La_petite_plume LE JEU DU RENARD Chapitre 4

Chapitre 4

Il sortit de la pièce, ses mots me laissant perplexe. J'enfilai des sous-vêtements et mon uniforme blanc qui était loin d'être affreux, mais je n'aimais pas ce qu'il représentait : le fait que toutes les proies soient en blanc, pour exprimer l'innocence et la pureté, soulignant la vulnérabilité des proies face à leurs prédateurs, donnaient un aspect réellement malsain.


Deux gardes me ramenèrent à ma cellule.


— On a apprécié son petit tour ? fit Jean.


Jean était blonde, assez musclée, avec une coupe à la garçonne, et était dans la cellule au-dessus de la mienne. Pour une raison obscure, elle ne semblait pas m'apprécier et me charriait dès qu'elle en avait l'occasion. Je lui montrai ma nouvelle cicatrice pointant mon doigt vers mon front qu'elle observa à travers la vitre de sa cellule.


— Ah ouais, il ne t'a pas ratée, souffla Breanne.


— J'ai entendu l'infirmière quand elle était en train de la recoudre. Apparemment, elle s'est pris un arbre ! fit Marie.


J'entendis plusieurs rire.


Breanne et Marie formaient un duo tumultueux. Breanne, surnommée Brea, manquait cruellement de tact, tandis que Marie était la commère de service, à l'affût de toutes les rumeurs. Dès qu'il se passait quelque chose d'intéressant, Marie était toujours la première informée. Originaire de la cité de l'Écho, un quartier regroupant tous les médias imaginables : presse, paparazzi, radio, télévision, et bien plus encore. Certains résidents de la cité des Échos étaient même réputés pour leurs talents de détectives privés, comme le père de Marie, qui exerçait dans ce domaine. Malgré cela, elle a toujours affirmé haut et fort que ce n'était pas un métier qui l'intéressait et qu'elle se verrait bien jouer de la batterie à la cité des Arts, avec son amie Brea qui, elle, jouerait du piano. Il me semble qu'elles envisageaient, dans leurs rêves les plus fous, de monter un groupe.


— En fait, ce n'était pas un arbre. Je me suis vaillamment battue, ils étaient cinq, j'étais toute seule, et un garde m'a donné un coup avant de me ramener ici. me défendais-je.


— Mensonge, remarqua une fille brune aux cheveux bouclés.


— Notre détecteur à parlé, renchérit Brea.


Je ne connaissais pas son nom, mais d'après Marie, c'était un "détecteur de mensonges sur pied". Cette fille parvenait à détecter le moindre mensonge, la moindre vérité. Comme si elle lisait chaque expression de nos visages, remarquait le moindre indice dans le timbre de voix.


— Donc, elle s'est pris un arbre et la revoilà parmi nous. Pathétique, renchérit Jean.


Le garde me poussa, vu que je m'étais arrêtée au milieu de la pièce pour discuter. Il referma la porte de ma cellule derrière moi. Je m'assis sur ma chaise et fis la seule chose à faire dans cette maudite cellule : dessiner sur un bout de papier.


Alors que certaines dessinent, écrivent, font des stratégies de jeu, notent des connaissances de survies, moi, c'est une autre stratégie que je planifie : mon évasion. Je griffonnai le chemin que j'avais emprunté pour filer plus tôt. Mais mon esprit partait ailleurs. Je me mis à dessiner la fleur posée dans le pot en verre au milieu de la table devant moi. C'étaient des fleurs Amaranthes. Amaranthus cauda-truc, je ne sais plus trop, c'est Lyse qui avait jugé bon de me parler de cette seule note de couleur présente dans nos cellule. Elle m'a parlé du lien de la plante avec le renard dans une ancienne histoire, légende ou quelque chose comme ça.


Je me mis à gribouiller les feuilles vertes et tendre et ses longs épis pleureurs rouges. Ces plantes sont remplacées tous les jours, sinon j'imagine qu'elle serait déjà morte, qu'elle périrait jour après jour un peu comme nous.


Le lendemain, il sonna rapidement dix-sept heures et la cavalerie pénétra dans la tour. Nos portes se déverrouillèrent automatiquement et tout le monde se mit en rangs, et nous rejoignîmes tranquillement la salle d'entraînement. Cela faisait deux semaines que nous fréquentions cette salle tous les jours. C'était une immense pièce, blanche, pour changer, avec une grande hauteur sous plafond. Un mur était vitré et laissait entrer une lumière naturelle depuis le patio. La salle était composée d'un immense mur d'escalade prenant toute une longueur. Une partie de la salle était dédiée aux athlètes, une piste de course, de cross. Le toit s'ouvrait sur cette partie-là et laissait l'air frais aérer naturellement la pièce.


Je comprenais de moins en moins pourquoi le Renard avait décidé de laisser les proies s'entraîner avant les jeux alors qu'il n'était pas trop difficile de comprendre qu'il ne souhaitait pas réellement que l'une d'entre nous survive. Car si les proies sur lesquelles les cités ont misé et parié meurent, alors l'argent revient à la cité suprême, à son dirigeant et à ses héritiers, et donc revient au Renard, finance ses jeux, les armes sûrement, le salaire qu'il paie à la cavalerie.


J'ai un endroit. Un coin dans la salle d'entraînement où j'aime bien me cacher pour qu'on me laisse tranquille et pour éviter l'effort physique. De toute façon, je suis à peu près nulle en tout, alors me planquer est une façon de ne pas être humiliée. Mais cette fois-ci, je ne voulais pas me cacher, je ne voulais pas me terrer dans mon coin à tenter de comploter toutes sortes de stratégies pour m'enfuir.


Aujourd'hui, je décidai de m'entraîner. Le jour du jeu approchait, le Renard m'avait menacé de façon terrifiante : si je ne l'impressionnais pas, il me ferait subir des tourments inimaginables. Et je comprenais, désormais, que je devrais être plus entraîné si je voulais espérer m'enfuir. Oui, c'était le but de son jeu, mais pour moi, c'était bien plus que ça. Mon objectif n'était pas seulement d'échapper au loup, mais surtout d'échapper au Renard lui-même.

Il n'avait pas encore saisi cela, heureusement pour moi, sinon il m'aurait déjà tué. Les loups et le Renard n'étaient que des représentations métaphoriques dans ces jeux absurdes. Mais même si cela n'allait pas jusqu'au cannibalisme, il restait une menace très réelle : il pouvait me blesser, voire me tuer. J'avais entendu des récits terrifiants sur certains prédateurs qui égorgeaient leurs proies pour répandre le sang. Cela attirait les autres loups et permettait au tueur de les utiliser pour détourner l'attention des autres. Il n'y avait pas d'alpha dans ces jeux, ni de meute. C'étaient des loups solitaires, chacun pour soi, prêts à tout pour leur survie.


Pour la plupart, l'objectif étant d'impressionner les seigneurs des cités qui regardaient les jeux, afin d'avoir la chance d'être recruté dans la garde de leur choix.


Échapper au loup jusqu'à la fin signifiait gagner la partie : la victoire libérait la proie, la propulsant au rang de célébrité, de richesse, un peu comme une reine. Échapper au Renard, selon moi, signifierait ne pas avoir à gagner. Ne pas à avoir à jouer selon ses règles. J'avais plus de chance comme ça. Quitter les jeux, partir de cet endroit, trouver ma propre liberté, disparaître.

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13 commentaires

SterennCn

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Il y a un an

J'ai besoin de la suite 🥲

sharlene93

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Il y a un an

Cependant il y a quelques passages un petit peu « compliqués » à comprendre où on ne comprend pas vraiment si tu parles des proies ou des loups mais sinon, à part ça j’aime beaucoup. Tu nous montres directement le caractère indomptable du personnage (c’est quoi son prénom d’ailleurs j’ai oublié 😭). Tu nous donnes envie de savoir de quelle manière elle compte échapper au Renard et à ses jeux et quel sort il lui réserve pour ça. J’ai hâte d’en apprendre plus sur lui et entendre la « légende » que Lyse a racontée son sujet ET SAVOIR POURQUOI CE PSYCHOPATHE FAIT ÇA!!! Ça se voit il est tombé sur la tête à la naissance c’est pas possible d’être sadique comme ça

sharlene93

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Il y a un an

J’adoreeee!!!! Je veux la suite Madame en faite 😍😍
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