John Wait La mort dans l'âme 5_Le grand Rek

5_Le grand Rek

Un grand-père rachitique s’avança. Chacun de ses pas donnait l’impression d’être son dernier.


— Alors jeune homme, dit le notable qui avait tendance à faire trainer chaque syllabe, de quelle manière pensez-vous pouvoir contribuer à la réussite de notre opération ?


Le vieille homme gonfla la poitrine et, avec toute la fierté du monde, déclara :


— Je suis capable de survivre plusieurs semaines en me nourrissant uniquement de mes crottes de nez.


Il explosa de rire et le reste des villageois l’imita.


Derrière la table, personne ne réagit. Le notable ne prit pas la peine d’esquisser un sourire ou de montrer son agacement et se contenta d’appeler le suivant en soupirant. Après tout, on était pas le premier village de pèquenauds qu’ils rencontraient, ils avaient dû en voir d’autres.


La personne suivante était une femme magnifique aux formes audacieuses et à la chevelure interminable.


— Présentez-vous.


— Bonjour, je suis Nicky Pestou.


— Très bien. De quelle façon pensez-vous pouvoir contribuer à la réussite de notre opération ?


— En vrai, je ne viens pas pour faire la guerre.


— Ah. Alors que fichez-vous là ?


— Je propose mes services plutôt pour après.


— Après ?


— Après, la guerre. Au cas où on perd.


— Pouvez-vous être plus clair, soupira le notable.


— Et bien si jamais notre bien aimé régent n’arrivait pas à sauver les reines - sa théorie plomba aussitôt l'ambiance -, ce que je ne souhaite pas du tout bien sûr, ajouta-t-elle très vite pour se rattraper, mais si jamais ce grand malheur devait arriver, alors je me porte candidate.


— Mais candidate de quoi, madame ?


— Pour devenir reine, pardi ! dit-elle d’un ton perçant, outrée de devoir souligner l’évidence.


La chape d'appréhension qui s’était formée éclata et les villageois partirent dans un nouveau fou rire. Nicky Pistou, elle, ne plaisantait pas du tout.


Le notable ôta ses lunettes et tamponna son front avec un mouchoir tandis que le capitaine pressait la jolie femme à déguerpir.


— Suivant, soupira le notable qui semblait déjà à bout, en replaçant ses lunettes en demi-lune sur son nez crochu.


— J’ai quelqu’un qui pourrait vous séduire, annonça le père de Gosny en présentant son fils.


Gosny fit un pas assuré vers la table. Une boule de crainte et de fierté se forma dans ma poitrine.


— De quelle façon pensez-vous pouvoir contribuer à la réussite de notre opération ?


— Je sais me battre, monsieur ! répondit Gosny d’un ton qui ne souffrait d’aucun doute.


— Parfait, dit le notable, et de quelle manière ?


— Avec une épée !


— Bien, très bien. Messieurs, dames, faites place au capitaine Ichon s’il vous plaît, réclama le notable en agitant son index dans les airs.


Le capitaine du grand Rek vint se placer face à Gosnyet son ombre recouvrit mon ami. le recouvrant de son ombre. Les spectateurs reculèrent, timidement. Quand le capitaine dégaina son épée, ils reculèrent franchement.


— Tu penses que c’est un alteran lui aussi ? demanda Courgette.


J’en savais rien.


Gosny dégaina son épée et cisela les airs pour faire siffler sa lame. Une huée d’admiration s’éleva du public.


On ne voyait pas des duels tous les jours à Bourg Ballon.


Je le scrutais fermement comme si j’étais assez puissant pour transmettre mon soutien par la pensée. Gosny ne quittait pas des yeux la lame du capitaine. Le notable les invita à démarrer et les deux combattants échangèrent quelques passes d’armes protocolaires afin de se jauger. Le capitaine semblait amusé, le grand Rek lui, observait. Aucune émotion ne transparaissait sur son visage sévère.


On n’entendit rien que le cliquetis des lames et les râles de Gosny. Le capitaine devint plus agressif, se rapprocha dangereusement. Mon ami ne se laissait pas marcher dessus et, après avoir paré un assaut, il porta un franc coup d’estoc, droit sur son adversaire.


Le capitaine moulina son poignet armé. La lame de Gosny glissa sur celle de son adversaire, vrilla, et lui échappa des mains. La seconde d’après, la pointe de l’épée du capitaine atteignait son front.


Les villageois furent partagés entre déception et engouement, mais Gosny reçut des applaudissements chaleureux quand il quitta l'arène.


Le régent et le notable restèrent impassibles.


— C’était court, mais pas si intense, siffla Courgette à mes côtés.


En même temps, qui avait sincèrement cru que mon ami puisse vaincre le capitaine de l’armée du régent ? Le père de Gosny apparemment. Son fils paraissait moins déçu que lui dont les veines du front palpitaient.


Gosny préféra d’ailleurs, nous rejoindre, moi et Courgette, plutôt que sa famille.


— C’était super, lui dis-je en lui donnant une tape sur l’épaule.


— Ouais, c’était top ! renchérit Courgette.


Gosny n’en fit rien. Il se plaça à nos côtés parmi les spectateurs et observa la suite des évènements, le menton dressé avec fierté.


Les démonstrations pathétiques, insignifiantes, parfois cocasses, continuèrent et commençaient à gentiment s’éterniser. Personne n’avait grand-chose de probant à présenter, mais tout le monde voulut participer à sa façon. Au final, Gosny s’était révélé le plus digne d’entre nous.

Au bout d’une heure, même lui ne tenait plus en place, et on passa plus de temps à discuter qu’à observer les aspirants Champions.


Il revint même à la charge en me demandant si je comptais participer à ce triste spectacle :


— Non, je te l’ai dit. La guerre, c’est pas mon délire.


— C’est le délire de personne. Par contre, sauvez son pays…


— …tu sais, je n’ai pas vraiment un profil du Champion.


— Pourtant, tu as une épée maintenant ! balança-t-il, une pointe de reproche dans la voix.


Mon épée ! Avec tous ces événements, je l’avais carrément oublié !


Pourtant, quelle meilleure occasion pour traverser le bourg avec cette maudite lame que maintenant ? L’ensemble du village se trouvait réuni au même endroit, le reste des rues étaient vides. La chance me souriait. Il ne fallait pas se montrer malpoli.


Je prétextai un prétexte et m’éloigna, remerciant Gosny en mon for intérieur.

Ramener cette épée à la Roussine serait un jeu d’enfant. `

Enfin, j’allais tourner la page sur toute cette histoire.



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11 commentaires

Dixy

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Il y a 10 mois

Like de soutien ❤

Layla M

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Il y a 10 mois

Ah non j’avais pas vu c’est le dernier chapitre !!! J’attends la suite alors :)

John Wait

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Il y a 10 mois

En tout cas, un merci sincère pour tes précieux retours et ton analyse à la loupe ! En espèrant que la suite tienne ses promesses :s Je te rendrais la pareil dès que possible.

Layla M

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Il y a 10 mois

Pas de stress! Je passe un super moment en te lisant! J’aime ta plume, ton humour, et je sens que Dyf va etre pepite!! J’en profite pour repondre ici pour les références : - pour naruto c’est pas le nom au complet c le suffixe maru (shikamaru, oroshimaru) - pour FF7 c’est JENOVA c un acronyme, je ne joue pas mais j’ai entendu quand mon mari jouait (tu vas te régaler si tu joues!) et c une entité féminine extraterrestre avec des pouvoirs, j’ai jamais super bien compris 🤷🏻‍♀️ Je vais arreter de voir des références partout 🤣

Layla M

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Il y a 10 mois

Quelque chose me dit qu’il va pas se rendre jusqu’à la Roussine 😏

Gaëlle K. Kempeneers

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Il y a 10 mois

Ou pas... 😬

John Wait

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Il y a 10 mois

Ah, on sait pas, le prochain chapitre, c'est peut-être la fin d mon histoire :D

Gaëlle K. Kempeneers

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Il y a 10 mois

Ce serait dommage
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