Eloïse_f Le triangle des Bermudes Chapitre 9.1

Chapitre 9.1

10 juillet 2011, KYLE


Qu’est ce que je faisais là encore ? Je n’en pouvais plus de tous ces voyages à répétition. Vous allez me dire que j’exagère évidemment mais vous croyez que c’est facile de déménager tous les quatre à six mois, d’avoir un père inexistant qui passe sa vie au travail, une mère au petit soin de son mari à tel point qu’elle s’oublie elle-même, de changer d’école, de pays à chaque déménagement, de ne pas avoir d’ami, car tu sais que de toute façon dans six mois tu ne les reverras déjà plus et qu’il ne leur faudra que quelques jours pour t’oublier, ne pas avoir de petite amie bien sûr comment pourrais-je entretenir une relation à distance ? Vous croyez que c’est facile ça ? Vivre continuellement dans l’ombre de son père. Et bien NON, non ce n’est pas facile, bien au contraire. Mais je n’avais pas le choix bien sûr. Je devais vivre avec.


On allait ou déjà? Ah oui c’est vrai, Rome. J'espère au moins que les italiens seront sympas! De toute façon, qu’est ce que ça va changer ? RIEN bien sûr. Je serai et resterai à jamais le fils raté. Je serai éternellement rien qu’un pauvre raté, un loser. Tout ce que j’entreprenais n’était jamais assez bien pour mon cher père. Monsieur Parfait. J’étais capitaine de mon équipe de crosse, j’excellais dans tout ce que je pouvais, je n’avais que des A+ et mentions très bien voir excellent, j'avais décroché une bourse pour la meilleure université du pays, la plus prestigieuse qui soit, Harvard. Même si mon rêve était d’aller à Oxford. Mais malgré ça, je n’existais toujours pas aux yeux de mon père. J’étais son fils fantôme, je me demande s’il a déjà eu ne serait-ce qu’une once d’amour envers moi. Pourquoi tant de haine ? Tant d'exigences ? Pourquoi veut-il à tout prix que je sois parfait alors que lui-même ne l’est pas ? Pourquoi ma mère ne dit-elle rien ? Pourquoi se cache-t-elle derrière mon père, dans son ombre comme Robin dans celle de Batman ? Pour être honnête avec vous, elle aussi, ne m’a jamais réellement aimé. À vrai dire, je n’en sais rien. Elle ne me l’a jamais réellement dit. Que dois-je faire pour recevoir ne serait-ce qu’un je t’aime ? Est-ce si difficile ? Je ne pense pas, alors pourquoi ?


Je me trouvais encore à l’aéroport, je venais de passer cinq mois dans une petite ville près de San Francisco. L’endroit avait l’air plutôt sympa mais je n’avais pas vraiment eu le temps de le visiter. À peine étais-je arrivé que je m’étais démené pour intégrer l’équipe de crosse de mon lycée. J’en étais très rapidement devenu le capitaine mais j’avais déjà dû tous les lâcher après seulement cinq mois passés ensemble. Mes coéquipiers étaient assez sympa, je m’entendais plutôt bien avec eux. Je n’ai évidemment pas eu le temps de devenir leur ami. Mon père avait encore été muté. Cette fois-ci, en Italie, à Rome. Je n’étais jamais allé là-bas. C’est bien l’un des seuls pays où nous n’avions pas encore habité. Mais bon, je devais m’y faire, j’étais destiné à déménager deux à trois fois par an, à rester seul, à ne pas être aimé, à ne pas avoir d’ami, à être simplement, inexistant.


J’étais donc de nouveau à l’aéroport. Cette fois-ci, à San Francisco. Nous partions pour Rome comme je vous l’ai déjà dit. Pour ne pas changer, mon père ne nous adressait pas le moindre mot, il passait son temps au téléphone. Ça à même été difficile de lui faire passer la sécurité, il ne voulait vraiment pas le lâcher, un des gardes à presque dû lui arracher des mains et mon père a évidemment pété un câble. C’était soit disant, un appel hyper important. Mais heureusement, le garde avait été plus fort que lui et il n’a pas eu son mot à dire. Pour une fois.

Ma mère, elle, avait été plutôt discrète, comme toujours mais avait réussi à entretenir un semblant de conversation avec moi. Nous nous trouvions dans la galerie, là où il y a toutes sortes de boutiques et de restaurants, nous étions assis tous les trois sur un canapé d’angle, pour être honnête, assez confortable. J’avais emporté avec moi un bouquin car oui, il m’arrivait de livre. Enfin non, je lisais absolument tout le temps. C’était mon moyen à moi de penser à autre chose quand ça n’allait pas, quand mon père était d’humeur encore plus désagréable que d’habitude, quand ma mère se renfermait sur elle-même les fois où mon père devenait un peu trop violent. Il ne l’a jamais frappé si c’est à cela que vous pensez, jamais. Quand il est violent, c’est dans ses mots, ses paroles, ses propos. Il lui arrive parfois, un peu trop souvent d’être agressif, de dire toutes les choses horribles qui lui passent par la tête. Comme il l’a encore fait aujourd’hui avec les gardiens de la sécurité.

Je bouquinais tranquillement quand soudain, mon père piqua littéralement une crise au téléphone. Oui, encore. Ma mère le regarda d’un air plein de désespoir et de pitié puis, tourna la tête dans ma direction et déclara dans un chuchotement à peine audible :

− Tu n’as pas faim ?

Je n’avais qu’une envie, quitter cet endroit, ne plus voir mon père ne serait-ce que pour quelques minutes, ça me ferait du bien de ne plus l’entendre.

− Si, très faim même. Répondis-je alors que pour tout vous avouer, je n’avais pas très envie d’avaler quoi que ce soit, je voulais juste penser à autre chose. Alors, j’acceptai.

− Super. Me dit-elle. Allons-y alors. Laissons le tranquille un moment.

Nous nous levâmes alors sans le moindre bruit pour ne pas se faire remarquer. C’était un risque de partir sans lui dire où nous allions, car il risquerait de nous hurler dessus – même devant tout le monde à l’aéroport, il n’a aucune gêne – au moment où nous reviendrons. Il nous dirait une truc du genre :

− Je peux savoir où vous étiez passé ? Vous avez osé partir sans même m’en informer ? Vous n’avez pas honte ? Vous me dégoûtez, faire ça à son mari, à son père. C’est indigne de votre part, après tout ce que j’ai fais pour vous, vous osez encore me traiter comme de la merde. Vous n’avez vraiment aucun respect. C’est comme ça que je vous ai éduqué ? Je ne pense pas non. - alors oui, il serait capable de dire ça devant ma mère alors que ce n’est clairement pas lui qui l’a éduqué mais bon. - il serait ensuite parti râler et jurer dans son coin et ne nous aurait plus adressé la parole jusqu’à notre arrivée. Ce qui ne changerait pas grand-chose par rapport à d’habitude.

Nous avions fait le tour de tous les restaurants pour pouvoir en choisir un. Nous nous étions tous les deux arrêtés pour pouvoir réfléchir au choix que nous allions faire.

− Alors, tu veux manger quoi toi ? Je te laisse choisir pour une fois que nous sommes rien que tous les deux. Me dit ma mère.

J'ai pris un certain temps de réflexion. Qu’allais-je choisir ?


C’est là que je l’ai vu pour la première fois, mais c’est aussi là qu’elle m’a vu pour la première fois.


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12 commentaires

Delphine Clever

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Il y a un an

Ah ! On rencontre enfin Kyle ! Lui n’est pas entouré d’amour comme Gwen, le pauvre.

Rachelle E. Brigid

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Il y a un an

<3

novelemimi

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Il y a un an

:))

laure laurent

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Il y a un an

;)

KBrusop

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Il y a un an

Merci pour ton soutien sur mon histoire, je viens de faire une avalanche de likes 💕 n’hésite pas à revenir 🥹

clara_belle

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Il y a un an

À jour 💓 N’hésite pas à passer à ton tour sur La Flamme dans ses yeux ;)

lea.morel

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Il y a un an

à jour <3

chiara.frmt

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Il y a un an

<3

Donà Alys

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Il y a un an

💫💫

Emma Eichen

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Il y a un an

😘
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