Eloïse_f Le triangle des Bermudes Chapitre 14.1

Chapitre 14.1

10 juillet 2011, avant le crash, à l’aéroport de Nassau, Kyle



C’était l’heure, l’hôtesse venait d’appeler les passagers de notre vol pour embarquer. Ce voyage ne m’enchantait guère. Je n’avais aucune envie de déménager à Rome.

Nous avions atterri à Nassau hier soir et nous ne reprenions l’avion qu’aujourd’hui à dix heures. Et justement, il était presque dix heures, voilà pourquoi à cet instant, nous embarquions dans l’appareil. C’était devenu une habitude pour moi, je pense que j’aurais pu le faire les yeux fermés tellement je connaissais ces mouvements par cœur. Nous gravissions marches par marches jusqu’à entrer dans l’avion. Nous saluâmes les hôtesses, traversâmes la longue allée remplie par de nombreux sièges, trouvâmes nos places, rangeâmes nos valises cabines dans les rangements prévu à cet effet et enfin, nous nous installâmes confortablement dans nos sièges. Nous étions aux mêmes places que pour le premier vol. C’est-à-dire siège vingt-et-un D pour moi, j’ai toujours besoin d’être assis côté allée pour pouvoir étendre mes jambes comme j’en ai envie. Ma mère était juste à côté de moi, siège vingt-et-un E et mon père, qui avait toujours besoin d’être côté hublot pour, comme il dit, toujours être le premier à savoir quand nous arrivons. Il était donc au siège vingt-et-un F. À peine était-il assis, qu’il sortit tout son attirail et se mit à travailler, et à passer ses tous derniers appels avant de décoller. Pour ne pas changer ses habitudes, ma mère, elle, ne disait rien. Comme toujours. Moi, je me distrayais comme je le pouvais. J’observais les gens ranger eux aussi leurs valises dans les rangements au-dessus de leurs sièges, se bousculer pour atteindre leurs sièges, certains déjà assoupis alors que ça ne faisait que deux minutes que nous étions là. D’autres en revanche étaient bien plus que réveillés et tremblaient de partout. La peur de l’avion je suppose. J’en ai déjà vu beaucoup et à différents niveaux, certains ont peur mais juste le fait de serrer la main de la personne d’à côté les rassure comme cette dame dans la rangée à ma droite. Alors que d’autres, pleurent, limite hurlent de peur. Certains deviennent fous. Pourquoi prendre l’avion quand on en a la phobie ? Franchement, je me le demande. Prenez le bateau plutôt. Bien que vous allez me dire « mais j’ai le mal de mer » et bien à ce moment là, je ne peux plus rien pour vous, restez chez vous et n’embêtez pas les pauvres gens qui essaient de dormir pendant un vol d’une dizaine d’heures.

Enfin bref, après quinze bonnes minutes, tous les passagers étaient installés à leurs places et bouclaient leurs ceintures. Les hôtesses passaient dans l’allée pour bien rappeler aux personnes qui ne l’auraient pas fait de bien s’attacher. Enfin, trois d’entre elles se mirent dans l’allée pour que chaque passager puisse voir les explications comme il se doit. Les hôtesses commencèrent alors leurs blabla que je commençais aussi à connaître par cœur. Je n’avais encore jamais vécu de crash évidemment, sinon je ne serais pas là, bien que certains arrivent à survivre à ce genre d’accident. Mais même si je n’en n’avais jamais vécu, je savais comment réagir selon les instructions des hôtesses. Depuis quelques temps, j’avais cessé de les écouter. Je pense que mon père, lui, ne les avait même jamais écoutés. Tant pis pour lui je vais dire. Il sera le premier à être blessé ou même mourir dans un crash.

Quand les explications furent terminées, les hôtesses retournèrent s’asseoir et s’attachèrent pour le décollage. Le pilote prit enfin la parole.

− Bonjour, chers passagers. Je vous souhaite la bienvenue dans ce Boeing 737 compagnie Air Caraïbes. Il est dix heures vingt-trois, heure locale et nous nous apprêtons à décoller vers l’aéroport Fiumicino à Rome. Atterrissage prévu pour le onze juillet deux-mille-onze à six heures trente heure locale. Je vous souhaite un agréable vol, je vous prie d’attacher vos ceintures, nous nous apprêtons à décoller. Bon vol et bonne journée. N’oubliez pas que les hôtesses restent à votre disposition.

J’avais rarement vu un pilote parler autant ! Certains parlent comme des pipelettes, d’autres disent trois mots et puis décollent. En parlant de ça, je sentais l'avion bouger, nous roulions. Doucement pour commencer et rejoindre la piste de décollage et enfin, il se mit soudain à accélérer et tout à coup, l’avion se dressa brusquement et ça y était, nous volions. Quelle sensation incroyable. L’une de mes préférées. J’adorais ça. Peu à peu, je m’apaisais, je me laissais entraîner dans cette sensation que j’aimais tant. Mes paupières s'étaient fermées et j’appréciais le moment tel qu’il était, dans toute sa simplicité. J’ai toujours dit que je n’avais pas de chez moi, mais honnêtement, je pense m’être trompé. Je pense que mon chez moi, l’endroit où je me sentais le mieux, c’était l’avion. Ici, assis sur un siège à regarder les nuages défiler le jour et les étoiles la nuit. Rien ne pourrait jamais m’enlever ce sentiment de bien être à cet endroit. Rien.

Enfin, c’est ce que je croyais


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14 commentaires

Delphine Clever

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Il y a un an

Oui pas sûr qu’un crash ne le vaccine pas des avions…

Alice Bruneau

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Il y a un an

:)

Laura-Del

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Il y a un an

🖤

Fleur_

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Il y a un an

Petit coup de pouce ! N'hésite pas à m'aider également avec Vipères, il me manque 4 "j'aime" pour débloquer le prochain chapitre !

Balika08

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Il y a un an

À jour 😉

Olivr_ia

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Il y a un an

🌷

Donà Alys

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Il y a un an

Petit like de soutien 😊💫

Jeanne Carré

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Il y a un an

🌸

KBrusop

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Il y a un an

💕🙏

Blanche de Saint-Cyr

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Il y a un an

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