Fyctia
Chapitre 17.1
13 juillet 2011, Gwen
J’ai essayé de le retenir, mais je n’y suis pas arrivée, il est parti trop vite. Pourquoi, tout à coup se levait-il sans raison et fonçait tête baissée direction la tempête qui allait faire rage d’une minute à l’autre ? Il ne pouvait pas m’abandonner, pas maintenant et surtout pas moi qui ai la phobie des orages. Ça ne s’annonçait pas bon, pas bon du tout même. Je commençais à sentir la boule d’angoisse grandir en moi. Je me recroquevillai, mis mes bras autour de mes jambes et enfouis ma tête dans mes bras. J’allais simplement me laisser mourir de peur ici, sous la pluie. Je me laissai alors submerger par mes émotions et laissai couler mes larmes pour la millième fois depuis que j’avais échoué sur cette île. J’avais mal aux joues tellement j’avais pleuré ces derniers temps. Il est vrai qu’en temps normal, mes larmes avaient tendance à sortir un peu trop vite mais tout de même pas autant qu’ici.
Pourquoi était-il parti ? Pourquoi m’avait-il abandonné ici, seule, en pleine tempête alors que j’en étais terrorisée ? Je tremblais de partout. Du bout de mes orteils jusqu’à mes oreilles. J’avais tellement peur.
Plus de cinq minutes plus tard, il n’était toujours pas revenu. Où était-il ? Peut-être que je devais aller voir où il se trouvait, peut-être avait-il besoin de moi, peut-être était-il en danger. Je me levai aussitôt et senti le vent se lever de plus belle. Ça soufflait tellement que j’avais du mal à avancer. Je plaçai mon bras devant mon visage pour éviter de me prendre du sable dans les yeux. Il faisait si sombre que je ne voyais plus rien. J’avançais à l’aveuglette. Les branches me frappaient le visage et les jambes. Qui heureusement étaient couvertes par mon leggings. Les branches me fouettaient tellement, elles me faisaient si mal ! Toutefois, j’arrivai enfin sur la plage. J’observais les alentours à la recherche de Kyle. Où était-il ? Je ne le voyais pas, le sable formait des tornades qui me frappaient en plein visage. Je décidai d’avancer d’avantage. Je ne le voyais toujours pas. Soudain, une bourrasque m’emporta et me rapprocha encore plus de l’océan déchaîné. C’est là que je le vis. Un bateau ! Ses phares transperçaient l’épais brouillard. Il émit tout à coup un bruit strident, son klaxon. Peut-être nous avait-il vu avant que la tempête ne se lève. Je m’avançai encore et me mis à crier :
− À l’aide, on est là !
Je criai à nouveau mais cette fois plus fort et plus distinctement. Même si je le savait, il était impossible qu’il m'entende. De un il était trop loin, de deux avec le bruit du vent il ne pouvait pas entendre le moindre bruit ni même me voir. Mais je m’efforçai à continuer.
− Au secoooouuurs, dis-je à perte d’haleine.
Je me mis alors à agiter les bras, ses phares pointaient dans ma direction, c’était le moment.
− Heeeeelp, please heeelp.
J’étais à bout de souffle, l’air était chaud et humide ce qui m’empêchait de respirer correctement.
Le bateau ne manifestait aucune réaction. C’était perdu d’avance me dis-je. Personne ne nous retrouverait, c’était impossible. Surtout par ce temps. Alors que je m’apprêtais à recommencer mes efforts vains, le bateau avait soudain disparu. Cette fois-ci, c’était fichu. Alors que j’étais totalement dépitée, c’est là que je l’ai vu, parmi les vague monstrueuses qui s’agitaient dans l’océan, je le vis. Il était là, il se noyait mais il était là. Je devais le sauver. Je couru alors vers les vagues hautes de plusieurs mètres et qui plus on se rapprochait, plus elles étaient effrayantes. Je plongeai alors dans l’eau et nageai du mieux possible jusqu’à son corps. J’étais épuisée, les vagues n’étaient décidément pas coopératives et m’entraînaient vers la rive à chaque nouveau mouvement que je parvenais à faire. Cependant, j’arrivai enfin à lui. Je lui attrapai le bras avec le peu de force qu’il me restait et tentai de le ramener sur la plage. Il avait perdu connaissance. Enfin je crois. Je ne voyais pas grand-chose dans cet océan déchaîné.
Je parvins enfin à le ramener sur la plage. Je plaçai mes doigts sur son poignet pour vérifier que son cœur battait encore. Pas de pouls. Je changeai alors d’endroit et plaçai mes doigts dans son cou. Toujours rien. Je me plaçai alors à genou à côté de son corps inerte, plaçai sa tête un peu en arrière, entrouvris sa bouche et commençai le bouche à bouche. Trois souffle plus tard, toujours rien. Je superposai alors mes mains, croisai mes doigts et les plaçai sur son torse. Je commençai le massage cardiaque. Toujours sur le rythme de Stayin’ alive. Toujours. Et ce, pendant deux minutes. Alors que je m’apprêtai à lui faire une seconde fois du bouche à bouche, j’avais déjà la tête au dessus de la sienne, il ouvrit les yeux et respirai enfin. Je l’avais sauvé !
Nous restâmes ainsi un bon bout de temps, à s’observer sans rien dire. Après quelques minutes, je me dégageai enfin. Nous étions quelques peu mal à l’aise. Mais il finit par articuler avec le peu de souffle qu’il avait :
− Merci
− Il n’y a pas de quoi, répondis-je. Je n’allais quand même pas te laisser mourir noyé lors d’une tempête alors que tu as survécu à un crash d’avion !
Il me sourit et acquiesça. Je pense qu’il n’avait tout simplement plus la force de faire quoi que ce soit. Et moi non plus, j’étais exténuée. Je m’allongeai à côté de lui, fermai les yeux et avant de me laisser emporter par le sommeil, je lui demandai :
− Ça va ?
Pas de réponse. Je me tournai alors vers lui, ouvris les yeux et vis qu’il dormait déjà. Et pour me rassurer, je regardai sa cage thoracique, et vis que celle-ci se gonflait et se dégonflait à un rythme régulier. Ouf, il respirait. Je refermai les yeux et cette fois, m’endormis.
* * *
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