Fyctia
Prologue
— Judith, tu me reçois ?
Je sens mon talkie-walkie vibrer sur mon épaule. Je le saisis tout de suite d'une main, appuis sur le bouton.
— Oui.
— On a une course poursuite sur la onzième, t'es dans le coin ? Vol à main armée.
Ce n'est pas mon domaine, les courses poursuites, mais plus les enquêtes. J'affirme quand même, ne pouvant pas mentir sur ma position. Je suis tout de même formé pour ça aussi. Les vols à main armée, les courses poursuites, les dealers...
— Je m'en occupe.
Je fais demi-tour à une vitesse folle, allumant en même temps mon gyrophare. Mon cœur bat à une vitesse folle, comme à chaque fois que je suis sur un coup pareil. Il ne bat pas aussi vite parce que j'ai peur, je ne crains rien. Il bat d'excitation, d'adrénaline. C'est pour ça que j'ai choisi ce métier. L'adrénaline.
On me détaille le type qu'il faut suivre dans mon talkie. Jean noir. Sweat à capuche noir. Cagoule noire. Et il pense qu'il va nous échapper en étant habillé comme ça ?
Je tourne sur la rue qu'on m'a indiquée, et je remarque le type immédiatement. Il empreinte une ruelle, dans laquelle je ne peux pas accéder en voiture. Je mets un coup de frein si énorme que j'ai l'impression que les roues arrière se sont levés. Peut-être juste ton imagination, Judith.
Je sors à la volée de ma voiture, et tape le plus gros sprint de ma vie. J'aperçois le panneau qui indique que nous sommes dans une rue sans issue. Un cul de sac. Un rictus se forme sur mon visage. Je parie que je suis en train de suivre un petit jeune qui pratique le vol pour la première fois. C'est un amateur...
Je m'arrête de courir, sachant pertinemment qu'il ne pourra aller nulle part, car je vois d'ici le gros mur en brique rouge. Le type tout en noir regarde partout en l'air pour chercher une issue. Il n'y en a pas, j'ai déjà vérifié. Ni échelle, ni grillage. Juste des murs de briques sur plusieurs mètres de hauteur, dont même un cheval ne pourrait pas sauter par-dessus.
Quand j'arrive vers lui, il n'a pas d'autre choix que de me regarder. Je le vois froncer les sourcils à travers sa cagoule. Oui, t'es dans la merde. Je sais très bien ce qui va se passer, maintenant. Il y a deux possibilités.
La première : il se rend.
La deuxième : il me pointe de son arme, mais ne tirera jamais.
J'ai déjà eu affaire plusieurs fois à ce genre de jeune. Des petits drogués qui se sont retrouver à la rue et qui sont obligé de volé pour survivre. Si c'est son cas, il a de la chance et va être placé en centre de désintoxe. Si pas, c'est la prison.
Le petit jeune a choisi la deuxième option. Il me pointe de son flingue.
—Rends-toi… ce sera plus simple.
— Tu crois qu’une femme me fait peur ? Vous n'êtes que des merdes.
Voilà le portrait type d’un homme. Un homme qui voit une femme flic. On est mal vu, je sais, je suis victime de ces paroles tous les jours de ma vie depuis que j’ai commencé ce métier.
— Bon... si tu veux jouer à ça alors...
Je sors mon flingue à mon tour, pointant entre ses deux yeux.
— T'es en train de pointer un flingue sur moi, alors je peux te tirer une balle entre les yeux maintenant. Rends-toi, ou meurs... À un si jeune âge, ce serait triste.
— J'en ai rien à foutre, j'ai plus rien à perdre.
— Je peux t'aider. Tu peux être aidé.
— Tu ne connais rien de ma vie. Laisse-moi et barre toi, sinon je peux tirer, moi aussi, si je veux.
Je hausse les sourcils, étonné de ses réponses. D'habitude, ils se rendent déjà. À peine mon arme pointée sur eux, ils lèvent les mains en l'air et leurs genoux frappent le sol.
Celui-là est plus coriace.
— Écoute, soit on perd du temps à parler, soit tu te rends et on en finit une bonne fois pour-
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Le bruit que j'entends me fait sursauter, et me perce les tympans. Ce bruit que j'ai entendu des millions de fois sortir de mon arme, et qui ne m'a jamais fait sursauter. Mais cette fois, ce n'est pas de la mienne que sort ce bruit.
Je suis projeté en arrière, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Mon corps heurte le sol avec violence.
J'ai mal à la poitrine. J'ai mal. Je sens du liquide couler jusqu’à mes mains, je mets toute la force qu’il me reste pour les mettre en face de mes yeux.
Rouge. Sang.
L'homme cagoulé se penche au-dessus de mon corps, retire sa cagoule pour libérer sa bouche et il me crache dessus. En plein visage. Des frissons de dégoûts et de peur se mélange sur mes poils qui se dressent. J’ai peur. Je n’ai jamais eu peur, moi qui ne craignais rien.
— Fallait pas jouer à la plus maligne. Tu n'es qu'une femme. Contre nous les hommes, vous ne valez rien.
Puis il s'enfuit en courant, me laissant planter là, une balle loger à l'intérieur de mon corps. Je crois que je suis sous le choc, car je ne ressens aucune douleur. Les pompiers vont arriver.
Je sais qu’il ne faut pas que je bouge. La seule chose que je sais, c’est que des larmes dévalent mes joues.
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alsid_murphy
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Il y a 2 jours
StevenLT
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Il y a 19 jours
Eva Boh & Le Mas de Gaïa
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Il y a 2 mois
Volten v
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lovelover
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lea.morel
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Mina Lyn
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Océane Ginot
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Il y a 2 mois
lea.morel
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Il y a 2 mois