leysa Le Père Noël m'a donné son numéro Chapitre 7 partie 1

Chapitre 7 partie 1

Je déteste Noël, mais faire plaisir à Coraly et Harvey ? Ça, ça n’a pas de prix. Je pourrais endurer les pires tortures du monde pour eux. Même des vacances au ski en pleine période de Noël.


J’ai économisé pendant des mois, mettant de l’argent de côté avec une discipline que je ne me connaissais pas. Garder le secret a été une toute autre affaire —surtout face à Coraly, la reine de l’interrogatoire—, mais j’ai tenu bon.


Avec Coraly, on n’a jamais voyagé. Par manque d’argent, mais aussi parce qu’aucun parent n’était là pour nous emmener explorer le monde.


Alors cette année, c’est moi qui organise tout. J’ai tout planifié dans les moindres détails. Et ce matin, c’est l’heure du grand départ.


— ON SE RÉVEILLE ! hurlé-je en bondissant sur le lit de Coraly, surexcitée comme une gamine devant un sapin plein de cadeaux. IL FAIT UN FROID DE PINGOUIN, IL NEIGE ET C’EST LE PREMIER JOUR DES VACANCES.


Je saute partout, manquant à plusieurs reprises de me vautrer en marchant sur les jambes de ma soeur. Coraly peste, râle et finit par me balancer son oreille en plein visage.


— Putain, Mélody ! grogne-t-elle, la tête sous la couette. Il est quelle heure ?


À côté d’elle, Harvey, qui dort encore à moitié, relève la tête, les cheveux en pétard et l’air de me juger très, très fort.


— ON VA AU SKIIII ! continué-je à hurler en tournoyant sur moi-même comme une danseuse étoile sous ecsta.


Coraly gémit de douleur et Harvey cligne des yeux.


Bon, peut-être que réveiller tout le monde à six heures du matin, c’était abusé. Mais c’est pour la bonne cause.


— On va faire du ski ? demande Harvey d’une petite voix encore ensommeillée. À la montagne, avec plein de neige ?


Je hoche frénétiquement la tête, un immense sourire plaqué sur mon visage. Mais le sien est encore plus grand, éblouissant, illuminé par une excitation et un bonheur purs.


À côté de lui, Coraly se redresse lentement, baillant à s’en décrocher la mâchoire. Les cheveux en bataille, elle me fixe quelques secondes, l’air de ne pas être totalement connectée à la réalité. Puis, sans prévenir, elle m’attrape les épaules et me serre si fort que je me demande comment mes os ne se brisent pas sous son étreinte.


— Joyeux Noël en avance, soufflé-je à son oreille. Toi et Harvey avez toujours rêvé de passer les fêtes à la montagne. Maintenant, c’est chose faite.


Je sens deux, trois larmes couler sur mon épaule, et dans un réflexe tendre, je viens frotter doucement le dos de Coraly.


— Tu es la meilleure personne sur cette terre, Mel’. Je t’aime tellement.


Je suis à deux doigts de me transformer en guimauve et de fondre en larmes à mon tour. Et ça, ce n’est pas possible. Alors je ravale tout et reprends contenance comme si de rien n’était.


— Moi aussi je t’aime, dis-je en tapotant maladroitement son dos. Mais si vous voulez que ce rêve devienne réalité…


Je me recule de l’étreinte de Coraly.


— FAITES VOS VALISES BANDE DE PINGOUINS ! ON A CINQ HEURES DE ROUTE !


Coraly éclate de rire et Harvey pousse un cri de joie pendant que mon coeur se met à gonfler d’amour.


Dans la maison c’est l’effervescence totale. Coraly s’acharne à caser l’équivalent du PIB de la Chine dans des valises qui ferment à peine. Sérieusement, elle compte habiller combien de personnes ? Une colonie entière ?


Pendant ce temps, je gère Harvey, l’occupant en lui montrant des photos de notre destination pendant que sa mère cache soigneusement ses cadeaux de Noël dans ce foutoir ambulant.


Je crois n’avoir jamais vu ces deux-là aussi excités un samedi matin. Ça me réchauffe le coeur de les voir sourire comme ça, de sentir cette énergie joyeuse flotter dans l’air. Ils ont besoin de ces vacances, besoin de souffler, et moi, je suis juste heureuse de leur offrir ça.


— On pourra aller visiter le marché de Noël ? s’exclame Harvey, les yeux pétillants d’excitation. Il est hyper grand là-bas ! Tu as vu l’énorme sapin ? Le Père Noël a même des elfes avec lui, regarde !


Il pointe une photo sur mon téléphone, totalement émerveillé. Ses yeux brillent tellement qu’on dirait qu’il a quarante de fièvre.


Je secoue la tête horrifiée.


— Oublie-moi tout de suite.


Pas question que je remette les pieds dans un marché de Noël. Le dernier m’a traumatisée à vie, et ce même pour les beaux yeux du petit monstre.


— Vois ça avec ta mère, mais ne compte pas sur moi.


Comme s’il s’y attendait, Harvey hausse les épaules, pas le moins du monde surpris.


— Qu’est-ce qu’elle fait, maman ? demande-t-il en se levant du canapé, bien décidé à aller voir par lui-même.


J’écarquille les yeux et, dans un éclair de génie —ou de panique pure—, je saute par-dessus le canapé. Sauf que ma grâce naturelle étant proche de celle d’un phoque en pleine tentative de plongeon, je m’étale de tout mon long sur le parquet du salon, atterrissant pile devant Harvey et l’empêchant d’atteindre la porte de la chambre.


— STOP !


Harvey me regarde intrigué. Moi, je prie pour que mes os tiennent encore un peu le coup.


Je suis contre les mensonges —franchement, faire croire aux gosses qu’un vieux barbu en costume rouge fait du home-jacking par les cheminées, c’est flippant—, mais Coraly tient absolument à préserver la “magie de Noël”. Et vu que je tiens à ma peau, je n’ai pas le choix.


Je me redresse d’un bond théâtral, ignorant la douleur qui pulse dans mon genou.


— Elle fait vos valises ! déclaré-je avec une ferveur exagérée. Et crois-moi, c’est ennuyeux à mourir. Tu ne veux pas plutôt regarder les montagnes avec moi ?


Coraly débarque pile à temps dans le salon, s’essuyant le front tel un soldat revenant d’une mission suicide. Ses cheveux roux sont en bataille comme si elle venait de se battre avec un grizzli —ou avec une valise récalcitrante, ce qui revient au même—.


— C’est bon ! On peut y aller !


Alléluia ! Je soupire de soulagement, ravie de quitter l’appartement. Enfin, jusqu’à ce que je réalise mon erreur monumentale. Choisir l’option voiture —parce que c’était moins cher que le train ou l’avion—, a été la pire décision du monde.


Coraly a eu la brillante idée d’activer les chants de Noël en boucle pour le plus grand bonheur de Harvey. Et pendant cinq longues heures qui ont ressemblé à un aller simple pour l’enfer, ils ont chanté à tue-tête, avec une passion digne d’un final de The Voice, mais avec le talent d’un chat en pleine crise existentielle.


Et moi, j’ai sérieusement envisagé d’ouvrir la portière en plein trajet pour abréger mes souffrances.



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3 commentaires

Myriam Alexya

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Il y a 15 jours

Le talent d'un chat en pleine crise existentielle, mdr, j'adore, et tellement pertinent ! 🤣 Ça monte vite en crise existentielle, ces bêtes-là, il suffit que tu tardes un peu à ouvrir la porte et c'est déjà la fin du monde ! Pas qu'il le pense vraiment, mais il faut qu'il te le fasse croire ! Bref, c'est un peu surjoué, en gros, c'est ce que j'y comprends !

Mily Black

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Il y a 15 jours

Pourquoi ai-je l'impression qu'il va y avoir un "invité surprise" pour rendre ce séjour encore plus désagréable pour elle. ;)

Mapetiteplume

-

Il y a 16 jours

Toujours là en soutien 🥰
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