Zoé Sonobe (zizogoto) Le tueur à la rose blanche Chapitre 1-3

Chapitre 1-3

— Avec plaisir. Alors nous nous retrouvons à nouveau une semaine plus tard. Le braqueur est méthodiquement organisé et préparé puisqu’il agit toujours le même jour, se laissant une semaine pour préparer son futur braquage, à moins qu’il n’ait déjà tout préparer à l’avance. Alors, le vendredi 7 avril 2023, il se rend cette fois-ci à l’auto-entreprise de Chelsea Born, qu’elle a nommé « Cheese Chelsea ». Elle y est photographe d’événements et expose souvent ses compositions. Après avoir été braquée, elle a dû lui donner son porte-monnaie, puisqu’elle n’a pas de caisse. Il a également saccagé des photos après avoir visé sa poitrine avec son arme. Elle a été toute la nuit entre la vie et la mort, retrouvée, aux alentours de 22h30 par sa meilleure amie qui s’inquiétait de ne pas la voir rentrer à la colocation. Pour finir, le braqueur s’est amusé à nous narguer en taguant cette fois-ci un message qui nous est directement adressé : « Pas vu, pas pris ». Ce qui est une première, puisqu’il taguait un simple symbole sur ces derniers braquages.


— Bien. Merci à vous trois. J’espère que vous avez tous bien écouté ces récits car vous allez devoir me trouver et ce AB-SO-LU-MENT un lien entre ces quatre braquages. Si j’utilise cet adverbe, ce n’est pas pour aucune raison, mais bien parce que nous sommes dans une situation critique où les citoyens sont bouleversés, ils ont peur et cette peur est fondée. Nous ne pouvons nier une menace aux médias, car l’existence d’une menace est bien réelle. De plus, le braqueur fait de plus en plus de dégâts, il y va crescendo, et les blessures sont de plus en plus graves. Une mort risque d’arriver si on ne l’arrête pas, alors bougez-moi votre cul et trouvez-moi ce foutu lien. Il est si méthodique que je ne crois pas à l’hypothèse de l’aléatoire.


Toutefois, même si la pression du commandant était forte et que toute l’équipe redoutait la victime de trop, personne n’avait une réelle idée du lien qui se tramait entre ces quatre braquages. Enfin, si une idée est sortie, mais personne n’est vraiment convaincue de la véracité de celle-ci. Il est possible qu’il s’agisse d’un ancien commerçant ayant fait faillite. Cela pourrait coïncider avec les braquages de commerçants mais ce serait un peu tiré par les cheveux. D’autant plus que la photographe n’est pas réellement une commerçante, mais une auto-entrepreneuse. Elle ne vend rien si ce ne sont que ses services lors d’événements importants tels que dans les entreprises, les écoles, les mariages, les fêtes, etc. Malheureusement, il s’agit d’une piste qui manque de solidité. On ne peut pas vraiment la suivre, mais rien ne nous empêche de la mettre de côté si de nouveaux éléments pointaient vers celle-ci.


Grâce à la piste que j’ai envisagée, nous n’avons pas aucun élément. Pourtant, si on n’obtient pas d’aveu de sa part, nous n’aurons pas assez de preuves pour que le procureur accepte de le mettre en garde à vue. J’espère juste que lorsqu’on l’aura interrogé, certains indices nous donneront la puce à l’oreille. En attendant, j’ai bien conscience que pour Nicolas, cette affaire doit être très stressante. Connaissant le procureur de la République, je suis certaine qu’une grosse pression se maintient sur ses épaules. S’il y a un mort, le commandant risque de se faire fortement engueuler par le procureur. L’affaire du braqueur doré dure depuis un mois avec une fréquence d’un braquage par semaine et nous n’avons toujours pas de piste concluante. Cela retombera forcément sur Nicolas et cette pression risque d’être transvasée sur nous.


— Au fait, nous n’avons toujours rien du côté des témoignages et des enquêtes de voisinage ? demandé-je pour savoir si ça avançait aussi du côté des dernières recrues.


— Non, enfin, on a une petite grand-mère, cheveux grisonnants, atteinte d’Alzheimer, qui pense l’avoir déjà vu chez elle pour prendre un café et manger ses merveilleux gâteaux au rhum et aux noisettes. Malheureusement, je trouve que son témoignage n’est pas très, comment dire… fiable ? Premièrement, l’histoire qu’elle nous raconte est complètement folle. Quel idiot prendrait le temps de se faire inviter à un goûter surprise chez une mamie avant d’aller braquer un commerçant et être à deux doigts de tuer une photographe ? Deuxièmement, il s’agit d’une grand-mère qui est atteinte d’Alzheimer, on ne peut pas dire que cela joue en faveur de son témoignage. Il y a de grandes chances pour que ce qu’elle nous a raconté soit un mélange de souvenirs, me répond Julia en tiquant sur le témoignage.


— Je peux avoir son nom ? Peut-être qu’elle me dira quelqu’un. Le nombre de plaintes ou de faux témoignages de grands-mères que l’on peut recevoir peut parfois être énorme et heureusement pour nous, ce sont souvent les mêmes qui font appel à nous. Elles se sentent tellement seules qu’elles ont besoin d’avoir un peu de contact et comme nous sommes tenus de répondre à absolument toutes les demandes des citoyens, elles sont sûres d’avoir une réponse au bout du téléphone.


— Attends, je te dis ça tout de suite, réfléchit Julia en trifouillant les feuilles éparpillées sur son bureau. Il s’agit d’Anne-Solange Debray.


— Ça ne me dit rien. Elle ne fait pas partie de nos septuagénaires habituées. On ne va pas accorder grand crédit à son témoignage, mais si tu pouvais en déposer une copie sur mon bureau avant ce soir, ce serait gentil.


— Je te fais ça Roxane.


— Merci Julia.


À peine notre discussion terminée que le commandant Bernard m’interpelle pour m’annoncer que Chelsea Born s’est réveillée de son opération. Je réquisitionne Bartolomé avec moi. En un seul regard, je peux constater qu’il est déjà levé et qu’il récupère sa veste pour sortir. Je quitte ma chaise de bureau et récupère ma ceinture avec mon holster posée sur le bureau avant de partir du commissariat. Devant l’établissement des forces de l’ordre, des voitures de police et de patrouilles sont stationnées. J’utilise alors la Nova, ma préférée et m’assois à la place du conducteur pour la conduire jusqu’à l’hôpital. Bart s’installe également et une fois attachés, je démarre la carcasse aux couleurs du drapeau français. Je quitte le centre-ville et me dirige vers la grande avenue qui mène tout droit à l’hôpital en seulement une dizaine de minutes lorsqu’il n’y a pas d’embouteillage pour nous freiner.


Tout en conduisant tranquillement, je sens mon cou transpirer et les tendons de mes doigts se crispent sur le volant de la voiture. Je ne me sens pas très bien et Bart ne le remarque même pas malgré les quelques mouvements de gêne que mon corps traduit. Avant d’atteindre le premier panneau sur lequel est écrit la direction qu’il faut prendre pour se rendre au centre hospitalier, je ne comprends pas vraiment ce qui me tend autant, c’est physique et rien ne s’éclaire dans ma caboche pour expliquer cette tension musculaire. J’ai comme un mauvais pressentiment et ça ne me plaît pas du tout.

___

Holster : pochette dans laquelle se glisse l'arme.

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2 commentaires

Manon.prn

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Il y a 2 ans

Coup de pouce de passage 🥰

Zoé Sonobe (zizogoto)

-

Il y a 2 ans

Merci ! <3
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