Fyctia
Chapitre 5 : Qu'a t-il fait ?
Je sortis de la salle la tête fumante, crampes aux mains et douleur au dos. Je ne savais pas qu'une simple question pouvait me mettre dans un tel état de mal-être.
Y a-t-il une vie après la mort ?... Qu'est-ce que j'en sais ? Ce n'est pas le genre de question que je me pose tous les jours !
Au-delà du fait que j'étais épuisé du cours, j'avais reçu une convocation. Comme l'a dit Isla, un des gérants m'a donné rendez-vous dans l'aile centrale, à l’accueil.
Je descendis les marches à pas lents, traversa les couloir du rez de chaussé avec appréhension et arriva finalement devant la grande porte vitré. Je vis de l'autre côté Marty, penché sur une pile de feuilles dans un désordre sans nom.
Il me fit signe d'entrer, comme s'il avait pu me percevoir sans lever la tête. Je passa le seuil de la porte, sans entreprendre le moindre geste supplémentaires. Le silence était si pesant que même ma respiration devenait bruyante, que même un simple craquement se faisait ressentir plus fort. Pourquoi la pression était si pesante ?
Pourquoi je me sens mal ?
- Tu sais pourquoi je t'ai convoqué ? Dit finalement Marty, toujours dans ses papiers.
Aucun son ne sortit de ma bouche. C'est comme si la tension me coinçait la gorge, me retenait de parler. Petit à petit, je sentais une peur angoissante me cribler, parce que je ne trouvais aucune raison qui expliquerait ce ressenti d'oppression.
Marty leva la tête face à mon silence. Il me regarda pendant quelques secondes, dans un calme pesant. Je le vis tirer un tiroir et en sortir des vêtements bleu marine.
- Voici ton uniforme et ton insigne d'étudiant, je te recommande de le mettre au plus vite. Et pour ce qui est de ton emblème...
Je retiens ma respiration. Un mot qui m'avait torturé l'esprit pendant toute la matinée. Il me demanda d’avancer et il me tendit sa main.
- Donne moi ton avant-bras.
J'avança mon bras tremblant vers lui. Il le saisit fermement et remonta ma manche sèchement, découvrant entièrement mon avant-bras. Il approcha sa main, à quelques centimètres de ma peau.
Je trouvais que l'air devenait étouffant, voire irrespirable. Une chaleur de plus en plus intense me parcourait le bras. Des picotements apparurent, comme si on me transperçait avec mille aiguilles.
Je grimaça et leva les yeux vers la main de Marty. Mon cœur s’accéléra. Sa main, si proche de moi, était rougeoyante, entourée d'un halo ocré et lumineux, comme si elle s'enflammait.
- Qu... qu'est-ce que vous faites ?...
Il ne me répondit pas. Sans prévenir, il appuya sa main sur mon bras et le serra avec force. Je hurla, pris d'une panique et d'une douleur affreuse. Je tenta de me défaire, mais il me tenait toujours fermement. J'avais l'impression que ma peau fondait, qu'à tout moment je pourrais perdre connaissance. Mes forces me quittaient, j'avais un mal fou à respirer, à garder les yeux ouverts et je ne réfléchissais plus correctement. La douleur amplifiée, de plus en plus insoutenable...
...
Le néant total.
Je ne sens plus rien, je ne vois plus rien... Je suis conscient ?
Un fin fil de lumière trancha ma vision. Sans vraiment m'en rendre compte, j'ouvris les yeux, totalement absent. Un plafond décoloré... de tristes lampes murales... une ambiance opaque...
Je pris conscience de là où j'étais. Je me redressa péniblement, et chercha frénétiquement autour de moi, le corps en transe.
Pourquoi je suis dans cet état ? D'où me vient cette panique ?
Je colla ma paume de main contre mon front et ferma les yeux.
Rien. Je ne me rappelle de rien. J'ai été convoqué par Marty, il m'a remis mon uniforme et ensuite... ensuite je me suis réveillé ici, au sol... Il y a comme un trou noir...
Je manqua de tomber en me relevant, ma tête était affreusement lourde et lancinante. Encore troublé par les événements, je ne remarqua qu'après le changement d'ambiance qui trônait dans la pièce. Un sentiment de mal-être, d'hostilité. Mon corps entier était enveloppé d'une aura pesante. Partout autour de moi, l'obscurité semblait occuper plus d'espace, le silence était menaçant et j'avais du mal à respirer lentement.
Je sortis de la salle, le cœur battant, scrutant chaque angle, chaque recoin, comme si quelque chose pouvait sortir de l'ombre.
- Je crois que vous avez oublié quelque chose...
Je me figea et n'osa même pas me retourner. La voix de Marty résonna dans mes oreilles, comme le bruit sourd des lampes qui m'étaient jusque-là inaudibles. J'entendais le bruit de ses pas se rapprocher, de manière régulière et glaçante. En retenant mon souffle, je passa ma tête par-dessus mon épaule et observa Marty avancer vers moi, mon uniforme à la main. Il me le tendit, si simplement, mais pourtant je ne pouvais me résoudre à tendre le bras. Un large sourire trancha son visage.
- Il y a un problème ? Dit-il d'une voix complètement neutre, malgré son rictus forcé.
La pression devenait insoutenable. Je me retourna et attrapa hâtivement mon uniforme avant de marmonner faiblement.
- Non aucun...
Je sortis du hall, et fus rassuré de retrouver de l'air respirable. Dehors, le vent sifflait dans les branches, le froid hivernal me glaçait les doigts, et le ciel était sombre. Il fait nuit ?
Je tilta. Combien de temps étais-je resté au sol ? Combien d'heures s'étaient écoulées depuis mon rendez-vous avec Marty ?
Comme si cela ne suffisait pas, je me sentais de moins en moins en sécurité ici. Ou alors... ça a toujours été comme ça ? L'atmosphère a toujours été si froide et menaçante ? Et si je venais tout juste de le remarquer, comme si cette impression s'était débloquée dans ma tête.
Je veux juste partir d'ici. Il est trop tard de toute façon, la nuit est déjà tombée, il faut que je rentre.
Mes jambes m'obéirent immédiatement, elles m'emmenèrent loin de cet endroit, loin de cette angoisse constante. Je laissais derrière moi une journée que je n'étais pas prêt d'oublier.
Sur le chemin, je me retournais constamment, n'ayant qu'une seule idée en tête : rentrer chez moi. Au loin, j'aperçus la devanture de ma maison. Un sentiment de soulagement m'enveloppa et j’accélérai inconsciemment le pas. Je traversa mon jardin, passa le seuil de la porte, monta quatre à quatre les escaliers et finis par m’effondrer dans mon lit. Ma mère m'appelait en bas, me demandant si ma journée s'était bien passée, mais je n'avais pas la force de lui répondre, ou même de lui mentir.
Mes forces m'avaient quittés, toute mon énergie avait été aspirée en une seul journée, je suis sur que je pourrais m'endormir en quelques minutes. Malheureusement, des questions s'agglutinaient et tournaient toujours autour de ma tête, une désagréable sensation me rongeait le bras, et quelque chose me disait que demain n'allait pas être mieux.
Ce lycée...
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