Fyctia
Chapitre 13.1
13 juillet 2011, Nia
Les larmes se mirent aussitôt à couler abondement. Ma vision était devenue trouble, je ne voyais presque plus rien. J’étais prise de spasmes assez violents. Je pleurais de plus belle.
− Je le savais, je le sentais. Parvins-je à articuler entre deux sanglots.
J’avais du mal à respirer, mes poumons étaient comme bloqués et mon cœur battait à une allure folle.
Des larmes se mirent à dévaler sur les joues de ma mère. Elle aussi avait compris. Ma meilleure amie avait péri dans un crash d’avion lors de son premier voyage hors du pays. Les probabilités qu’elle soit morte ainsi que sa famille étaient très élevées. Je ne reverrai probablement plus jamais Gwen, mon amie de toujours et que je pensais pour toujours.
Ma mère qui se trouvait à ma gauche, tendit un bras dans ma direction et m’enlaça. Aussitôt, je me recroquevillai dans ses bras et pleurai de plus belle. Jusqu’à ce que son haut soit trempé. J’étais dévastée. Ce n’était pas juste ma meilleure amie qui s’en allait. Non, c’était tout mon monde qui s’écroulait. Comment pourrais-je vivre sans Gwen ? C’était injuste, pourquoi c’était à moi qu’on avait enlevé mon amie ? Ça aurait dû être moi, ça aurait dû. Il me serait impossible de vivre sans elle, je n’y survivrai pas. Elle était tout ce que j’avais, tout ce à quoi je tenais, la raison même de mon existence sur cette Terre. Sans elle je n’étais rien, rien. Comment cela avait pu arriver ? Ça n’arrivait jamais. Pourquoi avait-il fallut que ça tombe sur elle ? Elle avait encore une vie entière à mener. Elle aurait fait des études, serait devenue médecin, son rêve de toujours, aurait trouvé l’homme de sa vie, se serait mariée, aurait eu de magnifiques enfants, tout comme elle, aurait vu grandir ces enfants, aurait vieillit, et serait seulement décédée là, lorsqu’elle aurait été entourée d’un amour infini. Mais ce n’était pas comme ça que ça c’était passé. Ce n’était pas de cette façon qu’elle avait passé sa vie. La vie n’avait donc pas la même vision que Gwen, ni même moi. La mort m’avait enlevé quelqu’un de bien trop cher à mes yeux, la seule personne qui croyait réellement en moi ici, la seule qui me soutenait quoi qu’il se passait, qui vivait pour moi autant que je vivais pour elle. Nous étions liées, deux âmes sœurs. L’une ne peut vivre sans l’autre. Nous avions besoin l’une de l’autre. Nous étions les mêmes, comme des sœurs. Nous avions grandi ensemble, vécu ensemble, joué ensemble, nous avions tout fait ensemble. À quoi pouvait bien ressembler la vie sans Gwen ? Je n’étais pas prête à le découvrir même si cela faisait déjà trois jours qu’elle m’avait quitté.
Je ne sentais plus mon corps, je ne parvenais plus à le contrôler à ma guise. Je n’étais plus maître de mon corps.
Ma mère me serrait plus fort, c’était dur pour elle aussi, Gwen était comme une seconde fille pour elle et se dire qu’elle était partie à jamais la dévastait elle aussi. Pourrions-nous survivre face à cette épreuve ? Après un long moment de silence saccadé par des pleurs, ma mère parvint à articuler d’une voix plus que faible :
− Je suis… désolée… vraiment désolée.
Elle reprit d’une voix plus assurée :
− Je sais à quel point tu tenais à Gwen, elle était tout pour toi, je le sais. Elle va me manquer à moi aussi. Je suis désolée aussi car je n’aurais jamais dû me fâcher, te dire d’arrêter de penser à elle. À vrai dire, je t’ai dit ça parce que moi aussi j’avais peur, moi aussi je souffrais. Ils vont terriblement nous manquer. La vie ne sera plus jamais la même ni même jamais aussi joyeuse sans eux, mais nous devrons faire avec ou plutôt sans. C’est ainsi que la vie en a décidé et nous ne pouvons rien y changer. Malheureusement.
Elle avait raison. C’était certes une épreuve difficile, mais nous devions l’accepter, accepter le fait que plus jamais nous ne les reverrions et nous devions aller de l’avant, laisser tout ça derrière nous, même si c’est quelque chose qui nous prendra énormément de temps, peut-être des années, mais un jour, nous l’aurons accepté et tout ça ne sera que de l’histoire ancienne. Ne croyez pas que je l’ai déjà oublié, certainement pas mais ce que je veux dire, c’est qu’avec le temps, la douleur s’atténuera et ce sera plus facile. Aujourd’hui, ça ne l’est pas encore. Nous souffrons tous énormément peut-être plus moi que les autres, mais nous souffrons tous d’une manière différente néanmoins toute aussi déchirante. Il fallait se ressaisir. Pour ça, je devais impérativement me changer les idées. Mais comment ? Je devais parler de toute cette histoire à quelqu’un, mais qui ? À qui est-ce que j’accordais ma confiance presque autant qu’à Gwen ? À qui pourrais-je en parler sans tabou ? Avec qui pouvais-je me livrer sans problèmes quand Gwen n’était pas là ? Evan bien sûr ! Evan et moi ça faisait plusieurs années qu’on se connaît. On devait avoir onze ans quand on s’est rencontrés. C’était lors de notre premier jour en colonie. Gwen n’avait pas pu m’accompagner cette fois-là car elle s’était cassé le bras lors d’une mauvaise chute en vélo. Je m’étais donc retrouvée seule à cette colonie dans l’Iowa. Je ne connaissais absolument personne et je n’étais pas particulièrement douée pour me faire de nouveaux amis. J’avoue, que ce n’était pas vraiment mon fort étant donné quand je n’avais jamais eu le besoin de me faire d’autres amis que Gwen car elle me suffisait amplement. Toutefois, cette fois-là, c’était différent. Elle n’était pas avec moi et je n’allais quand même pas gâcher ma semaine de vacances à me morfondre et rester seule dans mon coin. Il était impératif de se faire de nouveaux amis. Peut-être pas plusieurs, mais au moins un. Juste un. Ce serait largement suffisant pour cette fois.
Le premier jour, alors qu’on s’apprêtait à faire une course d’orientation dans le bois, le moniteur nous avait chargés de se mettre par deux. Chaque enfant j’ai bien dit chaque enfant avait au moins un ami avec qui se mettre, tout le monde sauf moi. Et bien sûr, Evan. Mais ça, je ne le savais pas encore.
Alors que j’étais désespérée à l’idée de ne trouver aucun partenaire, Evan s’est alors approché et m’a dit :
− Je vois que toi aussi tu es seule, ça te dit d’être ma partenaire ?
Je n’ai évidemment pas hésité une seconde et j’ai sauté sur l’occasion.
− Avec grand plaisir !
Je lui ai tendu la main et j’ai ajouté :
− Moi c’est Nia, enchantée, …
− Evan.
− Enchanté Evan.
Il m’a alors serré la main que je lui tendais et a ajouté :
− Enchanté Nia. Prête à tous les dégommer ? Me dit-il sur un air de défi.
− Plus que prête même. C’est parti !
− Allons-y alors.
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Donà Alys
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MONTENOT Florence
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