La_petite_plume LE JEU DU RENARD Chapitre 5

Chapitre 5

Je parcourais la salle d'entraînement sans pour autant débuter une activité. Certaines proies s'entraînaient à l'athlétisme, à la course et au saut. D'autres apprenaient à fabriquer des pièges ou à survivre dans la nature. Lyse, plongée dans ses livres, absorbait autant de connaissances que possible sur la faune et la flore. Elle m'avait rapidement expliqué en quoi cela lui serait utile, mais je ne me souvenais plus des détails. Elle semblait vraiment passionnée lorsqu'elle partageait ses informations, et au début, ça m'intéressait vraiment. Cependant, je ne suis pas le genre de personne qui arrive à rester concentrée longtemps sur quelque chose, et je perds souvent rapidement le fil de la discussion. Ma mémoire n'est pas la plus fiable non plus. Combien de fois ma mère a-t-elle tenté de me faire apprendre mes cours d'histoire pour que, quelques heures plus tard, j'aie tout oublié.


Continuant à explorer les différents ateliers d'entraînement, je m'approchai de celui destiné au camouflage où les filles apprenaient à se déplacer discrètement, sans faire de bruit, ou à se fondre dans le décor.


Ensuite, je me dirigeai vers une des filles qui était seule, un peu à l'écart du groupe. Elle était grande, avec les cheveux aussi noirs qu'une nuit sans étoiles. Je ne pouvais pas dire si elle était là par choix ou non. J'avais appris par Marie qu'elle venait de la cité des arts.


Cette fille se tenait immobile, les bras croisés devant une vitre, silencieuse. Je me plaçai à ses côtés et remarquai de plus près son tatouage sur son bras portant l'inscription "one of two". J'imaginais que sa moitié devait l'attendre quelque part hors de ces murs. Un autre symbole, mystérieux, était situé juste en dessous, mais je ne parvenais pas à comprendre ce qu'il représentait.


Je suivais son regard et compris ce qu'elle observait de l'autre côté du patio : un groupe d'hommes, sûrement les loups, qui étaient également en train de s'entraîner. Certains avaient des corps très athlétiques, à en faire rougir lorsqu'ils passèrent leur haut au-dessus de leur tête. D'autres étaient plus fins mais semblaient mortellement plus dangereux. Je vis un brun saisir un arc. Son tir était parfait et se logeait en plein milieu de la cible. Un autre, à la peau mate, était assez beau, je ne peux pas le nier, brun, grand, musclé. Il donna un coup de poing dans le sac de sable qui bougea, si ça avait été moi, ma mâchoire se serait sûrement décrochée de mon visage. Il y avait un blond, fin, aux yeux d'un rouge vif, qui avait des sortes de bout de doigts métalliques formant des griffes. Je le vis avec un calme étrange dessiner un symbole sur ce qui me semblait être du bois. J'imaginai bien une de ses griffes graver ma peau jusqu'au sang, jusqu'à égratigner mon cœur.


Je compris ce que faisait cette fille. Elle avait trouvé son propre atelier d'entraînement, celui d'analyser l'adversaire. C'était malin. Ça plairait sûrement au Renard. Je voyais dans son regard brun, un fin esprit stratège. Son nom me revint soudain à l'esprit.


Léa.


Elle s'appelait Léa.


Je sentis un regard sur moi me procurant un frisson qui me transperça. Je tournais la tête lentement vers un autre des loups. Il n'était pas le plus musclé de son groupe, mais je pouvais quand même voir la forme de ses abdos moulés par son débardeur noir.


Noir.


Ses iris l'étaient également, comme ses cheveux ainsi que ses ongles. Il me regardait intensément, mais pas de la manière dont on voudrait être regardé. J'avais l'impression qu'il tentait de me marquer. Je soutenais son regard, même si mille sentiments désagréables me traversaient, il semblait calculateur et dangereux. Le sourire qui se dessina sur ses lèvres semblait des plus cruels.


Mes mains vinrent frotter doucement mes bras. J'avais peur, j'avais l'impression que naissait chez lui, cette envie de me tuer en premier, de me prendre en chasse personnellement et de me courir après jusqu'à m'avoir entre ses griffes pour me tuer et m'arracher mon cœur.


Ça deviendrait une obsession ; il aimerait sentir ma peau trembler sous sa dague.


Dague qu'il balança d'un coup dans la cible sans me quitter du regard. Je reculais, effrayé et je sentis des mains qui vinrent attraper mes bras. Je sursautais et me tournais rapidement, complètement alerte.


— Lyse, soupirais-je, rassurée.


Ses cheveux blancs, semblables aux teintes de la lune, étaient relevés en une queue haute. Elle avait dû quitter ses bouquins, car je remarquais une pellicule de sueur au niveau de sa nuque.


Elle me regardait d'un air grave que je ne lui connaissais pas. Elle, toujours optimiste et se voulant rassurante.


— Tu sembles avoir provoqué quelque chose de dangereux, s'inquiéta-t-elle.


Je devinais qu'elle parlait de ce loup.


— Qu-quoi ? Mais je n'ai rien provoqué, je n'ai rien fait !


Et c'était la vérité.


— Tu as soutenu son regard puis tu l'as laissé goûter à ta peur et ta fragilité, tu lui as comme lancé un défi. C'est déjà arrivé à des précédentes candidates. C'étaient elles, les premières à mourir.


— Tu es en train de dire que je suis fragile ? m'offusquais-je alors que je savais très bien que c'était la vérité.


— Tu sais ce que je veux dire.


— Je ne comprends pas...


— Harper. Ce genre de loup ne se contente pas de jouer avec leur proie ou de les torturer, ils…


Elle préféra ne pas finir sa phrase et, pour être honnête, je ne voulais pas qu'elle la finisse. J'avais déjà pressenti de quoi il était capable par ce lien indescriptible qui venait de se former.


Je me dirigeais vers la piste d'athlétisme, je devais courir, savoir enjamber les branches et ne pas me prendre les arbres. Mais ce que j'avais devant moi, c'était juste une piste. Je n'aurais pas ce sentiment d'adrénaline dans mes veines quand je me ferais attaquer. J'avais besoin de quelqu'un de dangereux qui me pourchasserait. Quelqu'un dont je sais qu'il ne me tuera pas avant que les jeux n'aient commencé. Quelqu'un que si j'arrivais à semer pour de bon, j'aurais gagné mon propre jeu.


Je regardais la sortie qui était bien protégée, puis le patio. Je m'approchais et toquais avec le dos de mon doigt. Double vitrage, je ne me vois pas passer à travers. Je sentis un courant d'air, et mes yeux se tournèrent vers la petite fenêtre, je pourrais m'y glisser. Je lançais un coup d'œil à la caméra, je savais qu'à cet instant, le Renard, nous épiait. Et qu'il prenait du plaisir à parier sur laquelle allait crever en premier, je savais que j'étais la première dans sa liste, et qu'il devait sûrement se demander comment j'allais mourir.


Je regardais à nouveau le loup qui m'observait toujours. Il me fit un clin d'œil et il ne m'en fallut pas plus pour jeter un dernier coup d'œil à la caméra et m'élancer à toute allure vers le mur.


— Et ça recommence, gloussa une des filles.


Je mis un pied sur l'appui de la fenêtre puis l'autre et me faufilai à travers. Je sautais de l'autre côté, c'était la pente d'un toit. Je me laissai glisser puis sautai sur le sol.


— Attrape-moi si tu peux.

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12 commentaires

lea.morel

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Il y a un an

on veut la suiiiiite

sharlene93

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Il y a un an

La suite!!!! Le renard va vraiment finir par câbler avec elle 🤣🤣

FleurAzur

-

Il y a un an

De fou 😭
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