Fyctia

Je m’étais relevée après être restée silencieuse et la tête baissée un long moment. Au bout de dix bonnes minutes, je me suis enfin décidée à rentrer car la pluie battait de plus en plus fort. Il y avait beaucoup de vent tout d’un coup. L’orage se levait peu à peu. J’avais horreur des orages. Ça me fichait la frousse. Seul mon papa savait comment me rassurer dans ces moments là. Il fallait donc que je rentre au plus vite avant de faire une crise de panique au bord de la route. Je suis alors sortie à grands pas du cimetière et je me suis dirigée vers mon vélo qui se trouvait à l’entrée juste à côté de la barrière. Je me suis mise à courir sous la pluie battante. J’ai enfin attrapé mon vélo avant de l’enfourcher et de démarrer à toute vitesse.

La route glissait à cause de la pluie. C’était assez rare qu’il pleuve autant en Californie mais quand ça arrivait, ce n’était pas un petit peu.

Il pleuvait de plus en plus. Mes vêtements étaient trempés et me collaient à la peau ainsi que mes cheveux qui retombaient devant mes yeux. Je ne voyais presque plus la route. Mais je ne pouvais pas lâcher mon guidon des mains car j’avais peur de déraper. Je pédalais à toute vitesse, le plus vite que mon corps était capable. J’avais mal partout.

Huit bonnes minutes plus tard, j’arrivais devant chez moi. Je sortis alors la clef du garage et l’ouvris. Je me ruai à l’intérieur de la maison, déposai mon vélo trempé dans le garage et rentrai aussitôt dans mon hall d’entrée qui était relié à mon garage. À peine arrivée, je montai à l’étage pour me rendre à la salle de bain, prendre une douche en vitesse et enfiler mon pyjama. J’avais mis tous mes habits à sécher avant de les mettre à la lessive. J’avais pu prendre une bonne douche bien chaude pour me réchauffer après cette pluie abondante.

Me laver m’avait fait un bien fou, j’allais tellement mieux maintenant. Je suis alors descendue à la cuisine pour voir si le souper était près. À peine avais-je posé le pied dans la pièce où se trouvaient mes parents que leurs deux regards se tournèrent vers moi. Je me suis sentie mal à l’aise tout d’un coup. Je décidai de leur sourire. Un long moment de silence s’en fut suivi, personne ne parlait et personne ne bougeait. Nous étions comme des statues de cires, immobile. Je me décidai à parler la première.

− Vous allez bien ? Dis-je d’un ton un peu trop interrogateur.

− Nous, tout va bien, mais la question c’est : est ce que toi ça va ? Répondit mon père.

− Où veux-tu en venir ? Répliquais-je. J’ai l’air de ne pas aller bien ?

− Si, c’est juste que : de un, tu es allée au cimetière parler à maman et de deux, il y a eu un orage. Je me demandais juste comment tu avais géré tout cela. Enchaîna-t-il.

− Oh et bien, tout va bien. C’est vrai que l’orage à été un peu difficile à gérer mais je m’en suis sortie. Je me tus un instant, tout comme Marie et mon père. Je finis par reprendre. J’ai changé les fleurs de maman. Je sais que c’était à ton tour de les lui apporter mais étant donné que nous partons demain soit le jour où tu devais y aller, je me suis dis que ce serait plus simple que je les dépose tant que j’y étais. Je me tus à nouveau. Pour reprendre trente secondes plus tard. J’espère que ça ne te dérange pas. Si pas, je m’en excuse.

− Ne t’en fais pas ma puce, ça ne me dérange pas du tout. J’espérais justement que tu les prennes avec toi car je savais que je n’aurais pas le temps de passer au cimetière demain. Donc, tu as bien fait et je t’en remercie. Merci beaucoup.

− Je lui ai dit qu’on partait demain. Qu’on allait enfin réaliser son rêve de toujours et que de toute façon, elle le vivrait à travers nous. C’est un peu métaphorique mais j’y crois moi. J’ai toujours eu cette sensation, ce pressentiment qu’elle était là, auprès de moi. Que chaque chose que je vivais, elle le vivait avec moi et m'aidait à avancer quand ça n’allait pas.