Fyctia
Chapitre 27 - Part 2
Nol, ou plutôt Nolane venaient de perdre connaissance. Avec un peu de chance, elle comprendrait ainsi qu’elle n’était absolument pas prête à prendre la route.
Cependant, elle semblait têtue.
Presque aussi têtue que lui.
— J’ai entendu un cri ! s’alarma le garde en revendant sa hauteur. Il lorgna le prisonnier quelques instants.
— Il dort, grogna Lornac afin de le faire partir au plus tôt. Ses tourments lui ont arraché un cri.
Comme pour prouver ses dires, il se décala quelque peu. Le visage inconscient du prisonnier semblant rassurer le garde. Après un dernier regard suspicieux envers Lornac, celui-ci reprit son poste devant la porte de l'écurie.
Qui était-elle ?
Qui était Nolane en réalité ?
Assurément, quelqu’un d’assez malin pour le duper. Lui et toute la cour.
Elle s’était jouée d’eux avec une facilité déconcertante. Il fronça les sourcils, comprenant enfin ce qui poussait Nol à agir si étrangement parfois. Sa pudeur maladive, son refus de se détacher des loques qu'il avait pour vêtements et de son maudit chapeau. Son anxiété à se mêler aux autres dès qu'il tentait de lui confier une mission hors de l'écurie.
Lornac l’observa un peu plus.
Pouvait-il lui faire confiance ? Nol avait trahi sa confiance par deux fois. Et avaient clairement fui les écuries.
Alors, pourquoi revenir ? Dans le seul but d’aider le Roi ? Une ombre passa sur son visage. Lornac appréciait grandement Will. Fils d’un ancien ami chevalier, il l’avait vu grandir, devenir lui-même chevalier et finalement Roi. Contrairement à d’autres, Will n’oubliait pas d’où il venait.
Le tiraillement se lut sur son visage.
Malgré les dires de Lawster, il peinait à croire que Nol ait puis porter atteinte au souverain. À de nombreuses reprises, ils les avaient vu échanger. Will paraissait serein et confiant en la compagnie de Nol.
Connaissait-il son secret ? s’interrogea Lornac.
Son visage s’affaissa de nouveau. Cela n’avait plus d’importance.
Will était mort.
C’est ce qu’assurait Lawster.
Il soupira et se laissa aller contre le bois de l’écurie.
Le dos posé contre le mur, il ne cessait de revivre les dernières heures. Nol s’était bien défendu. Lawster, lui-même, avait été surpris ; ce qui avait démultiplié un peu plus sa fureur. Il s’était défoulé, en un plaisir à peine dissimulé, en fouettant le pauvre palefrenier.
Un nouveau regard sur le corps allongé à ses pieds.
Une femme. Une femme dans son écurie.
Il lâcha un juron.
Voilà pourquoi il ne voulait pas d’elles sur son territoire, elles n’apportaient que trouble.
Son orgueil nourri par la peur s’évanouit. Un drame se produisait dans le royaume. Lawster ne se serait jamais absenté ni laissé le palefrenier ainsi, sans une bonne raison. En d’autre temps, il se serait acharné, l’achevant en le pendant haut et court. Lornac le savait, il avait déjà vu Lawster à l’œuvre. Durant la guerre, le chevalier ne faisait pas dans la dentelle et avait tendance à brûler vif aussi bien les ennemis que les civils lui barrant le passage.
Toutefois, Will semblait lui accorder son respect. Lornac ne s’en était pas mêlé.
Alors, pourquoi accorder un répit à son prisonnier ?
Le pied de Lornac s’agitait sous sa réflexion. Nol reprit conscience et tenta de se relever. Décidément, elle ne lâchait jamais.
— Un cheval, répéta Nolane.
Il ne chercha pas à répondre. Assurément, elle reperdrait conscience d’ici quelques minutes.
Voyant qu’il ne réagissait pas, elle s’agita, s’efforçant à s’agenouiller. Il la laissa faire.
Qu’elle s’écrase face au sol, cela lui apprendra.
Contre toute attente, Nol y parvient. À genoux dans la paille, respirant profondément, la jeune femme vacilla dangereusement. Instinctivement, il lui jeta une chemise neuve pour qu’elle couvre sa poitrine. Elle l’enfila d’une lenteur extrême, le contraignant à conserver le regard baissé ; grommelant un chapelet de juron à chaque seconde.
Elle s’appuya contre le mur en bois de l’écurie et reprit son souffle. Lornac plissa ses yeux burinés ; Nolane détenait une sacrée force de caractère.
— Des vivres, articula-t-elle la gorge sèche. Un cheval.
Quel entêtement.
— Tu penses le retrouver seule ?
Il crut qu’elle ne l’avait pas entendu, encore envahie par la douleur. Le regard qu’elle lui lança lui retira toute envie de la railler.
— Au moins, moi j’essaye.
Il se releva, les lèvres pincées, sortant vivement du box.
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