Fyctia
Chapitre 1-2
— Bien ! Alors, c’est simple, voici Léonard Belleville, 28 ans, un petit délinquant depuis son adolescence. Il a accumulé des petits vols avant d’en faire de plus gros avec des objets qui ont plus de valeur et il a fini par faire un vol à main armée dans une bijouterie de luxe. Malheureusement pour lui, l’une des employées à alerter la police municipale et ils ont réussi à l’arrêter. Avec son comportement irréprochable, il a pu sortir de prison plus tôt, il y a trois mois. Peut-être qu’il récidive pour terminer ce qu’il avait commencé. D’autant plus, qu’il était très fort en art, qu’il avait même une bande de potes tagueurs, ce qui collerait avec les tags dorés qu’il laisse à chaque fin de braquage.
Je m’assois sur l’un des bureaux et souris. Le commandant secoue la tête pour approuver ma théorie.
— En plus, Belleville s’est fait choper par des confrères, il a même pris de la taule. Ça a gâché sa vie de jeune adulte et ça ne m’étonnerait même pas qu’il ait de la rancœur envers la police. D’où ses multiples provocations. Il veut sûrement nous montrer qu’il est plus fort que nous et comme nous n’avons toujours pas réussi à le pincer, il se sent pousser des ailes comme un véritable dieu grec, surenchérit Bart.
— Ça colle bien, en effet. On suit cette piste, approuve le commandant. Vous me trouvez sa dernière adresse connue et dès que vous l’avez, vous me prévenez. Bart et Roxane, vous serez à l’Agachon.
— Oui, Commandant !
Paula débarque dans l’open space en agitant en l’air le scellé des photos découpées en mille morceaux par une broyeuse à papier. Sur la nouvelle scène de crime, les photos ont été ravagées et on espère tous que le braqueur aura laissé une trace un peu plus concluante que ce qu’on avait pu trouvé jusqu’ici. C’est la première fois que notre gars laisse une scène aussi brouillonne depuis qu’il braque la ville. Peut-être qu’il est de moins en moins méticuleux, ce qui se marque aussi par ses bavures de plus en plus importantes.
— Commandant, j’ai pu récupérer les photos broyées. Je vais essayer de les restituer pour comprendre pourquoi ce sont ces photos-ci qui ont été broyées et pas d’autres. Même si cela peut résulter d’une loterie, on ne sait jamais, il vaut mieux vérifier.
— La PTS n’en a déjà plus besoin ? demande le Commandant.
— En fait, vu la taille des lambeaux, il est quasiment impossible de trouver une quelconque trace d’ADN, alors j’ai vu avec Luther pour les récupérer afin de faire avancer l’enquête plus rapidement. Je vais juste manipuler les photos saccagées avec précaution et avec des gants.
— Super Paula. Tu viens me voir lorsque tu penses avoir trouvé quelque chose. Dès que tu as terminé, tu prends en photo et tu affiches sur le mur.
— Oui, Commandant !
Paula retourne dans son bureau, éloigné de l’open space, puisqu’elle est la génie informatique de la boîte. Elle est souvent en duo avec notre geek Luther qui est aussi depuis un an, le chef de la PTS. À eux deux, ils sont capables de déjouer n’importe quelle attaque informatique et même s’ils sont souvent gentiment hués, tout le monde ici, sait très bien que beaucoup d’enquêtes n’auraient jamais pu être réussi rapidement sans eux.
— Bon ! Récapitulons tout ce que nous savons déjà. Julia commence.
— Il y a un mois, le 17 mars 2023, notre homme a exécuté son premier braquage dans une grande boutique de fleurs. Il s’agit de la grande enseigne « Oh floral printanier » gérée par Anna Borani. Il n’a fait que braquer Madame Borani et il a ensuite récupéré la caisse avant de s’en aller en courant. C’est ce que nous avons pu récolter comme témoignage de Borani. Pour essayer de comprendre ce qui a pu l’amener à braquer une fleuriste, nous avons fait le portrait de la gérante. Anna Borani, une femme de 42 ans qui a ouvert sa boutique il y a vingt ans maintenant et qui a su faire de son entreprise, un commerce florissant.
Le bécétiste Ricard qui était arrivé en même temps que le commandant, se mit à éclater de rire aux mots de Julia. Des fois, je me demande sincèrement s’il a quelque chose dans le crâne. Francis Ricard est le flic le plus beauf et le plus con de l’histoire de la police et ça, ce n’est pas juste des conclusions de ma part, mais bien celles de toute l’équipe. Il nous fait les plus grosses bourdes comme détruire des scellés en mettant ses sales pattes dessus, ou encore manger ce qui se trouve sur une scène de crime. Depuis, le commandant l’a interdit d’aller sur le terrain. Quand je pense qu’il a été reçu au concours de brigadier.
— Francis, la ferme, on n’est pas à la foire, le reprend Nicolas.
Son rire s’étouffe et son sourire disparaît en seulement quelques dixièmes de seconde. Julia ne perd alors pas de temps pour reprendre son récit.
— Anna Borani n’a, à sa connaissance, aucun ennemi et pense que personne ne peut lui en vouloir. Elle est par ailleurs aimée par absolument tous les habitants de la ville pour son accueil chaleureux et son sourire omniprésent. Elle fait aussi beaucoup de prix à ses clients, ce qui les enchante et les fidélise. Étant donné que le braqueur n’a récupéré que la caisse, nous avons tout de suite pensé qu’il s’agissait d’une personne qui avait besoin d’argent, pas forcément beaucoup, et qui n’a pas souhaité s’attaquer à trop gros, en prenant pour cible une simple fleuristerie.
— Bart, tu continues avec les deux prochains braquages.
— Bien. Une semaine plus tard, le vendredi 24 mars 2023, il récidive et braque cette fois-ci un restaurant-traiteur dans l’Avenue de la Liberté à sa fermeture, vers minuit et demi. Il s’agit du restaurant « Comme chez Soi » géré par Guillaume Poët. Cette fois-ci le braqueur a non seulement récupéré la caisse, mais il a aussi donné un coup de crosse sur la tête du gérant. Il n’a pas essayé de le blesser réellement, puisque le gérant n’a eu une blessure que très superficielle. Il a perdu connaissance et il n’a pu nous donner que quelques maigres informations sur son agresseur. Rien de nouveau par rapport à ce que nos avait dit Anna Borani. Le troisième braquage a eu lieu, le vendredi 31 mars 2023, dans une boulangerie-pâtisserie, tôt le matin. L’ouverture de la boutique n’était même pas encore faite. Le braqueur est passé par derrière, par la porte de service qui était ouverte puisque le boulanger venait de l’utiliser pour jeter des déchets. Il s’agit du commerce de Bertrand Potier et Lucie Lavanne, appelé « Au joli pain blanc ». Bien que le braqueur convoitait à nouveau la caisse, il ne s’est pas privé de tirer sur la jambe du boulanger et sur le bras de la pâtissière. Heureusement, pour elle, elle n’a été qu’effleurée puisqu’elle a réussi à esquiver le tir au dernier moment. Pour Bertrand Potier, une opération a été nécessaire, mais elle n’était pas risquée et il s’en sortira sans aucune séquelle.
— Merci Bart. Roxane tu nous fais le topo sur le braquage d’hier. C’est encore frais alors j’espère que tu n’oublieras aucun détail pouvant être important à l’enquête.
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Être à l'Agachon : être en planque.
2 commentaires
Manon.prn
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Il y a 2 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 2 ans