La_petite_plume LE JEU DU RENARD Chapitre 8

Chapitre 8

Devant les caméras, Le Renard fit son entrée dans une tenue cérémonieuse. Sa tenue était une pièce majestueuse qui semblait lui conférer à la fois puissance et élégance. La veste, d'un vert profond, ornée de délicates broderies dorées, descendait jusqu'à ses genoux, lui conférant une allure presque royale, captivant immédiatement tous les regards. Chacun de ses mouvements était empreint d'une élégance naturelle, chaque regard étant marqué d'une sorte de pouvoir magnétique.


Il semblait si détaché et invincible au milieu de nous tous, alors que certaines proies, dont Jean pourraient aisément lui trancher la gorge.


Peut-être qu'avec un effet de surprise...


Me voilà encore en train de penser à sa mort imminente. Mais c'est plus fort que moi, dès qu'il entre dans mon périmètre, la colère prend le dessus. Au début, c'était de la peur, s'en est toujours mais elle s'est peu à peu mêlée à une haine grandissante, provoquant un mélange émotionnel qui me pousserait à faire des choses que je ne me crois même pas capable.


— Bonjour tout le monde, cela fait deux semaines et un jour que les entraînements pour les jeux ont commencé. Il serait long de vous présenter chacune des soixante proies. Elles auront leur temps un peu plus tard. Laissez-moi vous montrer leur entraînement visant à les aider à gagner leur survie et peut-être que nous ferons un zoom sur celles qui sont vraiment intéressantes. Et qui pourraient vous faire gagner les paris.


Je croisai les bras face à son audace déconcertante. Je le scrutais alors qu'il jouait son rôle avec une maîtrise parfaite, observant ses moindres gestes. Je le fixais, peut-être plus intensément que je ne le devrais. Malgré la teinte de haine qui imprégnait mon regard, je réalisais que je ne pouvais me résoudre à détourner les yeux de lui. Et quelque part, je savais qu'il appréciait cela. Un regard furtif de sa part, un léger étirement des lèvres, et je me sentais pris de nouveau entre la peur, la colère et un désir irrépressible de le défier.


Léa saisit un arc et décocha une flèche. La caméra sembla capturer cet instant où son tir parfait atteignit le centre de la cible. Ensuite, on nous invita à passer une par une pour démontrer notre niveau. Mon tour arriva rapidement. Je saisis l'arc d'un geste peu assuré et tentais de bien me positionner. Je bandai la corde et visai le centre de la cible. Je tirais me persuadant que ça irait sûrement. Malheureusement, la flèche ne parcourut que quelques mètres avant de retomber au sol. Des moqueries et des rires fusèrent, venant à la fois des autres participants et de la majorité des loups derrière nous, observant la scène derrière la vitre qui nous séparait, ainsi que du Renard, bien évidemment.


— Et bien elle ne fera pas long feu, elle ne sait même pas tenir un arc, se moqua le rouquin.


Les rires reprirent de plus belle, mais je ne me laissais pas abattre. J'aurais pu pleurer, aller me cacher, mais la haine et la colère grandissante étouffaient toute vulnérabilité, toute fragilité. Tout ce que je voulais à cet instant, c'était de viser cette flèche entre ses deux yeux. Je réarmais mon arc d'une seconde flèche. Je me résignais à avoir le Renard pour cible humaine, tenant un peu trop à ma vie, et recalibrais sur les cibles d'entraînement. Malgré toute la volonté que je voulais mettre dans ce tir pour faire fermer à tous leur clapet, mon coude flanchait sous le poids de l'arc, je n'avais pas assez de force. Alors que je sentais que j'allais de nouveau me ridiculiser, une main vint soutenir mon bras et je sentis un corps juste derrière mon dos. J'entendis des offuscations et des exclamations alors que je perdis soudainement ma capacité à respirer.


— Concentre-toi sur la cible.


Cette voix, jusqu'alors inconnue pour moi, figea mon corps dans une paralysie soudaine, alors que je sentais le poids de son regard peser sur moi, imprégnant l'atmosphère d'une aura oppressante. Je savais, sans l'ombre d'un doute, que c'était celui qui m'avait désigné comme sa proie. Celui qui allait chasser et se délecter de ma détresse jusqu'à ma fin.


Qu'est-ce qu'un loup faisait à l'entraînement des proies ? Et pourquoi il m'aidait alors que j'avais vu dans son regard ce désir de me tuer ?


— Baisse un peu le bras, ne vise pas si haut. Ca te demandera moins de force et de toute façon, tu ne seras pas autorisée à tuer une fois les jeux commencés. Tu devras viser les pattes pour blesser, ralentir ton prédateur. Vise les pieds de la cible, me murmura-t-il.


Personne ne parlait. Je tentais de me détendre un peu et m'autorisais à respirer à nouveau comprenant que je n'allais pas mourir dans les prochaines secondes. Je fis exactement ce que le loup disait, j'écoutais ses conseils de placements, sa main posée sur mon bras pour m'empêcher de trembler, son autre main tournant un peu ma taille pour mieux me diriger.


— Tire un peu plus... Là, c'est bon. Maintenant lâche.


En écho à ses paroles, je lâchai la flèche qui virevolta à toute vitesse et qui vint se loger dans le pied de la cible. Je ressentis une grande satisfaction et une grande fierté, une douce chaleur s'étant rependu dans tout mon corps. J'avais réussi ! Les autres se moquèrent encore, disant que j'avais raté la cible et que je devrais peut-être avoir des lunettes pour voir mieux, sans comprendre que j'avais visé exactement là où je voulais, et le loup derrière moi était le seul à ne pas rire, ainsi que... le Renard.


Je me tourne vers celui qui m'a aidé, puis vers le maître du jeu, qui affiche un air sévère. Il fait signe aux caméras de filmer ailleurs. Il se rapproche de nous, avant de jeter un regard menaçant au loup qui se tient à mes côtés.


— Qui t'a permis de sortir des rangs ? Les prédateurs n'ont pas l'autorisation d'être en contact avec les proies avant les jeux, questions de sécurité !


— Je ne crois pas lui avoir fait de mal à ce que je sache, répondit le brun avec désinvolture, Il fallait que quelqu'un lui montre.


Il eut un sourire sadique qu'il me lança.


— J'aimerais pouvoir être celui qui la tuera, j'aimerais qu'elle sache se défendre contre les autres loups s'ils l'attaquent, renchérit-il.


Je ne dis plus rien, désormais terrifiée. Il prit ma main entre ses doigts et embrassa la paume avant de me faire un clin d'œil.


— Ton sang, sent divinement bon. J'ai hâte d'y goûter, Harper.


Puis il s'en alla rejoignant les autres, sous le regard amusé du Renard qui semblait moins énervé.


— Bien, on dirait que tu t'es fait un ami.


— Il sera celui qui me tuera, dis-je dramatiquement, Je le sens jusque dans mon âme, comme un lien, une petite voix de banshee qui hurle mon prénom à mon oreille lorsqu'il est près.


— Tu t'inquiètes donc plus qu'il ne te tue que moi ?


Je lui lance un regard.


— Tu pourrais me tuer, mais c'est lui qui me tuera.



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5 commentaires

Nawel M

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Il y a un an

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