Fyctia
Coquillage 4 ( partie 1)
Dans la romans que j'ai l'habitude de lire, l'héroïne a souvent un ou deux amis sur qui elle peut toujours compter. Ce sont des personnages qui l'encouragent, qui la défendent, qui lui donnent des conseils, et qui sont disponibles à tout moment pour lui venir en aide.
Ce sont des alliés.
J'en ai une, moi aussi. Elle est calme, intelligente et très curieuse. Elle aime le chocolat, la couleur noire et les livres de développement personnel.
Seul problème : en ce moment, elle est portée disparue.
C'est dans le silence de ma chambre que je me rend compte à quel point elle me manque. Dans ces moments-là, je prends mon téléphone et je cherche quelqu'un à appeler. J'ai en tout plus de cinq-cents contacts obtenus à l'école, dans le voisinage, et sur mes divers lieux de travail. Cinq-cent personnes à contacter... et en même temps, personne.
Parce qu'aucun d'eux n'apprécierait que je l'appelle à vingt-deux heures pour lui raconter ma vie.
Et encore, si ce n'était qu'une question d'heure.
Je décide malgré tout de parcourir ma liste de contacts. Ces derniers temps, j'ai l'impression que tout va bien : j'ai reçu de nombreux retours positifs sur mes articles, je m'entends parfaitement avec mes collègues, et mes économies grimpent à vue d'œil. D'ici un an, je pourrai prendre mon propre appartement. Vivre sans contrainte. Vivre la belle vie !
Allongée sur le dos, dans l'obscurité, je vois défiler les noms et les numéros de téléphone.
Ariel, aux États-Unis en ce moment. Sûrement occupé sur une intervention chirurgicale.
Dédé, femme au foyer. Elle m'a envoyé un message, mais j'ai oublié d'y répondre. Depuis cinq mois.
Hanna, pas revue depuis la fête des nouveaux bacheliers. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue.
Jo... Ah non, ça c'est le vendeur d'articles personnalisés.
Joseph. J'ai préféré le nommer comme ça. C'est comme un rappel pour que mon esprit se souvienne qu'il est avant tout un collègue de travail. Peu importe à quel point on s'entend bien au bureau, il a sa vie à lui.
Je me demande ce qu'il fait en ce moment. Si cette fille était là, elle m'aurait demandé ce que je pense de lui, et j'aurais répondu...
J'aurais répondu que je le trouve intéressant.
Là, elle prendrait un bloc-notes et me demanderait de développer mon affirmation. Alors je poursuivrais...
- Je le trouve gentil, facile à vivre. Quand il a découvert qu'on a les mêmes goûts en matière de café, on a décidé que le premier à aller s'en préparer peut en proposer à l'autre. On parle de tout toute la journée, surtout de livres. Il est...
Je ne trouve pas le bon mot. Une douce chaleur se propage dans mon cœur.
Il a une petite amie ?
C'est ce que demanderait à coup sûr cette fille.
- Non, il n'en a pas. À moins qu'il garde ça secret, j'ajoute en soupirant.
Je continue à faire défiler la liste, mais mes pensées n'y sont déjà plus. Je sais que Soso est marié, Emma divorcée, et Salim en couple. Marie-Claire est aussi mariée. Jo est officiellement célibataire, mais ce n'est pas comme si je lui avais posé la question directement. Peut-être ment-il pour protéger sa vie privée ?
Je sais seulement que nous nous entendons bien. Mais ce n'est rien d'autre que de l'amitié. Peut-être que je suis à ses yeux une sorte de petite soeur, comme moi-même je vois Salim et Soso : des grands frères sympas.
-Est-ce que tu crois que je dois tenter ma chance ?
Seul le silence me répond. Je me suis prise à mon propre jeu.
Sans retenir un profond soupir, je reprends mon exploration. Je suis arrivée à la lettre P.
Pocahontas.
Qui c'est ?
Parfois, je mets des surnoms aux gens à la place de leurs noms pour me souvenir d'eux. Le problème arrive lorsque j'oublie justement à quoi se réfèrent ces surnoms.
Pocahontas... Pocahontas... Sûrement une fille, avec un côté sauvage ou rebelle, ou juste une mine très ferme.
Ça ne me dit rien.
Je décide de passer à la suite, et c'est ainsi que je finis par m'endormir.
5 commentaires
François Lamour
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Il y a un an
Jeanne Carré
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Il y a un an
blondie.64
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Il y a un an
chiara.frmt
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Il y a un an