Fyctia

Quelques minutes plus tard, j’avais fini de préparer le repas et Kyle, qui était soit dit en passant très rapide, avait presque fini de tresser ces deux feuilles. Demain, nous nous attaquerons à la cabane.

Quand Kyle eu terminé, je lui tendis sa portion et nous nous mîmes à manger d’abord en silence mais il finit par rompre ce silence.

− Et si on parlait un peu de nous, dit-il après avoir avalé sa bouchée de poisson.

− Pourquoi pas, répondis-je toujours en mastiquant.

− Très bien, on se pose chacun son tour des questions, ça te va ?

J’acquiesçai et il poursuivit.

− D’abord, quel âge as-tu ? Je ne te l’avais même pas encore demandé.

J’avalai mon bout de poisson et répondis :

− Seize ans et toi ?

− Dix-sept.

− Tu viens de les avoir où tu auras dix-huit prochainement ?

− Je considère ça comme une question dit-il. Ce sera donc mon tour après. Mais j’ai bien eu dix-sept ans cette année. Le dix avril pour être plus précis. Et toi ?

− J’aurai dix-sept en novembre. Le 29.

− Sagittaire, ajouta-t-il plus pour lui que pour moi mais je répondis tout de même. Bien que sa réflexion ne m'était pas destinée.

− Et toi… je marquai une pause. Bélier.

Il acquiesça et enchaîna :

− Quelle est ta couleur préférée ?

− Turquoise et toi ? Pourquoi je parie que c’est le orange ?

Il parut étonné. J’avais visé juste !

− Comment tu as deviné ? Demanda-t-il toujours aussi abasourdit.

− Je ne sais pas, je suis juste persuadée que ça t’irait bien.

− Trop forte. À toi.

− Tu fais du sport ?

− Je suis enfin j’étais capitaine de mon équipe de crosse. Je fais aussi du surf quand j’ai la chance d’être proche de la mer ce qui était le cas ces derniers mois. Et toi ?

− Moi, je fais généralement de la course à pied, mais je fais aussi de la gymnastique et de l’athlétisme à assez haut niveau. Pour les deux, je fais des compétitions mais pas de là à aller aux Jeux-Olympiques non plus.

− C’est trop cool, moi j’étais à deux doigts d’obtenir une bourse pour continuer la crosse mais malheureusement, on a dû déménager et me voilà ici. Sinon, tu as d’autre passion en dehors du sport ?

− Oui, je lis beaucoup.

− Oh ! Moi aussi. Trop bien, tu aimes quoi comme…

Je l’interrompis.

− Eh, c’est mon tour.

− Oups, désolé.

− Tu aimes quoi comme genre de livres ?

− Je suis plutôt du genre thrillers et policiers mais surtout thriller.

− C’est pas vrai, moi aussi.

− On a déjà quelques points communs dis donc. Ajouta-t-il en riant.

− C’est vrai, répondis-je avec une pointe de malice. À toi.

− Quel est le métier de tes rêves ?

− J’aimerais faire des études de médecine, comme mon père…

une larme roula le long de ma joue. Ce n’était pas facile de parler de lui alors qu’il était mort sous mes yeux. Mais je finis par tout de même reprendre :

− Il est chirurgien cardiaque lui. Mais j’avoue que moi, je ne sais pas encore dans quel domaine me diriger. Peut-être vers l’oncologie ou la pédiatrie ou peut-être même orthopédie. Je ne sais pas. Toi tu sais déjà ?

− Pas vraiment, j’hésite encore.

− Tu hésites entre quoi et quoi ?

− Déjà, j’obtiendrai peut-être ma bourse l’année prochaine, enfin pour ça, faudrait qu’on sorte de ce trou. Mais si je l’obtiens, je continuerai dans le sport. Peut-être intégrerai-je une équipe de crosse. Dit-il en un haussement d’épaules. Sinon, je partirai sur des études de droit. Tout est encore un peu flou dans ma tête. J’avais aussi pensé à coach sportif mais connaissant mon père il n’acceptera jamais. Continua-t-il d’un ton las.

Il semblait dépité mais releva la tête d’un geste brusque comme si la pièce venait de tomber.

− Et mais attends, mon père, il n’est plus là ! Je vais pouvoir faire ce que je veux, devenir qui je veux.

− Ça ne te rends pas triste que tes parents aient péris dans l’accident ? Tu n’as pas l’air comment dire… dévasté, ou du moins peiné. On dirait que tout cela ne te fait ni chaud ni froid. Je me trompe ?

− À vrai dire, pas vraiment. Ils n’ont jamais ressentis une once de compassion envers moi. Alors, je fais de même. Bien que… bien qu’ils me manquent un peu j’avoue. Toutefois, je me sens aussi mieux sans eux, je me sens libre, libre de faire ce que je veux, libre de vivre comme j’en ai envie. Tu comprends ?

− Pour être honnête avec toi, pas trop. Parce que je ne sais pas ce que ça fait de vivre avec des parents distants comme les tiens. Les miens ont toujours été là pour moi dans quelles que situations que ce soient. Ils m’ont toujours aimé, chéri et consolé lorsque je n’allais pas bien. Même ma maman… qui est décédée il y a bien longtemps, je l’ai toujours sentie auprès de moi, car je sais qu’elle a toujours été là et elle l’est encore et le sera toujours. Mon père et ma belle-mère l’ont maintenant rejoint et je les sens eux aussi à mes côtés.

− Je vois, ajouta Kyle. Tu as eu beaucoup de chance.

Il était triste, et ça se voyait. J’avais tellement envie de le serrer dans mes bras car je savais qu’il en mourait d’envie. Je décidai alors de me lever, m’agenouillai à ses côtés me penchai vers lui et je l’enlaçai. Je sentis aussitôt que cela lui faisait du bien. Je me dégageai et retournai à ma place.