Fyctia

J’étais hypnotisé, jamais je n’avais regardé quelqu’un d’autre de cette façon auparavant. Elle était si belle. Elle avait de magnifique cheveux blond, blond hollandais je dirais. Ses yeux devaient être bleus, à cette distance, je ne parvenais pas à les distinguer correctement. Elle était grande, mais pas trop. Elle devait faire environ un mètre soixante, soixante-cinq. Elle était si envoûtante. Je me décidai à lui sourire, j’avais vu qu’elle me regardait elle aussi. D’ailleurs, celle-ci me rendit aussitôt mon sourire. Elle était encore plus belle en souriant. Elle avait l’air si douce, si calme. J’aurais tellement voulu lui parler, ou même connaître son nom, mais tout à coup, après avoir cligné des yeux elle n’était plus là. Sa commande devait certainement être prête. Ma mère me secoua le bras si vivement, que je sursautai. Je clignai des yeux plusieurs fois pour reprendre mes esprits. Ma maman me demanda :

− Alors Kyle, tu as choisi ?

Je répondis alors sans même réfléchir.

− Une pizza, oui une pizza ce sera parfait.

− Très bien. Me dit-elle. Va pour une pizza. J’espère qu’elles seront bonnes, enfin sûrement pas aussi bonnes que celles que nous mangerons une fois arrivé à destination.

J’avais choisi ça car c’était là-bas qu’elle se trouvait. Sauf qu’au moment où nous entrâmes dans le petit restaurant, elle n’y était déjà plus. Je tournai alors la tête, pour voir où elle pouvait bien se trouver et je la vis, là-bas plus loin. Elle marchait d’un pas tellement dépité que ça se voyait à des kilomètres à la ronde.

Tout d’un coup, je n’avais plus très envie de manger. La voir dans cet état là me déprimait. Mais je fis comme si de rien n’était et souris faussement comme à mon habitude. Tout d’un coup, ma mère, Claire, se mit à parler. Je fus un peu surpris sur le moment avant de me rendre compte, que c’était déjà notre tour. Il fallait vite faire un choix. Heureusement, avec moi, ce n’était jamais compliqué. Ma pizza préférée est et restera à jamais la pizza quattro stagioni. Un mélange d’un peu tout dessus ; artichauts, poivrons, oignons, olives, aubergines – le meilleur légume – ainsi qu’évidemment, du fromage et de la sauce tomate.

J’entendis ma mère dire sa commande à la serveuse.

− … une pizza gorgonzola s’il vous plaît.

La serveuse se tourna alors vers moi. Et me demanda :

− Et pour vous monsieur ? Ce sera quoi ?

Je répondis illico presto, sans la moindre hésitation.

− Une quattro stagioni, merci.

Elle tapota quelque chose sur son écran et nous fis signe que tout était OK et qu’on avait plus qu’à attendre.

Cinq minutes plus tard, nos pizza étaient prêtes et un serveur hurla dans le restaurant :

− Commande huit-cent-cinquante-six, Claire et Kyyyyle.

Nous nous levâmes aussitôt. Pour aller les chercher. Nous décidâmes de nous installer à l’une des tables du restaurant pour les déguster à l’aise, loin de mon père.

Enfin, nous nous levâmes et partîmes rejoindre mon ordure de père, là où nous avions abandonné nos pauvres bagages-cabines.

Après être également passé aux toilettes, car nous voulions retarder le moment de la confrontation. Ma mère et moi avions fait la file pendant une bonne douzaine de minutes avant d’enfin pouvoir se soulager. Maintenant, cela devenait inévitable, nous devions le rejoindre et c’est ce que nous fîmes. Nous étions arrivés en silence encore une fois pour ne pas qu’il nous remarque. Par chance, il ne nous a pas vu arriver. Enfin, pas directement. Plus ou moins quatre ou cinq minutes plus tard, à la fin de son énième appel, il se tourna vers nous les yeux plein de rage. Comme tous les jours. Il nous regarda de la tête au pied avant de hausser les sourcils de façon condescendante, soupira, roula ses yeux vers le ciel et se détourna pour répondre à un nouvel appel provenant de son téléphone. On aurait dit qu’il allait exploser. Aussi bien mon père que son téléphone. Je ne savais même pas comment un si petit appareil pouvait supporter autant de notifications.