Fyctia

Les valises à peine posées dans notre adorable chalet, nous n’avons même pas pris le temps d’admirer les lieux qu’on se retrouve dehors, en plein blizzard, marchant bravement vers les pistes de ski.

Je hais la neige. C’est froid, ça colle aux fringues, ça trempe les chaussettes, et ça transforme chaque pas en un potentiel accident mortel. Mais ici, à la montagne c’est différent.

L’air est plus pur, presque vivifiant. Il donne l’illusion que tout est plus beau, plus doux, presque magique.

Je prends une grande inspiration, laissant le parfum envoûtant du bois et du froid envahir mes poumons. Un pur délice.

— Vous avez déjà skié ? demande le moniteur, un sourire en coin.

À l’unisson, nous secouons la tête.

Le charmant moniteur —qui, au passage, ne me lâche pas une seule seconde du regard—, semble amusé.

— Parfait. Venez avec moi, je vais vous expliquer les bases.

Pendant dix minutes, Ricardo —alias le moniteur de ski le plus sexy de l’univers— nous explique les bases du ski.

Et bien que je mette du coeur à essayer de comprendre —c’est faux, en réalité je suis bien trop occupée à mater son fessier absolument indécent dans sa combinaison moulante—, je ne pige rien.

— Vous avez compris ?

Coraly et Harvey hoche la tête avec enthousiasme avant de s’élancer prudemment sur la piste, sous le regard bienveillant de Ricardo, tandis que moi je suis à peine conscience que j’ai des skis aux pieds.

Je penche légèrement la tête, et malgré cette maudite combinaison qui me donne l’air d’un Bibendum, je tente un petit numéro de charme.

— J’avoue que je n’ai pas tout compris, soufflé-je d’une voix faussement innocente. Vous pourriez me réexpliquer ?

Ricardo esquisse un sourire, clairement flatté, et s’approche lentement.

— Bien sûr, qu’est-ce que vous n’avez pas compris ?

Je m’apprête à répondre quelque chose de totalement inutile, histoire de prolonger ce moment, quand soudain, un homme d’une cinquantaine d’années débarque comme un cheveux sur la soupe.

— Ric’, on a un souci. Tu peux venir, s’il te plaît ?

Je soupire —ma libido aussi— pendant que Ricardo me lance un regard désolé avant de filer.

Super. Ma première leçon de ski et ma tentativbe de flirt viennent de partir en fumée en moins de deux minutes.

Mon regard oscille entre la piste de ski et mes pieds. Je ne suis clairement pas faite pour ce sport, mais j’ai vu des enfants de cinq ans le faire sans problème, alors pourquoi pas moi ?

Spoiler alerte : parce que moi, je suis un danger public.

Prenant mon courage à deux mains, j’inspire profondément et m’élance. Au début tout va bien, je glisse tranquillement, aussi rapide qu’une tortue en pleine méditation.

Puis, sans prévenir, la pente se transforme en toboggan de la mort.

— Aaaaah !

Je prends de la vitesse, trop de vitesse. Beaucoup trop de vitesse.

— Aaaaaaaah !

Mes bras s’agitent dans tous les sens, je zigzague comme un flipper détraqué, et j’entends déjà les gros titres : “Une touriste provoque un carambolage sur les pistes”.

— AAAAAAH !

Je dépasse des skieurs qui me regardent comme si j’étais une anomalie de la nature. Ce qui, en soit, n’est pas totalement faux.

Je percute quelqu’un de plein fouet, et nous roulons dans la neige dans un enchevêtrement de jambes, de skis et de cris indécents.

Quand je reprends enfin mes esprits, je me retrouve à moitié allongé sur un corps bien trop familier.

Je déglutis en maudissant cette mauvaise étoile qui se trouve juste au-dessus de ma tête, et qui prend un malin plaisir à me torturer.

Sur toutes les personnes que j’aurais pu écraser sur mon sillage, il a fallu que ce soit mon connard de patron.

Et vu son regard noir sous son bonnet de ski, je suis officiellement morte.