Fyctia
Chapitre 1 (1)
Splatch !
Un choc brutal m’arrache à mon sommeil. En une fraction de seconde, un véritable déluge s’abat sur moi. L’eau glaciale s’écrase sur ma tête, ruisselle sur mon visage, trempe le haut de mon pyjama, mon oreiller, mon matelas.
Mon corps tout entier se tend dans un réflexe instinctif. J'ouvre grand les yeux et les referme aussitôt, aveuglé par une lumière crue qui me transperce les paupières.
— Qu'est-ce que... ? je bredouille, encore à moitié endormi.
Je recrache quelques gouttes qui en avaient profité pour s’introduire entre mes lèvres.
Je me redresse avec maladresse. Une nouvelle vague dévale de mes cheveux jusqu’à ma nuque. Je frissonne de la tête aux pieds en réprimant un glapissement. La peau nue de mes bras se couvre de chair de poule. J’ai l’impression que le froid s’infiltre jusqu’à mes os.
— Debout Vivien ! s'écrie une voix au-dessus de moi.
Les paupières à moitié closes, je lève aussitôt la tête si vite que je me fais mal à la nuque. Mélusine, mon abominable petite sœur, me fixe depuis le plafond, des gouttelettes au bout des doigts. Évidemment. C'est à elle que je dois cette douche impromptue.
Je pousse un grognement excédé en mettant une main devant mes yeux, toujours ébloui.
— Mélu !
Flop flop flop flop flop.
La petite peste se met à voltiger au-dessus de moi, très contente d'elle-même. Ses ailes s'agitent dans tous les sens et elle va même jusqu'à effectuer un looping aérien, un exploit étant donné l'exiguïté de l'espace disponible.
— Maman a dit que je devais te tirer du lit, braille-t-elle avec enthousiasme, la tête en bas.
Ses longues boucles brunes me frôlent.
Je cligne plusieurs fois des paupières, mal réveillé, et essuie d'un geste de la main mon visage trempé. J'ai horreur d'être réveillé en sursaut, surtout pendant les vacances. Et encore plus le dernier jour du mois d'août, soit la veille de la rentrée, quand c'est le moment ou jamais de faire le plein de grasses matinées.
Je pointe le sol du doigt.
— Redescends ! j'ordonne à ma petite sœur sur mon ton le plus sévère. Tu ne dois pas utiliser tes ailes ici. Et si un voisin te voyait ?
Bien entendu, elle m'ignore, trop occupée à glousser comme une folle.
Je lance mon oreiller en l'air et le frappe comme pour réaliser un service de volley. Un couinement satisfaisant m'apprend que j'ai atteint ma cible. Mélusine prend tout juste le temps de me jeter un regard indigné avant de filer à tire d'aile hors de ma chambre en laissant derrière elle une traînée de gouttes sur mon parquet, à la manière d'un gros escargot.
— Maman ! s'époumone-t-elle à travers la cage d'escalier. Maaaaman, Vivien m'a lancé un coussin dessus !
Flop flop flop flop.
Je me laisse tomber sur le dos pendant que la voix lointaine de ma mère s'élève.
— Mélusine, je t'ai déjà dit cent fois de ne pas voler dans la maison.
— Mais Maman ! Il...
Quelqu'un doit ensuite fermer une porte, car je n'entends pas la suite des récriminations de ma petite sœur.
Je m'étire en poussant un grognement. Impossible de me rendormir, avec mon matelas trempé. En plus, la lumière estivale inonde ma chambre, projetant des éclats dorés sur les murs. Je ne pense jamais à fermer mes volets.
Je me redresse une nouvelle fois en grimaçant. Un picotement soudain et désagréable se fait sentir entre mes omoplates. Ces derniers temps, une douleur étrange et fugace me prend parfois à cet endroit. J’ai eu beau me contorsionner plusieurs fois devant mon miroir, je n’ai rien vu qui pouvait la justifier. D’ailleurs, elle disparaît toujours au bout de quelques secondes. Sans doute n’est-il pas nécessaire de m’en inquiéter.
Je m’accorde un moment pour pousser un long soupir. Puis, une jambe après l'autre, je m'extirpe de mon lit, de mauvaise humeur alors que la journée n’a même pas encore commencé. Mon dos est encore un peu raide.
Je me débarrasse de mon haut de pyjama trempé et attrape un autre t-shirt abandonné sur une chaise, celui avec la tête de Geralt de Riv, le héros de The Witcher. Maman me l'a offert pour mon dernier anniversaire. Il est trop cool et collector puisque le vendeur de la petite boutique dans laquelle elle l'a trouvé lui a affirmé qu'il n'avait été produit qu'en un petit nombre d'exemplaires.
Je me cogne les coudes contre une cloison en l'enfilant. Ma chambre est si petite que je peux presque toucher les murs opposés en tendant les bras. Cela dit, je ne m'en plains pas, parce qu'elle me permet d'avoir un espace rien qu'à moi. Pendant douze ans, j'ai dû partager une pièce avec ma sœur Morgane, sous le prétexte douteux que nous avions squatté le même ventre pendant neuf mois. Je n'ai donc que quelques pas à faire pour atteindre la porte, déboucher au sommet des marches et claquer la porte derrière moi.
93 commentaires
Janikest
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Il y a 4 mois
Herrade_Riard
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Il y a 4 mois
cedemro
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Il y a 5 mois
Herrade_Riard
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Il y a 5 mois
Anthony Dabsal
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Il y a 5 mois
Herrade_Riard
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Il y a 5 mois
Krrkippaal
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Il y a 5 mois
Herrade_Riard
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Il y a 5 mois
Fanny Nohal
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Il y a 5 mois
Herrade_Riard
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Il y a 5 mois