Zoé Sonobe (zizogoto) Le tueur à la rose blanche Chapitre 2-1

Chapitre 2-1

Sur les quelques mètres qui nous séparent encore de l’hôpital, mes frissons le long de ma colonne vertébrale ne me quittent pas. Je me sens épiée et ça m’en donne la chair de poule. Je n’aime pas cette sensation frissonnante qui ne présage rien de bon. Je préfère ne pas en parler à Bart, le connaissant, il serait capable de paniquer pour rien. Ce n’est qu’un pressentiment après tout et peut-être que c’est toute cette histoire de braquage qui me retourne un peu. Même en tant que membre des forces de l’ordre, on peut avoir peur, il suffit juste de la contrôler et d’apprendre à la gérer.


Cela n’empêche pas que si j’ai en effet raison et qu’il s’agit bien du jeune homme que j’ai suspecté, je me sens plus exposée aux risques que les autres. Une personne méticuleuse qui ne laisse jamais de traces, peut très bien avoir des coups d’avance sur nous et si c’est le cas, il peut aussi savoir que nous le suspectons et que c’est moi qui en suis à l’origine. De toutes les affaires auxquelles j’ai pu participer, ce ne serait pas la première où mon instinct de flic me mettrait en danger de mort.


Arrivés devant l’énorme établissement blanc, je tourne à ma droite et tente de me trouver une place parmi toutes ces voitures garées. Mécontente de me retrouver assez loin de l’entrée, je râle en sortant du véhicule, ce qui n’échappe pas à mon coéquipier.


— Un soucis Roxy ? s’inquiète Bart.


— Non aucun, dépêchons-nous de rejoindre la chambre de Chelsea Born, avant qu’un tueur ne vienne l’achever.


— D’accord…


J’accélère le pas jusqu’à l’entrée de l’hôpital et me présente à l’accueil avec mon badge. Bart a à peine galéré à me rattraper avec ses jambes de presque un mètre et demi.


— Bonjour, que puis-je faire pour vous ? me demande poliment la jeune rousse derrière son ordinateur.


— J’aimerai savoir le numéro de la chambre de la patiente Chelsea Born, s’il vous plaît.


— Attendez une minute.


Elle tapote sur son ordinateur à la vitesse de l’éclair avec ses ongles parfaitement manucurés, puis elle relève la tête, souriante.


— Ce sera la chambre 312, troisième étage à gauche en sortant de l’ascenseur.


— Je vous remercie, bonne journée.


Bart fait un signe de tête à l’hôtesse d’accueil et me suit jusqu’à l’ascenseur. Nous l’appelons, et une fois à l’intérieur, ce que je redoutais arriva : le ventre de mon acolyte gronde famine. Je regarde l’heure sur mon téléphone, il est en effet presque 13h00. Je me tourne vers lui et compatis en souriant de la même manière que la femme de l’accueil.


— Je sais qu’il est tard et que tu es réglé comme une horloge, mais tu vas devoir attendre que l’on est fini d’interroger la victime pour aller manger. Promis, je t’emmène où tu veux après.


— Oh oui ! Merci ! J’ai tellement faim ! Tu n’as pas idée !


— En attendant , tu restes focus. Tu vas m’aider à la questionner, mais tu vas surtout noter tout ce qu’elle dit, ça me fait gagner un temps fou pour rendre les rapports.


— Oui, ne t’inquiète pas ! Focus !


Je suis à la fois exaspérée et fière de lui, je ne sais pas vraiment s’il existe un adjectif pour décrire ce sentiment, mais des fois, il me fatigue. Je ne sais pas où il puise toute cette énergie à toujours être au taquet dans chaque phrase qu’il sort, mais c’est incroyable.


L’ascenseur s’arrête et nous suivons la direction préconisée par la jeune rousse. On tombe devant la chambre 312 et montrons au surveillant notre badge. Il acquiesce sans un mot et après avoir toqué, nous entrons à l’intérieur de la chambre.


Il s’agit d’une chambre banale qui pourrait se trouver dans n’importe quel centre hospitalier. Un lit médical, une table de chevet, un porte repas, une table, une chaise et un petit placard. Même si cela reste modeste, tout est fait pour que le patient reste dans un confort suffisant au rétablissement. Tous les murs sont blancs, sauf celui derrière le lit, qui est d’un joli bleu canard. Cela apporte un peu de couleur à la chambre qui me donnerait presque mal à la tête si elle n’avait été que de la couleur blanche.


Nous nous approchons de Chelsea, alitée, encore faible après son opération et dont le teint indique sa fatigue. Bart et moi nous présentons à elle en gardant un ton assez bas afin de ne pas trop la désorienter.


— Comment vous sentez-vous ?


— Bien… Enfin je crois…


— Je me doute que ce ne soit pas facile à vivre. Nous aimerions vous poser quelques petites questions, mais pas d’inquiétude, ce ne sera pas long.


Elle hoche de la tête.


— Pouvez-vous nous dresser un portrait du braqueur ?


— Je ne suis pas sûre de le pouvoir… Tout est un peu flou dans ma tête et… Je ne l’ai pas vraiment vu…


— Je suis sûre que vous en êtes capable. Vous savez, n’importe quel élément peut nous aider à le retrouver et à le coincer. Nous aimerions l’arrêter avant qu’il ne fasse d’autres victimes et ce portrait peut vraiment être important.


— Je vais essayer d’être précise, mais il était habillé de noir et tout était quasiment uniforme. Je sais qu’il mesurait environ 1m80, qu’il était assez baraque au niveau des épaules, il avait de gros bras, comme quelqu’un qui fait souvent de la musculation.


— D’accord, merci. C’est génial, vous vous en sortez super bien. Est-ce que vous auriez remarqué quelque chose d’inattendu, de spécifique sur lui ? Un bijou, un tatouage, un piercing ? Ou peut-être la couleur de ses cheveux ou de ses yeux ?


— Il portait une cagoule noire et la capuche de son sweat de la même couleur remontait par-dessus. Je n’ai pas vu ses cheveux, mais… il me semble que ses yeux étaient sombres, je dirai noirs, ou marron.


— Merci beaucoup. Ça va nous être très utile. Bart, tu as tout marqué ?


— Oui, Lieutenant.


— J’aurai une autre question à vous poser. Est-ce que vous vous étiez sentie épiée ou suivie les jours ou même les heures avant votre agression ?


— Non, pas vraiment. Enfin pas que je m’en souvienne.


— J’ai également une question pour vous, intervient mon coéquipier. Est-ce que vous aviez remarqué quelque chose de bizarre dans votre salon, enfin je veux dire, votre salon d’exposition ?


— Non, rien, vraiment. Tout était à sa place, aucune fenêtre ouverte, du moins en apparence. Je ne sais pas comment il est entré alors que c’était fermé et encore moins comment il a fait pour faire si peu de bruit alors que je travaillais à côté… Je… Je ne sais pas combien de temps il est resté à m’observer… Il attendait simplement le bon moment, que je ferme depuis un certain temps, qu’il fasse plus sombre…


Chelsea ravale ses larmes comme elle le peut. Voyant qu’il est difficile pour elle d’aller plus loin et ayant je pense, toutes les informations qu’elle dispose, je regarde Bart et lui dis qu’on arrête l’interrogatoire.


— Je vous remercie pour tout ce que vous nous avez fourni comme information. Nous allons vous laissez vous reposer, mais si quoi que ce soit vous revient en mémoire dans les prochains jours, n’hésitez pas à appeler le commissariat, je vous y répondrai. Faites attention à vous et je vous souhaite un bon rétablissement.


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