Eloïse_f Le triangle des Bermudes Chapitre 11.1

Chapitre 11.1

13 juillet 2011, Nia



Trois jours, cela faisait trois jours qu’elle était partie et je n’avais toujours pas de nouvelles. Ma santé mentale n’allait pas tenir le coup, c’était certain. J’en faisais même des cauchemars la nuit. Cette nuit encore, j’avais rêvé de Gwen, cette fois, c’était différent. Au lieu de m’imaginer des scènes absolument atroces comme la façon dont elle était morte, j’avais rêvé de son enterrement et de celui de toute sa famille. Toute la mienne était présente. Tout le monde pleurait, c’était abominable. Chaque personne était vêtu de noir. La plupart des hommes étaient en costard et les femmes portaient de longues robes noires et certaines portaient un blazer avec soit une jupe cintrée mi-longue, soit un pantalon en toile, noir également. Moi, je portais une robe, d’où venait-elle ? Ça, je n’en avais aucune idée mais je la portais belle et bien. Honnêtement, elle était plutôt jolie. Mais je la détestais déjà alors que je ne l’avais jamais réellement portée. Pourquoi ? Allez-vous me dire. Et bien, tout simplement parce que c’est la robe que je me suis vue porter à l’enterrement de ma meilleure amie alors que nous n’avions que seize ans. Elle était trop jeune pour mourir. Jamais je ne pourrais vivre sans elle. Dans mon rêve, le ciel était sombre, un orage devait certainement approcher. L’air semblait humide et tout autour de moi était sombre. De gros nuage noir surplombaient le ciel. Le temps n’était vraiment pas au rendez-vous ! Beaucoup de parapluies étaient de sortie. Tous n’étaient pas ouverts mais ils étaient néanmoins présents. J’en avais d’ailleurs un dans la main. Le mien n’était pas ouvert. Dans mon autre main, je tenais un mouchoir en tissu blanc à fleurs rouges. Il était assez mignon avouons-le. Vu l’état, je m’en étais déjà servi un bon paquet de fois. Le vent soufflait de plus en plus fort et masquait peu à peu le bruit des pleurs. La cérémonie devait certainement avoir déjà eu lieu car je pouvais voir le cercueil de Louis descendre progressivement dans un gros trou creusé dans la terre mouillée par la pluie. Peu de temps après, le cercueil de Marie descendit à son tour suivi malheureusement de celui de ma meilleure amie, Gwen. Même à travers mon sommeil, je sentais les larmes me brûler le visage. C’était un moment si difficile que j’avais du mal à regarder. Je ne voulais pas voir ça, pas maintenant en tout cas. Elle était si jeune, trop jeune. Elle ne le méritait pas. Elle aurait dû grandir avec une famille présente et aimante, vivre sa vie, vivre ses rêves les plus fous avec ou sans moi. J’avais moi aussi besoin d’une amie. Plus jamais je ne retrouverai quelqu’un comme elle. Elle était bien trop extraordinaire et unique. J’avais besoin d’elle.



Ce matin, je m’étais à nouveau réveillée en sursaut, pleine de sueur. L’estomac tout retourné suite à mon rêve de cette nuit. J’avais eu du mal à me remettre les esprits en place. Comment avais-je pu encore imaginer de telles choses sans même savoir s’il s’était réellement passé quelque chose de potentiellement grave. Je devenais complètement paranoïaque. Au bout d’au moins dix bonnes minutes à être restée assise dans mon lit, les yeux fixés dans le vide, je m’étais décidée à me lever pour aller déjeuner. Cela me rendrait peut-être les idées plus claires.

Arrivée au rez-de-chaussée, mon père et ma mère étaient déjà levés et préparaient leur petit-déjeuner. Mon frère, lui, en l’occurrence, dormait encore. Il était huit heures, et jamais de sa vie Josh – de son vrai nom, Joshua – ne s’était levé aussi tôt. De toute sa vie.

Le matin, nous n’étions pas du genre silencieux, ou plutôt, nous n’étions jamais de ce genre là. Il fallait toujours en placer une. C’était comme ça chez nous. Donc, à peine étais-je entrée dans la cuisine que mon père s’interrompit dans sa discussion avec ma mère, se tourna vers moi et me demanda :

− Bonjour Nia, bien dormi ?

Je me frottai les yeux qui étaient éblouis par la lumière intense du soleil matinal d’été de Californie et répondis dans un bâillement :

− Oui, tr… aaaah. Très bien. Enfin, non, pas vraiment…

Ma mère se tourna à son tour vers moi mais d’une façon très brusque. Trop brusque même.

− Pourquoi ça ? Qu’y a-t-il ? S’empressa-t-elle de me demander. Ne me dis pas que tu t’inquiètes encore pour ça ?

Je pouffai d’un air de dire pardon mais tu te fiches de moi ? Et je lui répondis :

− Pardon mais tu te fiches de moi ? Avec les yeux plus écarquillés que jamais.

− Pardon. Me dit-elle. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Mais je t’avais pourtant dit de ne pas t’inquiéter tant qu’on n’annonçait rien au journal ou à la radio et en l’occurrence, il n’y a toujours pas de mauvaises nouvelles annoncées donc No stress. Même si je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Mon père nous observait toutes les deux sans dire un mot. Nous étions comme un feuilleton pour lui. Il était des plus attentif à la moindre réflexion que l’une de nous viendrait à dire. Et justement :

− En effet. Répliquais-je sèchement.

Je me tus avant de reprendre, les larmes aux yeux et à la limite de hurler.

− Je suis totalement terrifiée !


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17 commentaires

Delphine Clever

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Il y a un an

C’est bizarre qu’ils n’aient pas encore d’info, non ? Là aussi, tu suscites l’impatience ! lol

CO Locatelli

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Il y a un an

Du love pour ta story!

Balika08

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Il y a un an

C'est fait 😉

Balika08

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Il y a un an

Pluie de likes 😉

Mily Black

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Il y a un an

Bon week-end !

Hélène Lelievre

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Il y a un an

Voilà!Pluie de like en retour :)

Samantha Beltrami

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Il y a un an

😉

blondie.64

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Il y a un an

crush

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Il y a un an

Like de soutien en attendant de pouvoir te lire☺️

Diane Of Seas

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Il y a un an

💚
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