Lénovie Le miroir du passé Chapitre 6 : Le miroir

Chapitre 6 : Le miroir

Mon réveil sonna pour la deuxième fois. Mes paupières s'ouvrirent lentement ; mes doigts bougèrent légèrement ; ma tête bascula sur le côté ; mon réveil affiché 7h 09, mais je n'avais aucune envie de me lever. Des tapotements à ma porte me firent sursauter, ma mère tapait frénétiquement contre le bois grinçant, elle répétait sans cesse mon nom, m'ordonnant de me lever immédiatement. Je me redressa et traîna des pieds jusqu'à ma porte. Quand je l'ouvris, ma mère se tenait droite devant moi, les cheveux décoiffés, la mine fatiguée, mais les yeux furieux.


- Jaiden, je ne vais pas tous les matins venir taper à ta porte. Je veux bien comprendre que ta première journée a été difficile, mais n'exagère rien, tu as intérêt à te lever à l'heure les prochaines fois.


Je restai devant elle sans voix, éteint.


- Maman, hier soir... je me suis endormi quand ?


Alors qu'elle descendait déjà les escaliers, elle s'arrêta net et souffla doucement.


- Tu n'as même pas mangé, tu es directement monté dans ta chambre, et quand je suis venue te voir, tu dormais.

- V... vraiment ?


Je baissa la tête et m’aperçus que j'étais toujours habillé, le t-shirt froissé et mes chaussures aux pieds.


- Bon, dépêche-toi de te préparer, tu vas réellement être en retard.


Je ne mangea rien, "coiffa" mes cheveux et enfila mon uniforme. C'était un ensemble vraiment simple : un pantalon noir ; une chemise blanche, trop grande ; une veste bleu marine ; une cravate noir ; un insigne argenté, représentant la lettre "K". J'attrapa mon sac et, après avoir dit au revoir à ma mère, sortis dehors en direction du lycée.

La pression montait petit à petit, je savais à quoi m'attendre en arrivant au lycée, un endroit lugubre et sans vie. Après quelques minutes de marche, j'étais arrivé. La pierre opaque et livide des bâtiments ne m'avait pas manqué. Le silence lourd et pesant non plus. Le vide, et cette sensation d'être observé, encore moins. Rien n'avait changé, si ce n'est qu'une oppression encore plus grande que la veille.


- Jaiden ?


Je me retourna, et aperçus Isla, courant vers moi, le visage ravi mais en même temps légèrement inquiet. Elle m'agrippa les épaules et me secoua comme un vulgaire pantin.


- Bon sang Jaiden tu vas bien ? Tu n'es pas venue en fin de cours hier. Pourquoi tu ne m'as pas prévenue ?

- Euh... je ne me sentais pas très bien, et puis pourquoi j'aurais dû te le dire ?


Elle s'arrêta et recula d'un pas, presque choquée de ma question.


- Pourquoi ? Parce que tu es un de mes camarades de classe et que... que je me soucie de la santé des autres...

- ...


Non, en fait elle n'était pas choquée, juste gênée. Qu'importe, je n'ai pas spécialement envie d'arriver en retard.

- Je te laisse, je vais y aller. Lui dis-je en faisant demi-tour.

- D'accord, on se voit à la pause de midi !

- Euh je...


Je n'ai pas eu le temps de contester qu'elle était déjà partie. Rien que son énergie m'épuisait, je me rends compte maintenant qu'elle est l'opposé total de moi. Toujours à courir et sauter dans tous les sens, toujours rieuse et le sourire aux lèvres, à croire qu'elle n'est pas du tout affectée par l'atmosphère du lycée...


...


Il n'y a que moi ?

Les autres élèves ne sont pas affectés par l'ambiance sinistre, par la sensation d'étouffement que procure cet endroit ? Non... personne ne semble prêter attention à ça...


Je regarda rapidement ma montre et remarqua que l'heure pressait. Je me précipita à l'intérieur du bâtiment et me dirigea vers ma salle.


Je dirais presque étonnement, les cours de la matinée se sont bien passés, il y avait toujours cette impression dérangeante, mais rien de notable ne s'est passé.

J'avais rejoint Isla au réfectoire, on avait mangé sans problèmes. J'avais terminé ma première heure de l'après-midi, j'étais toujours vivant. J'aurais aimé que le reste de la journée se passe aussi bien...


Il n'était pas loin de 14h, je devais changer de bâtiment, en psychologie. Au rez-de-chaussé, je passa devant une porte, située dans un petit renfoncement. Elle était entre-ouverte. Je serais passé devant sans m'arrêter si la voix dans ma tête ne m'avait pas dit de me stopper. Un étrange sentiment m’envahit, ce qui ce dégageait de cette salle n'avait rien de rassurant. Je ne pouvais pas continuer mon chemin, j'étais comme attiré vers cette porte. Je fis quelques pas en sa direction, plus j’avançais, plus l'envie de voir l'intérieur de la pièce grandissait. Je posa une main sur la porte, la poussa silencieusement, et passa la tête de l'autre côté. Mes yeux s'écarquillèrent et mon corps s'était immobilisé.

Au fond d'une pièce, plongé dans une totale obscurité, se tenait debout un miroir démesuré d'une splendeur étonnante. Peut-être 1m20 sur 3m ; un cadre doré, assez poussiéreux et abîmé ; d'anciens ornements tout le long, des sortes de spirales et demi-cercles ; une réflexion tremblante de la réalité.

Je m'approcha, curieux, juste en face de mon reflet. Je le vis cligner des yeux. J'ai rêvé ? Es ce que moi aussi j'ai cligné des yeux ?

Je fis quelques pas en avant, il fit de même, mais légèrement en retard. J'étais à quelques centimètres du miroir, il m'était impossible de résister à l'envie de toucher mon reflet. Ma main effleura le verre poudreux, il fit de même, avec ce qui me semblait quelques secondes de latence.

Quand mes doigts touchèrent mon reflet, je sentis de la matière envelopper ma main, puis mon bras, et mon épaule. J'étais comme aspiré, et en perdant l'équilibre, je passa littéralement de l'autre côté du miroir.


Ma tête cogna contre un sol glacial. Mes mains tâtèrent autour de moi, le temps que je reprenne mes esprits. La poussière se souleva autour de moi ; je toussota ; l'obscurité m'engloutissait ; aucun son ; je releva la tête péniblement, et me retrouva face au miroir. Il paraissait plus grand, plus imposant, et une certaine force s'en dégageait. Je me releva lentement, me remémorant ma chute.


Je suis... de l'autre côté ?


L'inquiétude s'empara de moi. Je regarda tout autour de moi, glissant des yeux sur chaque élément. La pièce était exactement la même que de l'autre côté, mais en bien plus sombre. Autre chose me dérangeait aussi... Je me détourna du miroir et me dirigea vers la porte. Elle s'ouvrit dans un grincement strident, et de l'autre côté se trouvait le couloir. Je me figea quand je vis que tout était inversé. Au lieu de rentrer par la gauche, la porte d'entrée était à droite, les escaliers à l'opposé... c'était la reproduction exacte du lycée, dans l'autre sens.


J'étais encore dans mes pensées, quand un frisson me remonta dans le dos. Je n'arrivais pas à me retourner, et pourtant, je sentais une présence derrière moi...

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1 commentaire

Clem_BOOKs

-

Il y a 4 mois

À jour :)
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