Fyctia
Chapitre 3 partie 3
Je me fige. Littéralement. Mon corps refuse de bouger, comme si on venait de me coller à la mosaïque de la salle de bain avec de la super glue.
Mes paupières papillonnent, mon cerveau reçoit l’information, mes oreilles l’entendent, mais mon corps, lui, refuse d’intégrer le truc.
Le Père Noël du marché, celui à qui j’ai balancé, en long, en large et en travers, tout ce que je pensais de mon patron.
Était. Mon. Putain. De. Patron.
Coraly me plaque le téléphone sous le nez, l’air de dire “regarde bien, t’as pas rêvé !”
J’hyperventile, à deux doigts de rendre l’âme. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, loupant des battements de façon totalement anarchique, et ça fait un mal de chien. Mon corps passe du chaud au froid, puis de froid au chauf en une fraction de seconde. Mes cheveux s’hérissent, mes poils aussi —que j’ai d’ailleurs oublié d’épiler hier soir—.
— Je… vais… mourir, soufflé-je, comme si je venais de courir un marathon.
J’ai la tête qui tourne, l’estomac en vrac, et un goût amer de malédiction sur la langue. Dans une vie antérieure, j’ai forcément dû être une créature démoniaque. Une de ses pies sans cervelle au cerveau aussi mou qu’un chewing-gum collé sous une semelle.
— Je suis morte, Coraly ! Morte ! Il va me tuer !
Je plaque mes mains sur mon visage, en proie à un début de crise existentielle.
— J’ai dit que c’était un connard ! Un connard sexy, certes, mais un connard quand même ! Et tu te rends compte que mon voeu de Noël, c’était qu’il soit moins imbuvable ? Puis j’ai enchaîné en disant que c’était mission impossible, qu’il était foutu, irrécupérable !
Je relève les yeux hagards vers ma soeur, qui, étrangement, ne semble pas partager ma panique.
— Bordel, Coraly ! C’est ta faute ! C’est toi qui m’as envoyée là-bas ! Je vais mourir par ta faute !
Je l’accuse du doigt comme une héroïne de série dramatique. Elle, elle se marre.
Je fais les cent pas dans l’appartement, complètement paniquée. Mon cerveau à littéralement disjoncté, et cette fois, c’est pire que d’habitude ! Il ne parvient même plus à connecter les neurones entre eux. Il surchauffe en essayant de trouver une solution —qui n’existe pas— pendant que la panique m’envahit de plus en plus.
— Tatie est malade ?
— Non, mon coeur, tatie est juste… folle.
Du coin de l’oeil alors que je continue à faire des allers-retours, je vois Harvey hausser les épaules.
— Comme d’habitude.
Je devrais m’indigner, crier au scandale pour ce que ce petit monstre vient de dire avec une telle nonchalance. Mais mon cerveau, toujours en mode “bug”, refuse de fonctionner correctement.
Je vais mourir à vingt-six ans, sans avoir voyagé, mais en ayant insulté mon patron en pleine face, croyant que c’était un Père Noël ! Triste vie !
8 commentaires
Mapetiteplume
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Il y a 12 jours
mima77
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Il y a un mois
Jasmine_Frrnd
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Il y a un mois
leysa
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Il y a un mois