Zoé Sonobe (zizogoto) Le tueur à la rose blanche Chapitre 2-2

Chapitre 2-2

— Merci.


Bart range son carnet pendant que je lui lance un regard déçu qu’il réceptionne. Nous n’avons pas grand-chose, mais c’est déjà ça de pris. Avant que l’on ne parte complètement de la chambre, Chelsea m’interpelle.


— Attendez, Lieutenant Debarde !


Je me retourne et me rapproche d’elle à nouveau.


— Oui ?


— Je viens de repenser à quelque chose qui pourrait peut-être vous aider davantage.


— Je vous écoute.


— Le braqueur avait une ceinture noire en cuir de ce qu’il y a de plus banal en ceinturon, mais la boucle était en forme de serpent argenté. Je ne suis pas dessinatrice de métier, mais si vous avez besoin, je peux vous dessiner la boucle par rapport à ce dont je me souviens.


— Oui, oui. Bien sûr. Je veux bien si ça ne vous dérange pas. Bart, donne-moi ton carnet s’il te plaît.


Bart vient vers moi et me le tend. J’y déchire une feuille et la donne à Chelsea avec un crayon. Je la laisse griffonner sur le papier tandis que je rends à Bart son calepin. Après moins de cinq minutes de concentration, la photographe me rend la feuille, mais cette fois-ci, un dessin assez réaliste y figure au centre : celui d’une boucle en forme de serpent. Nous la remercions et nous quittons la chambre.


Pendant que, machinalement, je suis Bart vers la sortie de l’hôpital, je m’enfonce dans mes pensées et réfléchis à cette nouvelle information. Si le braqueur prend autant de précautions à ce que l’on ne puisse pas le reconnaître en portant des vêtements sombres et unis, pourquoi se mettrait-il en danger avec une fantaisie aussi stupide ? Une ceinture en forme de serpent, sérieusement ? J’aurai pu comprendre la Rolex ou la chaîne en argent, mais ça, ça n’a aucun sens. Fort heureusement, je doute que parmi près de quarante mille d’habitants, tous soient adeptes de ce genre de design. Avec un peu de chance, nous allons pouvoir le tenir plus rapidement que prévu. Étant donné que nous ne pouvons pas divulguer cette information à toute la ville dans un appel à témoin, au quel cas, le braqueur risquerait de changer de ceinture, nous allons devoir procéder autrement. Je pense qu’il serait judicieux de demander des renseignements plus fiables auprès des anciennes victimes de notre malfaiteur. Peut-être que cette ceinture précisera leurs souvenirs de leur agression.


Sans m’en rendre compte, nous nous retrouvons devant la voiture de fonction. Nous montons à l’intérieur et comme promis, je demande à mon collègue où il souhaite déjeuner. Sans grande surprise, il choisit son fast-food préféré « Chez Georgio ». Il s’agit d’un petit food truck stationné sur la place de la ville et qui dispose de quelques tables avec des duos de chaises. Je nous y conduis « avec » plaisir et attends dans la voiture pendant qu’il nous commande nos plats. Moins de vingt minutes plus tard, il revient avec un sac rempli de mets dégoulinants de gras et de calories. Il reprend place sur le siège passager et je redémarre la voiture aux couleurs du drapeau français pour rentrer au commissariat.


Sur le retour, je n’ai pas ressenti l’étrange sensation qui m’avait parcourue à l’allée. Même si cela me rassure d’un côté, j’ai surtout l’impression que ça ne présage rien de bon d’un autre. Je préfère rester sur mes gardes, car on ne sait jamais ce qui peut se passer.


Arrivés sur notre lieu de travail, nous montons à l’étage pour rédiger notre rapport. J’envoie alors Bart recopier le contenu de son calepin et me dirige vers le bureau du commandant. Je toque et une fois invitée à entrer, je pénètre dans l’antre du fauve. Son bureau sent toujours ce vieux parfum d’il y a plus de dix ans, toujours pas démodé visiblement, puisque mon nez l’apprécie toujours autant. La fragrance est un doux mélange de musc et de caramel. Ça a l’air plutôt surprenant, mais en réalité, c’est absolument divin et surtout très masculin. Nicolas est toujours parfumé, je crois qu’il est de ce genre d’hommes à se parfumer plus souvent qu’à se brosser les dents. L’avantage avec les parfums de grand nom, c’est qu’il sente, même de loin. Alors pas besoin de trop s’approcher pour en profiter et ainsi on évite la mauvaise surprise qui peut sortir de la bouche du patron, comme un mélange de café instantané de la machine du rez-de-chaussée et de poisson qui est resté plus de huit heures à température ambiante.


Je sors de ma rêverie lorsque le patron en question se racle la gorge pour me rappeler que je suis venue le déranger en plein « boulot » et que si je n’accouche pas très vite, il risque de me coller un blâme par pure vengeance.


— Oui ! Je voulais vous faire un rapide résumé de ce qui s’est passé au centre hospitalier.


— Les rapports sont faits pour ça Roxy.


— Je sais, mais je voulais surtout vous parler de quelque chose d’un peu plus délicat et qui ne fera pas partie du rapport.


Il reste silencieux et me fait signe de fermer la porte de son bureau, ce que je fais dans la seconde avant de respirer un bon coup.


— Outre le fait que l’interrogatoire se soit très bien passé et que nous avons recueilli un élément distinctif qui pourrait nous aider, comme une ceinture avec une boucle argentée en forme de serpent ; je crains que nous ayons été observés durant notre trajet pour s’y rendre.


— Outre le fait que l’interrogatoire se soit très bien passé et que nous avons recueilli un élément distinctif qui pourrait nous aider, comme une ceinture avec une boucle argentée en forme de serpent ; je crains que nous ayons été observés durant notre trajet pour s’y rendre.


— Comment ça ?


— Vous me connaissez, vous savez que j’ai un passif spécifique dans la police. Lorsque j’ai de mauvais pressentiments, j’ai rarement tort. Durant ma conduite, je me suis sentie épiée, observée et je ne parle pas de simples gosses qui regarderaient une voiture de police avec des étoiles dans les yeux. Je n’en ai pas parlé à Bart, car je ne voulais pas le faire paniquer, mais il semble qu’il n’ait rien remarqué d’étrange.


— Ton pressentiment a duré longtemps ?


— Honnêtement, j’en ai aucune idée, mais tout ce que je peux vous dire, c’est que ce temps m’a paru être une éternité. J’étais vraiment mal, j’en ai frissonné. Pourtant, comme vous le savez également, je ne suis pas du genre à avoir peur. C’est comme si j’avais senti que c’était moi que l’on épiait et pas juste la voiture de flic, ou l’équipe. Juste moi, comme si j’étais visée.


— Tu pourrais avoir un lien avec le braqueur. Peut-être qu’il te connaît, ou qu’il souhaite se venger de toi, plus que la police en général. C’est vrai que le braqueur se régale à nous humilier, mais peut-être qu’il souhaite se venger en particulier de toi. C’est une possibilité, en effet. Je t’en remercie de m’en avoir fait part. Tu souhaites une garde rapprochée ?

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2 commentaires

Sholaine77550

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Il y a 2 ans

Super livre j'adore continue comme sa Zoe

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 2 ans

Merci !
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