leysa Le Père Noël m'a donné son numéro Chapitre 3 partie 2

Chapitre 3 partie 2

De retour à la maison, je me laisse tomber sur le canapé, complètement vidée. Harvey, lui, déborde encore d’énergie et file en courant raconter notre sortie au marché de Noël à sa mère. Dans les moindres détails. Et je sais déjà, ce qui va suivre : d’ici quelques secondes, Coraly va venir me hurler dessus. Pour la gaufre, évidemment. Pas pour avoir remonter la file d’attente du Père Noël en simulant une grossesse. Ça, elle ne dira rien, parce que je la connais : elle aurait fait exactement la même chose. Coraly et la patience, ça fait deux.


— MÉLOOOOOOODYYYYY !


Je grimace, attrape un coussin et me l’écrase sur la tête, comme si ça pouvait me protéger du cyclone Coréaly. Un sourire étire déjà mes lèvres alors que j’imagine ma soeur fulminer, les poings sur les hanches, pendant que son fils lui décrit, avec les étoiles dans les yeux, à quel point sa gaufre était succulente et, comble du crime, qu’il a eu droit à une double dose de Nutella.


— Oui, demandé-je d’un ton faussement innocent. Qu’est-ce qu’il y a ?


Le bruit de ses chaussons raclant le sol se rapproche dangereusement. Je retiens mon souffle. Puis, sans prévenir, le coussin qui était censé me protéger vole à travers la pièce et s’écrase contre un vase qui explose en mille morceaux sur le sol.


— Mon vase, pleuré-je dramatiquement, posant une main sur mon coeur comme une héroïne de tragédie grecque.


— Oh, mince, désolée, réplique Coraly, faussement navrée.


Puis avec un haussement d’épaules totalement dénué de remords, elle ajoute :


— On s’en cogne de ton vase, tu ne l’aimais même pas ! Par contre, tu adores me rendre folle !


Elle croise les bras, furibonde.


— Une gaufre, Mélody ! À dix-neuf heures ! L’heure exacte de son dîner ! Tu te rends compte ?


— Je…


Je n’ai même pas le temps d’inventer une excuse qu’elle se jette sur un autre coussin et commence à me frapper sans aucune pitié.


— Aïe ! protesté-je en tentant de me protéger. Aïe ! Mais t’es tarée ou quoi ?


Je me lève d’un bond et me réfugie derrière la table à manger, dressant une chaise comme bouclier improvisé.


— C’est de la légitime défense, m’écrié-je. C’était un marché équitable : une gaufre contre une vengeance contre toi ?


— QUOI ?


Je lève les mains en l’air, dramatique.


— Ce que je retiens surtout de cette histoire, c’est que le Père Noël, qui était en fait un psychologue infiltré, m’a donné son numéro.


Coraly fronce les sourcils, arrêtant net son attaque.


— Tu devrais l’appeler.


— Pour une thérapie ?


— Non, pour lui demander s’il fait des réductions de groupe.


Je rigole, baissant ma garde une seconde de trop, ce qui laisse à Coraly tout le loisir de m’attaquer à nouveau. Cette fois, ses coups de coussin sont plus rapides, plus précis, et franchement, plus douloureux.


Je suis sûre qu’elle essaie de m’achever.


— Aïe ! Aïe ! Aïe ! Bon sang, Coco ! protesté-je en tentant d’esquiver.


Je suis persuadée que j’aurais d’énormes bleus d’ici demain matin. Si je débarque au boulot avec un cocard, je vais encore me faire enguirlander. Déjà que la semaine dernière, j’ai mis mon tee-shirt à l’envers avec l’étiquette bien en évidence et que j’ai eu le droit à un sermon sur le “non -professionnalisme”, j’aimerais éviter une nouvelle humiliation face au tyran qui me sert de patron.


Coraly lève un sourcil, sa prise sur le coussin toujours ferme.


— Qui c’est ?


Je bats en retraite derrière le canapé, levant les mains en signe de paix.


— J’en sais rien ! Je lui ai même pas encore envoyé de message !


J’attends patiemment que Coraly repose enfin son arme de destruction massive —un coussin, mais entre ses mains, c’est presque un instrument de torture— . Question de survie.


Dès qu’elle l’abandonne sur le canapé, j’attrape mon téléphone et le bout de papier que le Père Noël-psychologue m’a donné un peu plus tôt.


— Je t’attendais pour envoyer un message, lui dis-je, concentrée. Je mets quoi ? “Hey salut, le Père Noël beau-goss, c’est la fille qui n’a fait que se plaindre” ?


Coraly pouffe sans retenue, ce qui ne fait qu’augmenter mon agacement. Mon pied tape nerveusement contre le parquet du salon en attendant qu’elle se calme.


— Franchement, Mel’, je comprends pourquoi t’as jamais été en couple de ta vie ! “Père Noël beau-goss”, sérieux ? Imagine c’est un vieux de soixante ans.


Je grimace, profondément dégoutée. Je n’ai rien contre les grands-pères, mais très peu pour moi. J’aime sentir un corps ferme sous mes doigts, pas un truc tout flasque. Rien que d’y penser, j’ai des hauts-le-coeur.


Je suis Coraly dans la cuisine, la regardant finir de préparer à manger avec une sérénité déconcertante, pendant que je me bats avec mon téléphone, incapable de trouver quoi écrire.


Faut dire que je n’ai jamais vraiment engagé de conversation avec un homme par message. D’habitude, ça se fait naturellement : on discute autour d’un verre, on flirte un peu, puis on apprend à mieux se connaître dans un lit. Et après ? Bah au revoir. Merci, c’était sympa —quand le type sait utiliser ce qu’il a entre les jambes ! Bon dieu que c’est rare—, mais pas besoin d’échanger nos numéros.


Je l’ai déjà dit : je n’ai pas confiance en eux. Pire, je les déteste tous. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.


— Bon, laisse-moi faire, s’impatiente Coraly en m'arrachant le téléphone des mains.


Je roule des yeux, mais la laisse faire, soulager d’esquiver cette corvée. Pendant qu’elle s’attelle à ma place, je me dirige vers la salle de bain pour vérifier que Harvey ne transforme pas la pièce en piscine municipale.


Quand je passe la tête à l’intérieur, un sourire gaga s’étale sur mes lèvres. Il s’amuse avec la mousse du bain, se sculptant une barbe de Père Noël en rigolant aux éclats. Son rire est communicatif, et je ne peux m’empêcher de rire avec lui, complètement mordu d’amour.


Jusqu’à ce que Coraly arrive dans l’encadrement de la porte, le visage livide, comme si elle venait de voir un fantôme.


— T’es dans la merde !


— Quoi ?


— T’es dans la merde, Mel’ !


— Quoi ?


Coraly lève les yeux au ciel avant de me tendre mon téléphone.

— Le numéro est déjà enregistré dans ton répertoire.


Je fronce les sourcils.


— Ah bon ? Sous quel nom ?


Elle regarde l’écran, puis moi. Puis l’écran, puis le bout de papier. Et encore l’écran. Et plus elle fait ça, plus son visage perd en couleur. À ce rythme-là, elle va nous faire une syncope.


— Le tyran.



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3 commentaires

Mapetiteplume

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Il y a 12 jours

Ah ben ça alors c est une surprise 🤣je suis d accord elle est dans la merde🤣

mima77

-

Il y a un mois

Haha j en était sur !le retour au boulot promet d d'etre sympa
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