moi qui était si forte. J’étais une femme qui se faisait confiance, une femme qui s’aimait. Et la, quoi ? Je me cache derrière un bureau ? Je ne suis pas capable de m’occuper de l’affaire du tueur de femme… Ma décision est prise. Le tueur de femme, je le laisse dans les mains d’autres personnes.

Je réfléchie, regardant mon collègue récupérer ses affaires.

Mais quelle femme suis-je devenue…?