Fyctia
Chapitre 11 (1)
Je n'ai rien contre les chèvres. Vraiment, ce sont des créatures adorables et plus intelligentes que ce que l'on croit. Mais leur faisselle ? C’est une abomination. J’ai beau être tolérant, ça ne passe pas. Et pour aggraver le tout, je n’ai même pas osé me lever pour ajouter un peu de sucre à cette infâme mixture, trop préoccupé par la présence du sosie de Geralt de Riv qui, lui, n’a pas hésité à me scruter avec insistance. Pourquoi ? Mystère. D’accord, j’ai un visage correct (fée oblige), mais de là à attirer autant l’attention… Je suis loin d’être aussi magnifique que ma sœur Morgane. Ou que Maman.
À bout de patience et de courage, je décide finalement de jeter ce reste de faisselle. Pardon à la chèvre qui s’est donné du mal pour produire ce lait, mais il est hors de question que je continue ce supplice.
Je me lève et sors de la cantine presque en courant, trop heureux d’échapper à ce regard perçant. Sauf que… j’ai oublié mon sac au pied de ma chaise. Bravo Vivien. Encore un exploit à ton actif.
Hop, je rebrousse chemin, évitant soigneusement de croiser à nouveau le regard de Geralt bis. Mais je sens sa présence comme une chaleur brûlante derrière moi. J’espère que mon visage n’est pas aussi rouge que je me l’imagine. Je récupère mon sac et sors encore plus vite, les joues résolument en feu.
D'après mon emploi du temps, je commence par un cours de maths commun à toutes les espèces. Les matières spécialisées (magie féerique, dans mon cas) ne commencent qu’après le déjeuner. Cela me laisse un petit répit où ma nature ratée ne sera pas un handicap.
En rejoignant le bâtiment principal, je remarque quelque chose qui me fait tiquer. Geralt bis avance à quelques mètres derrière moi.
Zut de zut.
Je m'engage au hasard dans un couloir sur la droite plus étroit et dépourvu de fenêtres. J'imagine qu'il finira bien par m'amener quelque part. Avec un peu de chance, ce sera ma salle de mathématiques.
Les pas continuent derrière moi. Je risque un coup d'œil. Le loup me suit toujours. Mes narines palpitent. Son odeur de chien mouillé est moins forte, mais elle est bien là. Je retiens difficilement un éternuement. Super. Il est tout à fait pénible d'être allergique à certains de ses camarades de classe. Surtout comme le camarade de classe en question se met en tête de vous coller.
Exaspéré, je m’arrête net et me retourne.
— Je te prierai de cesser de me suivre, je dis d’une voix qui se veut ferme, mais qui tremble légèrement.
Son sourire étincelant me désarme. Certes, je n'espérais pas impressionner un alpha, avec mon moins d’un mètre soixante (à supposer que je n'ai pas grandi depuis la dernière fois que je me suis mesuré, c'est-à-dire il y a trois jours). J'espérais tout au moins le déstabiliser un peu. Autant dire que c'est complètement raté. Geralt bis paraît plus sûr de lui que jamais.
— Je ne cherche nullement à te suivre, garçon fée, a-t-il le culot d'affirmer. Il se trouve simplement que nous allons au même endroit. Ma direction n'a donc rien à voir avec ce fameux incident de la douche que j'ai fait disparaître de ma mémoire.
Je cligne des yeux.
— Oh... Tu as cours de maths avec M. Markovitch ?
Son sourire réapparaît.
— En effet. Nous aurons donc le plaisir de nous côtoyer pendant ces deux heures qui s'annoncent palpitantes.
Je me creuse les méninges pour trouver une réplique mordante. Rien ne vient. Le vide total. Finalement, je reprends ma marche sans un mot.
Bon sang ! En plus, ce type est dans ma tranche d'âge. Je n'aurais jamais cru qu'il n'était qu'en seconde. Ce qui veut dire que je vais me le coltiner dans tous les cours communs. Comment parviendrais-je dans ces conditions à oublier l'incident de la douche ? Et s'il me prenait à nouveau la lubie de l'embrasser ?
— Es-tu certain que nous allons dans la bonne direction, d'ailleurs ? me demande soudain le loup. Parce qu'il me semble que tu te diriges avec détermination vers les dortoirs des filles, garçon fée.
Je m’arrête net. Geralt bis me rentre dedans. Il me collait de près, comme un chien dominant suit son maître. Une décharge électrique traverse mon corps au contact. Pas forcément désagréable, à mon grand désarroi. Je m’écarte aussitôt, essayant de reprendre mes esprits et, surtout, d’éviter d’aggraver mon allergie.
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cedemro
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Herrade_Riard
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Anthony Dabsal
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M.B.Auzil
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Il y a 6 mois